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Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, La/Les religion(s)

Une bonne nouvelle en acte

  Avent dans la ville
S'arrêter, vivre une attente
Une bonne nouvelle en acte
 

Malheur à moi si je n'annonce pas l'évangile !

 

Première épitre au Corinthiens ch 9, v 16

Première épitre au Corinthiens ch 9, v 16

 
Soeur Claire-Marie Monnet
Couvent de Bruxelles
 
 
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La parole prophétique est un acte. Elle n’a rien d’un discours. Elle touche les auditeurs, Il y a un avant et un après. Elle change la situation, elle ouvre des perspectives, elle impose un choix. La parole prophétique est analogue à la parole créatrice. « Dieu dit… et il en fut ainsi ».

S’il faut des exemples, nous pouvons en dresser une liste, qui pourra être contestée bien sûr. On ne fera référence aussi qu’à des événements historiques exceptionnels alors que le prophétisme, le prophétisme de tous, est vivant à un niveau quotidien et dans des circonstances qui ne sont pas toujours d’exception.

Quand Jean XXIII convoque le Concile, il marque l’histoire de son siècle et plus encore. Quand Charles De Gaulle lance son appel du 18 juin, il provo­que une résilience nationale à contre-courant de tous les « réalistes » du moment. Nous ne développerons pas ce qu’ont fait, ce qu’ont dit Jeanne d’Arc, les deux Simone Weil, Anna Arendt. Mais quand une jeune fille de 16 ans apostrophe l’assemblée nationale française, n’y a-t-il pas là aussi quelque chose d’imprévisible et la manifestation d’une force qui n’est pas seulement naturelle ? Le message est simple, il est d’une puissance totale puisqu’il ne fait que rappeler l’urgence de la plus stricte réalité. On connaît les envolées électorales, les paroles bien choisies, faites pour charmer. Les prophètes ne parlent pas ainsi. Parler, pour eux, c’est agir. C’est ce que Greta demande aux députés : des actions et pas des applaudissements.

Pour nous aussi parfois, parler, c’est agir. Et nous le savons bien car nous avons peur de nous y risquer. Nous pouvons avoir le trac. Parler est un acte qui me fait "responsable" au sens où je dois rendre compte de ce que je dis. Ce que je suis, ce que je fais, donne leur poids aux paroles prononcées. Elles pèsent le poids de mon engagement.

La parole prophétique est un acte et elle désigne un corps. Car il y a quelqu’un qui parle. Quelqu’un qui s’expose.

La parole prend chair, une chair vulnérable, qui vibre et qui frémit, sur laquelle on va frapper, pour ne pas l’entendre, pour l’étouffer. Pour la faire taire, il faut tuer la chair qui la porte. « Qui cherchez-vous ? C’est moi, je suis ! »

Parler est un devoir, une vocation, une ordination, pour toutes, pour tous. Y renoncer serait plus que perdre sa dignité, ce serait comme refuser d’exister.

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