Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
LA FRANCE DES GARES PERDUES
Chomérac, Canfranc, Ornano, La Beaume, Orsay…Autant de noms de gares rayées des cartes ferroviaires, disparues des billets de train et oubliées de la plupart des voyageurs. Aujourd’hui, le réseau ferré français compte 3 029 gares en activité, mais il en a compté jusqu’à deux fois plus.
Devant les effets conjugués du développement de la voiture individuelle et du transport aérien, le rail a réduit son intégration dans le territoire.
De fermeture de ligne en abandon d’arrêts, le désert ferroviaire a gagné du terrain dans tout le pays. A la campagne, mais aussi en ville et dans les faubourgs, ces fermetures ont touché tous les Français, ruraux ou citadins.
La mémoire de ces gares est relatée ici en 160 pages et, par ricochet, l’histoire des lieux et des territoires qu’elles desservaient.
Un peu de nostalgie donc, mais pas seulement, puisque ces gares, en perdant leur usage ferroviaire, ont parfois embrassé un tout autre destin…
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L’Ancienne Gare de Cahors
Voyageuse ! ô cosmopolite à présent
Désaffectée, rangée, retirée des affaires.
Un peu en retrait de la voie,
Vieille et rose au milieu des miracles du matin,
Avec ta marquise inutile
Tu étends au soleil des collines ton quai vide
(Ce quai qu’autrefois balayait
La robe d’air tourbillonnant des grands express)
Ton quai silencieux au bord d’une prairie,
Avec les portes toujours fermées de tes salles d’attente,
Dont la chaleur de l’été craquèle les volets...
Ô gare qui as vu tant d’adieux,
Tant de départs et tant de retours,
Gare, ô double porte ouverte sur l’immensité charmante
De la Terre, où quelque part doit se trouver la joie de Dieu
Comme une chose inattendue, éblouissante ;
Désormais tu reposes et tu goûtes les saisons
Qui reviennent portant la brise ou le soleil, et tes pierres
Connaissent l’éclair froid des lézards ; et le chatouillement
Des doigts légers du vent dans l’herbe où sont les rails
Rouges et rugueux de rouille,
Est ton seul visiteur.
L’ébranlement des trains ne te caresse plus :
Ils passent loin de toi sans s’arrêter sur ta pelouse,
Et te laissent à ta paix bucolique, ô gare enfin tranquille
Au cœur frais de la France.
(Valery Larbaud, Les Poésies d'A.O. Barnabooth, 1913)
http://garedeportation.bobigny.fr/52/accueil.htm
http://paris1900.lartnouveau.com/paris07/champs_de_mars/embarcadere_champs_%20de_mars.htm