-Bonjour… mademoiselle. Votre lettre m’a beaucoup touché.

-Bonjour, monsieur de Nerval. Elle était très sincère et venait du fond de mon cœur pour vous dire toute mon admiration. Je suis un peu… impressionnée.

-C’est moi qui le suis… tant de passion pour mon œuvre ; je n’ai pas toujours été compris…

-Monsieur, est-ce que je peux vous lire le poème que je vous ai écrit ?

- Bien-sûr, avec plaisir…

-Je voudrais être votre « fille du feu » qui cracherait une vérité qu’on ne peut éteindre.

Je serais aussi votre « Aurélia » d’un pays où l’eau bienfaitrice éteindrait le feu destructeur qui brûlait votre âme.

Dans cet athanor, je ferais « L’alchimiste » en mettant de l’air frais dans la fournaise du volcan italien.

Je retrouverais pour vous Gê, votre mère perdue, une déesse-mère qui aurait les traits d’Isis et le cœur de Cybèle.

Je vous chanterais des « Odelettes » à la Ronsard et ça vous rappellera le temps heureux de « La Bohème galante. »

Vous « le Veuf », je vous remarierais.

Vous, « le Ténébreux », je serais votre lumière.

Vous, « l’Inconsolé », j’essuierai vos larmes.

-Mademoiselle, vous me comblez. Pour fêter notre rencontre, je vous invite à prendre l’apéritif dans mon ancien appartement.

-Rue Saint-Martin? J’y suis passé l’autre jour; il n’y avait plus rien.

-Recréons – le un instant ensemble.

-Pourrions-nous aussi aller au Louvre voir le « Souvenir de Mortefontaine » de Monsieur Corot ?

-Nous irons même comparer nos propres souvenirs sur place dans le Valois. Nous emmènerons avec nous Camille Rougier pour qu’il nous dessine dans le paysage de ma jeunesse.

-J’aimerais que vous m’expliquiez certaines choses dans votre « Faust », Hoffman et puis encore Goethe.  

- Vous pourrez en parler aussi avec mes amis  Gautier, Dumas, Petrus Borel et  Arsène Houssaye   pour dîner.

- Y aura-t-il Hugo ? Irons –nous voir « Hernani ?

-Il sera heureux de rencontrer ma nouvelle amie.

- Votre amie ? J’en ai tellement rêvé…

- Nous finirons la soirée à deux  Rue du Doyenné ou au château des Brouillards à Montmartre.

-Demain, j’irais dire à Jenny Colon tout le bien que je pense de vous ; elle vous aimera … comme je vous vois.

- Ne vous donnez pas cette peine ; je dois rentrer demain chez le Docteur Blanche…

-Si nous partions plutôt vers l’Orient, par l’Allemagne…

- Nous pourrions aussi passer en   Belgique, en Hollande, à Londres...  

 -Je vous donnerai   l’équilibre d’une amitié sincère

-Et je vous aiderais  à vous faire connaître, j’ai quelques relations.

-Je serais votre  première et votre meilleure lectrice

-Et mes « Chimères ?»

-Choisissez plutôt   la vie.

-Je ne serais plus « le  ténébreux, - le veuf, - l’inconsolé ? »

- Non, un homme aimé par une femme et convoité par d’autres.

-Nous bâtirons ensemble des « Petits châteaux de Bohème .»

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