Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
J'ai lu hier dans le train: ARTS MAGAZINE INTERNATIONAL N°35 avril-mai 2021
VIEUX DÉBATS ET VRAIES QUESTIONS…
En sous-titrant son brillant essai Un autre art contemporain (Grasset) « Vrais artistes et fausses valeurs », Benjamin Olivennes, un trentenaire normalien et agrégé de philosophie, qui se revendique comme un non-spécialiste passionné, a voulu – et réussi – à jeter un pavé dans la mare. Son propos ? Dans la course à l’avant-gardisme, mais aussi à la marchandisation de l’art, le XXe siècle a privilégié l’originalité et la mise en scène des œuvres et des artistes, au détriment de l’esthétisme. De très grands artistes ont pourtant continué à représenter le monde et à rechercher la beauté.
Cette opposition entre les « anciens » et les « modernes » n’est certes pas neuve mais la reconnaissance a changé de camp. En leur temps, Picasso ou Duchamp ont essuyé le feu des critiques. Aujourd’hui, le Vagin de la reine d’Anish Kapoor ou le Tree de Paul McCarthy sont plébiscités par les pouvoirs publics et la cote des œuvres d’un Jeff Koons, d’un Damien Hirst ou d’un Maurizio Cattelan crève les plafonds. Pour le polémiste, « de peur de passer pour un idiot et de rater une bonne affaire », personne n’ose critiquer ces montres sacrés.
Cette charge n’est pas fausse. Mais il faut se méfier des visions simplificatrices, voire simplistes. Serge Gainsbourg, dont la peinture était la première vocation (qu’il abandonna parce qu’il ne se jugeait pas assez bon) expliquait pourquoi il la considérait comme un art majeur, contrairement à la chanson. « Les arts mineurs sont directement perceptibles, il n’y a pas besoin d’initiation. Or je crois profondément à l’initiation ». La recherche du réalisme et de la beauté formelle ne peut pas être la seule dimension de l’art. Comme l’affirmait Markus Lüpertz, « Ce n’est pas la réflexion de l’artiste qui importe, mais celle de l’autre. Le peintre n’a qu’une vision des choses. Le tableau prend forme avec le spectateur ». Et ce ne sont ni les avis des critiques, ni la valeur marchande qui font la véritable valeur d’une œuvre, mais cette rencontre unique.
Frédéric Benoit