Ce jour-là, prenant la route, je tombe sur un panneau « Route barrée ». Si ce scénario vous rappelle quelque chose, vous connaissez la suite : demi-tour, déviation mal indiquée puis plus indiquée du tout, re-panneau, re-demi-tour, re-re-panneau, re-re-demi-tour… et de nouveau « Route barrée ». À bien des égards, notre monde ressemble à cela, n’est-ce pas ? Par exemple en ce qui concerne la crise écologique. Comment agir efficacement face au réchauffement climatique ? Route barrée ! Face à la détérioration des relations sociales et à l’inertie politique ? Route barrée ! On pourrait laisser là toute espérance au nom du « réalisme » ; on pourrait aussi tout attendre d’un sauveur dont les pouvoirs magiques résoudraient les problèmes en un clin d’œil. Jésus, lui, a ouvert et emprunté une autre voie. Il est passé dans le monde « en faisant le bien »* avec la force de sa prière confiante. Les attentes déçues de son peuple, les pleurs et les gémissements de la création tout entière, Il les a assumés. Il est allé jusqu’à traverser l’échec apparent de toute sa vie, la Croix. Et voici qu’Il nous provoque aujourd’hui : membres de son Corps, nous portons la responsabilité de prolonger son action sur notre terre. Beaucoup le suivent et nous précèdent sur cette route que nous avons décidé dans notre monastère d’emprunter pas après pas, soutenues et guidées par la prière. Nos cultures bio et nos lombrics ne sauveront peut-être pas la planète ; mais qui, à part Dieu, connaît la fécondité d’une action ? Alors, route barrée, ou sauvée par la croix ?
* Actes des apôtres, ch.10, v. 38
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