2020, continuons le combat !
La (très belle) couverture d’artpress ce mois-ci réunit, ce n’est pas coutume, deux artistes et raconte une histoire singulière : David Wojnarowicz (Mudam à Luxembourg) photographié par Peter Hujar (exposition au Jeu de Paume). Ils furent amants puis, et surtout, amis. Étienne Hatt, dans sa chronique, analyse le très subtil entremêlement de leurs œuvres affrontant les thèmes de l’homoérotisme et du sida, quand précisément surgit le militantisme homosexuel.
Autres fronts, autres luttes. Hans Haacke, présent dans le premier numéro d’artpress en 1972, car son exposition au Guggenheim Museum venait d’être censurée en raison de son contenu politique, s’entretient aujourd’hui avec Robert Storr, à l’occasion de sa rétrospective au New Museum, à New York, et revient sur son parcours de combattant au sein du monde de l’art. Tandis que Victoria Combalia rend compte de la très vaste exposition Féminismes ! au CCCB de Barcelone, panorama des pratiques artistiques féministes depuis les années 1970.
Nous n’oublions pas l’histoire. Dans son dernier livre, Primitivismes, une invention moderne, Philippe Dagen montre comment la découverte des "cultures autres", liée au colonialisme, a permis aussi, quand les artistes modernes s’en emparèrent, de lutter à la fois contre un ordre moral et contre le racisme. Quant à Laurent Perez, il a visité, au musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, la rétrospective de Käthe Kollwitz, grande figure d’un art engagé, s’il en fut.
Tout cela introduit par un éditorial de Jacques Henric qui constate que, hélas, nous n’en avons pas fini avec le combat contre les censures et appels à la censure, avec ce motif de désolation supplémentaire que la police morale est aujourd’hui diligentée par ceux-là même dont on s’employait à défendre les libertés : les mouvements féministes et les mouvements de défense des minorités sexuelles…
Également dans cette première livraison de l’année 2020 : les 30 ans des Archives de la critique d’art, Lars Fredrikson, Wolfgang Natlacen, une étude sur l’image photographique qui remet en cause la fonction de représentation, un cycle d'expositions Constance Nouvel qui se clôt au CPIF de Pontault-Combault, Frédéric Pajak, et une nouvelle rubrique consacrée à une "œuvre-clé" avec, ce mois-ci, Memorial Promenade de Rebecca Horn.
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