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Des mondes construits. Un choix de sculptures du Centre Pompidou

Constantin Brancusi, La Colonne sans fin III, avant 1928

Du 22 novembre 2019 au 23 août 2021

Lieu(x) : Centre Pompidou-Metz , Galerie 1
Catégorie : Expositions
BIENTÔT DISPONIBLE
Public : Tout âge

Dès le début du XXe siècle, une grande partie de la sculpture moderne s’inscrit en rupture avec la tradition, en choisissant la voie de l’abstraction. Il s’agit paradoxalement d’analyser le monde de façon plus objective et universelle : plutôt que de modeler la surface des choses, certains artistes comme les cubistes veulent en révéler l’organisation essentielle. Ils dissèquent leurs objets d’étude en lignes, volumes et plans.
Dans leur sillage, des sculpteurs de diverses avant-gardes baptisent leurs œuvres « constructions » ou « structures », optant pour une abstraction radicale, où prévalent la ligne et l’angle droits.
Si l’architecture industrielle nourrit ces tendances dites « constructivistes », parfois désireuses de produire des objets fonctionnels, la sculpture cherche aussi à redéfinir ce qui lui est propre : le rapport aux gestes, aux matériaux et surtout à l’espace, clairement structuré, voire modulable et dynamique, incluant le spectateur.
Les artistes modernistes veulent pour leurs sculptures une transparence et un équilibre qu’ils aimeraient voir transposés dans les structures humaines. Les pièces majeures de la collection du Centre Pompidou ici rassemblées interrogent l’éclosion de cette abstraction utopique, puis sa critique et, enfin, sa déconstruction contemporaine.

Commissaires : Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne, avec Jean-Marie Gallais, responsable du pôle programmation du Centre Pompidou-Metz et Hélène Meisel, chargée de recherche et d’exposition. 

 

 

Mécène fondateur :

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Avec la participation de MUSE
Logo Muse

 

Des mondes construits, dans la continuité de Phares, Musicircus et L’Aventure de la couleur, offre une traversée thématique, sur une longue durée, de la collection du Centre Pompidou - Musée national d’art moderne au Centre Pompidou-Metz. À travers une cinquantaine d’oeuvres phares, de Constantin Brancusi et Alberto Giacometti à Bruce Nauman, Rasheed Araeen ou Rachel Whiteread, ce quatrième volet, accompagné d’une médiation par l’image, explore les recherches sculpturales menées par les artistes du début du XXe siècle à nos jours.

Sans suivre un ordre strictement chronologique, le parcours aborde certaines des problématiques fondamentales de la sculpture, en déjouant les présupposés classiques : place du geste, présence, absence ou intégration du socle, invention et réinvention de la sculpture au-delà de la statuaire, du volume, de la gravité ou de l’immobilité. La diversité des œuvres et des courants représentés dans cet accrochage navigue à travers les possibles « paramétrages » d’un médium parfois repoussé vers ses confins : la sculpture graphique, à la limite du dessin, avec les silhouettes soudées de Julio González (Femme à la corbeille, 1934) ; la sculpture « hors sol » et dynamique avec les mobiles d’Alexander Calder (Fish Bones [Arêtes de poisson], 1939) ; la sculpture à la limite de l’architecture avec les Architectones de Kasimir Malévitch (Gota, 1923 / 1989), les empreintes monumentales de Rachel Whiteread (Untitled (Room 101) [Sans titre (Chambre 101)], 2003) ; ou encore la sculpture au bord de la disparition avec les effondrements simulés de Monika Sosnowska (Rubble [Décombres], 2008). Cessant d’être un objet, la sculpture bascule alors dans le « champ élargi » qu’a pu décrire l’historienne de l’art Rosalind Krauss, pour devenir une structure, une installation, un environnement, un site, une performance…

Dès le début du parcours, la grande gisante de bois taillée par Joseph Beuys dans un tronc d’arbre à peine équarri, et allongée au sol comme un sarcophage, incarne l’archaïsme anonyme des objets votifs (Nasse Wäsche Jungfrau II [Vierge au linge mouillé II], 1985). De la même manière, les monolithes assemblés d’Ulrich Rückriem évoquent l’art des tailleurs de pierre, allant des alignements mégalithiques aux bâtisseurs de cathédrales (Dolomit [Dolomie], 1982). La taille directe dans des matières brutes s’offre comme un point de départ, un geste primordial faisant l’économie de transformations superflues, pour servir des finalités sacrées. Plus loin, des structures de Robert Smithson (Mirror vortex, 1964), Donald Judd (Untitled [Sans titre], 1978) ou Gerhard Richter (6 stehende Scheiben [Six panneaux verticaux], 2002 / 2011) affichent au contraire une finition industrielle parfaitement usinée, des surfaces de verre, de métal ou de Plexiglas sans défaut. Tout aussi anonymes, ces sculptures minimalistes semblent être des prototypes sortis d’usine, produits par des machines plutôt que par la main : des objets sans geste, annonciateur d’autres cultes (technologiques, mercantiles ?).

Les paradoxes qui émaillent cet accrochage offrent une relecture contrastée d’un pan de l’histoire de la sculpture des XXe et XXIe siècles, en partant de l’histoire des formes, révélant des filiations tout autant que des discordes fertiles. Dans une salle dédiée à un célèbre duel esthétique opposant verticalité et horizontalité, cohabitent ainsi de manière exceptionnelle la Colonne sans fin III de Constantin Brancusi et un maillage métallique en expansion au sol de Carl Andre (4 Segment Hexagon [Hexagone de quatre segments], 1974). Grand admirateur de Brancusi – « [avant lui] la verticalité était toujours bornée : le haut de la tête et la plante des pieds étaient les limites de la sculpture. La sculpture de Brancusi dépasse sa limite verticale et continue au-delà de sa limite terrestre » – Carl Andre décidera néanmoins de « mettre à terre » la Colonne sans fin, en adoptant une horizontalité manifeste. L’accrochage se joue dans ces tensions qui redéfinissent sans cesse la sculpture moderne et contemporaine.

En introduction et conclusion de ce parcours, l’artiste Falke Pisano (née à Amsterdam en 1979) a été invitée à concevoir une installation inédite, conçue comme une « petite histoire de la sculpture moderne ».
Depuis le milieu des années 2000, Falke Pisano interroge les paradoxes de la sculpture moderne et contemporaine : une sculpture peut-elle être à la fois abstraite et concrète ? Une sculpture peut-elle devenir une conversation ? Les textes et conférences de l’artiste développent les problématiques qui lui sont chères – le langage, le corps, la perception ou le contexte. Ces recherches sont ensuite spatialisées dans des dispositifs pouvant accueillir des œuvres, des diagrammes, des affiches ou des projections aussi bien que des performances.

https://www.centrepompidou-metz.fr/des-mondes-construits-un-choix-de-sculptures-du-centre-pompidou

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