D’habitude, dans l’Évangile, c’est le malade qui demande à Jésus la guérison. Ici, c’est l’inverse. Jésus voit l’aveugle alors que celui-ci ne lui demande rien. Il gît à même le sol, lui dont on ne connaît même pas le nom. Il n’est que ténèbres aux yeux des hommes et peut-être même à ses propres yeux. Parce qu’il est aveugle, depuis sa naissance, il est accusé d’être pécheur. Les pharisiens sauront le lui rappeler : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance »*. Comment pourrait-il même demander la guérison celui qui est convaincu de payer sa dette à Dieu ? Et à qui la demander, puisqu’il ne connaît pas encore Jésus ? Pourtant il est regardé par Jésus. Jésus connaît l’enfermement dans lequel il est piégé. C’est pourquoi Il prend l’initiative d’aller vers lui et de le guérir. Quand Il met les mains dans la boue, Jésus ne donne pas une explication au mal qui atteint ce pauvre aveugle, Il ne cherche pas à justifier ce mal pour mieux s’y résigner, mais Il cherche à lutter contre ce mal en rejoignant celui qui souffre. Il le délivre de sa cécité et le mène à une libération intérieure. L’aveugle se lève, se met en marche et aura même le courage d’affronter les puissants pharisiens pour leur affirmer que Jésus son libérateur est de Dieu. Bien des fois, nous passons notre chemin sans nous retourner. Face à ce mendiant à même le sol, Jésus ne s’embarrasse pas des jugements qu’on lui adresse, mais Il fait quelque chose pour lui : Il le rejoint dans sa nuit pour le mener à la lumière. Il nous invite à faire de même.
*Evangile selon saint Jean, ch.9, v.34
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