Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Un été avec Paul Valéry / Régis Debray(rayon best-seller de la médiathèque)
Régis Debray
Edité par Equateurs , DL 2019
Adapté d'une série d'émissions diffusées sur France Inter durant l'été 2018, l'ouvrage présente un portrait de P. Valéry, son oeuvre poétique, sa réflexion puissante sur l'Europe. L'homme sensuel, amoureux de la peinture, des femmes et de la musique, est également évoqué
La grande bleue : plus qu’une mer, une culture et un tempérament. Une maîtresse à penser, mais aussi à sentir et à sourire, de soi-même et des autres. Une sorte de savoir-vivre légué aux riverains par les millénaires. Un art de ruser avec le malheur, pour se sortir d’un mauvais pas, sans monter aux extrêmes.
https://www.radiofrance.fr/les-editions/livres/un-ete-avec-paul-valery
http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2019/09/14/paul-valery-le-cimetiere-marin-6175962.html
p.18:
D'avoir semé des fleurs dans les trous de son nez
Me poursuit d'un zèle imbécile
Alors cerné de près par les enterrements
J'ai cru bon de remettre à jour mon testament
De me payer un codicille
Trempe, trempe ta plume, à mon vieux tabellion
Et de ta plus belle écriture
Note ce qu'il faudra qu'il advint de mon corps
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d'accord
Que sur un seul point, la rupture
Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson
Celles des titis, des grisettes
Que vers le sol natal mon corps soit ramené
Dans un sleeping du Paris-Méditerranée
Terminus en gare de Sète
Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf
Et d'ici que quelqu'un n'en sorte
Il risque de se faire tard et je ne peux
Dire à ces braves gens, poussez-vous donc un peu
Place aux jeunes en quelque sorte
Creusez si c'est possible un petit trou moelleux
Une bonne petite niche
Auprès de mes amis d'enfance, les dauphins
Le long de cette grève où le sable est si fin
Sur la plage de la corniche
Neptune ne se prend jamais trop au sérieux
Où quand un bateau fait naufrage
Le capitaine crie "Je suis le maître à bord!
Sauve qui peut, le vin et le pastis d'abord
Chacun sa bonbonne et courage"
A l'âge où s'amuser tout seul ne suffit plus
Je connu la prime amourette
Auprès d'une sirène, une femme-poisson
J'ai reçu de l'amour la première leçon
Avalait la première arête
Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris
Le bon maître me le pardonne
Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens
Mon cimetière soit plus marin que le sien
N'en déplaise aux autochtones
Ne donnera pas une ombre triste au tableau
Mais un charme indéfinissable
Les baigneuses s'en serviront de paravent
Pour changer de tenue et les petits enfants
Diront, chouette, un château de sable!
Planter, je vous en prie une espèce de pin
Pin parasol de préférence
Qui saura prémunir contre l'insolation
Les bons amis venus faire sur ma concession
D'affectueuses révérences
Tous chargés de parfums, de musiques jolies
Le Mistral, la Tramontane
Sur mon dernier sommeil verseront les échos
De villanelle, un jour, un jour de fandango
De tarentelle, de sardane
Une ondine viendra gentiment sommeiller
Avec moins que rien de costume
J'en demande pardon par avance à Jésus
Si l'ombre de sa croix s'y couche un peu dessus
Pour un petit bonheur posthume
Pauvres grands disparus gisant au Panthéon
Pauvres cendres de conséquence
Vous envierez un peu l'éternel estivant
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qui passe sa mort en vacances