Devant un certain silence de Dieu, le mieux n’est-il pas de lui parler ? Non pas pour meubler un silence trop pesant, non pas pour me parler à moi-même en feignant de m’adresser à lui, mais en usant de ce privilège extraordinaire de pouvoir lui parler aussi simplement qu’un enfant parle à sa mère, qu’un ami parle à un ami. Parce que notre Dieu est ainsi, tout proche, à la porte de notre cœur. Me confier à lui dans la prière, le faire témoin de mes combats intérieurs, de mes élans vers lui, de mes rejets, de mes engourdissements ; lui dire mes désirs, mes passions, mes joies, pour m’ouvrir à sa joie. Sans projeter sur Dieu mes frustrations, mes échecs, mes déprimes et pour finir avec un Dieu sans joie. Dans ma prière, je cherche la parole juste, celle qui rend compte de ce que je veux faire de ma vie, une vie ajustée à ce que je sais de Jésus à travers les Écritures, cet élan vers le plus petit, cette attention à l’autre, cette capacité à aimer sans mesure. Face à cette exigence, je me découvre pauvre. Saint Jean me rassure : « Notre cœur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre cœur. »* Le monde de Jésus, son Royaume, est un repas fraternel. Je découvre une présence plus intime à moi que moi-même, et en même temps à distance parce qu’elle est la promesse même, l’exigence de tout amour vrai, dont la trop grande proximité consume. Parlez à Dieu pour mieux entendre sa réponse, parlez à Dieu pour mieux parler de lui. « Approchez-vous de Dieu, Il s’approchera de vous. » **
* Première lettre de Jean, ch. 3, v. 20 ** Saint Grégoire de Narek
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