Récemment, j’ai changé de lunettes. J’ai découvert que si mes yeux étaient fatigués, c’est parce que ma vision était surcorrigée ! Il fallait donc baisser la correction pour améliorer ma vision. Souvent, nous nous heurtons à un monde dur et compliqué et nous pouvons être tentés de surcorriger le regard que nous portons sur lui. La vie est si âpre et nous espérons tant qu’elle soit si douce. Pensant la regarder dans la lumière de la foi, n’avons-nous pas tendance à la peindre en rose ? Dans l’Évangile, quand l’aveugle-né est guéri par Jésus, il voit qu’il est tout aussi rejeté et exclu de la communauté qu’auparavant. On fait son procès pour le traiter de menteur et même ses parents et sa propre famille le lâchent : autant dire que quand notre aveugle ouvre les yeux, il voit tout sauf la vie en rose ! Laisser le Christ nous ouvrir les yeux, c’est peut-être d’abord consentir à voir le monde tel qu’il est, souvent ténébreux, mais où la lumière parvient, malgré tout, à se frayer un chemin. Le paradoxe, c’est que pour avoir accès à cette lumière donnée par le Christ, les yeux de chair ne servent à rien. C’est l’expérience de notre aveugle. Guéri, c’est seulement progressivement qu’il va accéder à la lumière de la foi et reconnaître son Sauveur. Jésus n’est d’abord pour lui qu’un « homme »*. Il devient ensuite à ses yeux un « prophète »**. Enfin, notre ancien aveugle prend le risque d’être exclu en reconnaissant que Jésus vient « de Dieu ». Lorsque Jésus revient vers lui et lui parle, ses yeux s’ouvrent, comme une seconde fois : il reconnaît Jésus comme Messie et se prosterne devant lui. Nous aussi, nos yeux ne nous servent à rien si nous ne laissons pas le Christ les ouvrir par sa Parole. Les membres des Équipes du Rosaire avec qui vous allez cheminer cette semaine s’accueillent les uns chez les autres chaque mois, non pour prier un chapelet, mais pour partager avec Marie la Parole de son Fils. En laissant le Christ ouvrir leurs yeux par sa Parole, ils apprennent à regarder le monde avec les lunettes de Dieu.
*Evangile selon saint Jean, ch.9, v. 11 **Evangile selon saint Jean, ch.9, v.17
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