Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Dimanche 14 Janvier 2018 2e dimanche ordinaire
Que cherchez-vous ?
2e dimanche du temps ordinaire : Où habite Dieu ? Où pouvons-nous le trouver ? Jésus répond : «Venez et voyez». Uun commentaire du Père Marcel Domergue, jésuite
Ils n'ont pas été sourds, les disciples qui ont entendu Jean Baptiste leur désigner Jésus. Il y a là rencontre de deux désirs, de deux recherches. André et son compagnon sont venus écouter Jean parce qu'ils sont en état de manque ; la situation d'Israël occupé par les romains, mais avant tout le sens à donner à leur propre vie, les ont mis en route. Mais ils ne sont pas les seuls à chercher. Leur recherche n'est que l'écho d'une autre recherche : celle de Dieu en quête de l'homme. Le «Adam où es-tu» de Genèse 3,9 retentit à travers toute l'histoire et à travers nos propres vies. Nous parlons sans cesse de «chercher Dieu», n'oublions pas que c'est d'abord Dieu qui nous cherche. Justement les deux disciples ne savent pas bien où ils sont, où ils en sont, mais voici que Jean leur désigne un homme qui va et vient au milieu des autres. Rien de particulier à première vue, mais cet homme est celui qui les cherche et qu'ils cherchent ; et les premières paroles qu'ils entendent de lui sont justement «Que cherchez-vous?» Que voulez-vous au juste ? Qu'attendez-vous de la vie ? L'évangéliste met alors dans leur bouche une question primordiale, qui hante toute la Bible : «Où demeures-tu?» Où habite Dieu ? Où pouvons-nous le trouver ? Jésus répond : «Venez et voyez». Il ne suffit pas d'entendre le témoignage de Jean, des envoyés de Dieu, il faut soi-même en faire l'expérience.
«Tu as ouvert mes oreilles» (Psaume)
Paul dira que la foi vient par l'audition, mais il ne suffit pas d'entendre, il faut encore s'ouvrir à la parole d'un autre. La réponse de Samuel (1re lecture) exprime bien cet accueil : «Parle, ton serviteur écoute.» Écouter est plus qu'entendre. Un enfant peut bien entendre un ordre que lui donne sa mère mais ne pas «écouter», c'est-à-dire obéir. Cependant la foi ne peut en rester à l'entendre et à l'écouter. C'est pourquoi le Psaume 40, après : «Tu as ouvert mes oreilles», ajoute «Alors j'ai dit : voici, je viens.» Venir, se déplacer : «Venez voir», dit Jésus à ses disciples. «Viens voir», dira Philippe à Nathanaël qui demande s'il peut sortir quelque chose de bon de Nazareth (verset 46, à la suite de l'évangile du jour). Ce premier déplacement ouvre la liste de quantité d'autres ; jusqu'au jour où «ils verront le ciel ouvert (donc fermé jusque-là) et les anges de Dieu monter et descendre au dessus du Fils de l'homme» (verset 51, souvenir de l'échelle de Jacob, Genèse 28,10-17) et, pour l'avenir, allusion à la résurrection. L'écoute de la parole conduit donc à la vue et la mention de la vue revient 10 fois dans ce passage. Ajoutons que nous vivons actuellement sous le régime de l'entendre, de l'écoute de la Parole. La vue est pour le jour où notre condition de fils de Dieu sera manifestée pleinement. Alors nous verrons le Christ tel qu'il est et nous lui deviendrons semblables (1 Jean 3,1-2).
"Tu es Pierre"
Dans l'Écriture, un changement de nom équivaut à un changement de destin, presque de nature. Désormais ce ne sera plus son hérédité de «fils de Jean» qui parlera en Simon et par lui, mais une autre hérédité, celle de fils de Dieu. En effet, pierre, ou rocher, est un titre du Messie, comme on le voit par exemple en Daniel 2,31-35. Cette mutation de Simon n'est pas un simple changement de métier ou de fonction. Nous voici ramenés à la question de la résidence de Dieu, abordée dans le premier paragraphe. L'habitation de Dieu parmi les hommes, c'est d'abord le Temple, que la Bible appelle souvent «la pierre, le rocher». Flou artistique, le rocher fondamental sur lequel on bâtit l'édifice finit par devenir l'édifice lui-même. Simon sera donc le nouveau Temple. Mais le Temple n'est qu'un symbole. Le Christ (Messie en hébreu) est celui qui a reçu l'onction, la communication de l'Esprit : Dieu habite en lui. Simon devient en quelque sorte un autre Messie, «semblable à lui». Cependant l'image du temple garde sa valeur, car la construction fait l'unité de matériaux divers. Nous lisons en 1 Pierre, 2,5 : «Vous êtes des pierres vivantes, laissez-vous construire en édifice spirituel » Ce qui est dit de Simon nous concerne tous, et Paul peut écrire (2e lecture) : «Votre corps est le temple de l'Esprit.» En fin de compte, le Temple nouveau, c'est nous tous constitués en Église.