« La boule de manioc n’est jamais trop petite pour être partagée », dit un proverbe vuté, peuple du centre du Cameroun. Les pauvres me l’ont appris, car même s’ils ont peu, il y en a toujours pour l’étranger. La vie n’est pas faite pour être gardée, mais pour être donnée, partagée avec les autres. Une parole étonnante de Jésus nous a été rapportée par Paul uniquement dans les Actes des Apôtres : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. »* Alors qu’il est en prison, Paul pourra dire : « Pour moi vivre c’est le Christ. »** Malgré sa captivité, il est heureux, car sa joie c’est de se donner pour le Christ. Elle ne vient pas d’une situation confortable ! Au-delà de son désir de rejoindre le Christ qu’il aime par-dessus tout, Paul découvre qu’il est préférable, pour le bien de la communauté, de rester au service de ses frères. Pour Paul, il est urgent de se souvenir de Jésus, de son visage, de son amour qui l’a poussé dès le début à proclamer le Royaume dans la proximité et la défense des pauvres, dans la solidarité avec les malades, jusqu’au don de lui-même. Jésus nous a demandé de faire mémoire de lui. En célébrant l’Eucharistie, nous sommes envoyés pour vivre une solidarité avec tous les hommes. Faire cela en mémoire de lui, c’est faire mémoire de l’amour de Jésus qui se livre et suscite en nous un amour identique comme réponse. Faire ce qu’Il a fait pour être comme lui et agir comme lui a agi. Notre propre vie devient Évangile vivant, Bonne Nouvelle pour les hommes.
*Actes des apôtres, ch. 20, v.35 **Epître aux Philippiens, ch.1, v. 21
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