La joie, c’est de ce côté-là qu’il faut chercher celui que notre cœur aime. Serait-ce sur le versant ensoleillé de la vie, dans la fête où l’on jette au feu sa robe de tristesse ? En un mot au banquet du Royaume ? Comme on aimerait ! Ce serait occulter le mal à l’œuvre dans le monde. Alors, quel contenu donner à la joie pour un disciple du Crucifié ? Quelle joie sur le visage de l’homme trahi, bafoué, abandonné de tous ? Le chemin de croix illustre le versant d’ombre de l’humanité, sa complicité avec le mal. Cette part de ténèbres qui pèse sur ma vie, comment s’en libérer, sinon en la regardant en face : suis-je pour quelque chose dans le malheur du monde ? Comment lutter contre ? Je vais reconnaître ma part non pas en raison de quelque complaisance malsaine envers la culpabilité et ses pièges, mais parce que faire la vérité dans ma vie libère. La joie, elle se donne dans une parole vraie. Nous apprenons à la recevoir, la joie, elle se gagne. C’est la leçon que donne François d’Assise à frère Léon, de fort méchante humeur d’avoir à voyager par le froid le ventre creux. Le poverello lui dit : « Allons nous réfugier auprès de ce couvent. » Le frère portier, les prenant pour deux vagabonds, leur claque la porte au nez. Et François de dire : « Là est la joie parfaite ! » Cette joie parfaite, il l’explique ainsi : « Se vaincre soi-même et supporter volontiers pour l’amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et incommodités. » La joie, sa vérité en Christ ressuscité, c’est de reconnaître que la vie que nous recevons de lui est belle, quoi qu’il arrive.
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