Judas, tu me reproches cette dépense somptueuse ? N’as-tu pas vu comment il a ressuscité Lazare, mon frère ? N’as-tu pas entendu ces cris qui l’acclamaient hier comme notre roi ? Il m’a toujours parlé comme jamais aucun homme n’a parlé. Je me tenais à ses pieds, en buvant les paroles de la vie éternelle.
Oui, j’ai reconnu en lui le Seigneur de ma vie et par cette onction dispendieuse, irrévocable, je lui dis mon amour et ma gratitude.
Mais il y a plus. J’entends les rumeurs de jalousie. J’aperçois une haine sourde et une opposition franche. Ils sont nombreux ceux qui le rejettent. Ils me rappellent la prophétie du Serviteur souffrant, révélée par Isaïe, l’annonce de celui qui entre dans la mort pour nous guérir par ses blessures*. Un roi triomphant et une victime innocente tout à la fois – serait-ce lui ? Si l’ombre de la mort plane, par quoi puis-je répondre ?
Par l’amour. Par l’onction qui l’exprime – elle est une prophétie et une prière. Une prophétie, car elle clame qu’il est notre roi, notre maître, Celui qui a les paroles de vie. Une prière aussi : ce parfum remplit la maison et murmure : « Je t’aime, Seigneur, ma force. »
Judas, j’aurais tant voulu te le dire, mais ton regard me réduit au silence. Écoute Jésus, Il te répond : « Partout où sera proclamée la Bonne Nouvelle, dans le monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu’elle vient de faire. »**
Cette parole s’accomplit aujourd’hui à vos oreilles : vous entendez ce que j’ai fait pour lui. Faites de même : là où la haine gronde, répondez par une onction d’amour. La charité est notre unique prophétie.
* Livre d’Isaïe, ch. 53, v. 5. ** Évangile selon saint Matthieu, ch. 26, v. 13.
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