Je regarde la vie du Christ. Toute sa vie, Il recherchera la dernière place, pour mieux rencontrer et servir ceux à qui personne ne parle, ni même ne regarde. Sa vie est si étroitement liée à celle de l’homme qu’on pourrait parler de communauté de destin. C’est ce qu’ont essayé de vivre à sa suite les saints de tous les temps dans leur solidarité avec l’humanité. Au cœur de nos différences, rencontrer l’autre, c’est percevoir l’égalité radicale qui nous réunit, c’est me permettre de reconnaître que je lui suis semblable, y compris dans la fragilité. Et cette perception d’une commune fragilité peut devenir la source d’une véritable solidarité. Toute sa vie, Jésus a été solidaire. Il a tout partagé : son père qui est « notre Père »*, sa vie, sa mort, « ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne »**, sa résurrection « je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée »***, son Esprit donné à la Pentecôte, à chaque baptisé, offert à qui l’accueille. Peut-être serions-nous tentés de dire, accablés par une telle générosité : « Moi, je n’ai rien demandé, je ne veux rien devoir à personne, à Dieu encore moins qu’à n’importe qui d’autre. » À vérifier… Le Robinson Crusoé de l’amour sur son île déserte, ça n’existe pas, c’est comme ça, on a besoin des autres et réciproquement. Aimer, c’est donner, sans calcul, sans rien attendre en retour que le bonheur du geste, et tous ceux qui pratiquent le don sous cette forme font partie de la même famille, qu’ils confessent ou non celui qui est la source et le sommet de ce don, Jésus.
*Evangile selon saint Luc, ch.11, v. 2-4 **Evangile selon saint Jean, ch. 10, v. 17-18 ***Evangile selon saint Jean, ch.17, v.22
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