Tom de Pékin
Artiste militant, dessinateur, réalisateur, graphiste et performeur, Tom de Pékin crayonne des mondes érotiques aux acrobaties BDSM et hautement colorées, inspirées de ses suaves pérégrinations. Début 2021 se tiendra à la galerie Arts Factory (75011) une rétrospective de son travail, célébrant, avec ce qu'il faut d'émois, vingt ans de pratique. En attendant le divin événement, l'artiste a accepté de répondre à nos plus indiscrètes questions.
Qui êtes-vous pour faire ce que vous faites?
Je me suis auto-proclamé Tom de Pékin et c’est une sacrée histoire à vivre.
Que collectionnez-vous?
Toutes les images, les dessins, les photos, les albums factices. Toutes les formes de prints, de zines, qui sont capables de m’émouvoir. J’essaie d’en faire autre chose pour me rapprocher de cette émotion, cette phrase de Jean Cocteau à propos de son film la Belle et la bête: «La poésie doit sortir de l’organisation des images.»
Que voit-on sur la dernière photo que vous avez envoyée à quelqu'un?
Il me semble que ce sont mes fesses …
Votre plus grand émoi érotico-artistique?
Le film Querelle de Rainer Werneir Fassbinder à sa sortie en 1982.
L’œuvre que tout le monde adore et que vous êtes le seul à détester?
Le Sacré-Cœur… mais je ne dois pas être le seul!
L’endroit où vous souhaiteriez rester s’il fallait faire face à un reconfinement?
J’ai un lointain souvenir d’un passage du film d’Alain Tanner Dans la ville blanche, que j’aimerai revoir. Il parle de la folie des marins sur les bateaux. Elle est liée à la confrontation au quotidien, d’un espace trop petit à l’intérieur à un espace trop grand à l’extérieur. Ça ne sera pas sur un bateau… peut-être une île ou rempiler chez moi…
Quel duo improbable rêveriez-vous de voir se former?
Comme on parle d’un rêve, j’aimerai tant revoir sur scène le duo de cabarettistes interlopes Coco et Nina, ils étaient tellement fabuleuses!
La plus belle phrase lue récemment?
Cette phrase de James Baldwin, à propos du mouvement du dos de Joan Crawford au cinéma, qu’il voit à l’âge de 7 ans: «Je suis fasciné par le mouvement à l’écran, le mouvement de l’écran, comme le soulèvement et le gonflement de la mer (même si je n’ai encore jamais vu la mer), qui ressemble aussi au mouvement de la lumière sur l’eau, et surtout dans l’eau.» [le film évoqué par James Baldwin est la Pente (1931) du cinéaste américain Harry Beaumont, ndlr.]
Photo: A Very, Very Little Splash/Self Portrait. Tom de Pékin