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J'ai aimé hier au cinéma(art et essai en bas de chez moi):L’étreinte

« L’étreinte », un lent retour à la vie

Critique 

Ce film sensible sur la solitude après un deuil met en scène une femme à la recherche d’elle-même incarnée par une Emmanuelle Béart, devenue rare à l’écran.

  • Corinne Renou-Nativel , 
  •  

Lecture en 2 min.

« L’étreinte », un lent retour à la vie

L’étreinte *

de Ludovic Bergery

Film français, 1 h 40

« Tous ces morts, on ne sait pas quoi en faire, il faut qu’ils nous lâchent. » C’est ce qu’explique Aurélien, un jeune homme, à Margaux, une quinquagénaire qui vient de perdre son mari. Pourtant, plus que de deuil, Ludovic Bergery, le réalisateur de L’étreinte, a voulu « parler de la solitude et de comment se réapproprier la vie, en tout cas de la ressentir, au sens littéral du terme : en passant par le corps, la sensualité et bien évidemment par les sentiments. » Après le décès de l’homme avec qui elle a vécu plus de trois décennies, Margaux quitte tout ce qui faisait son quotidien dans le sud de la France pour s’installer non loin de Versailles, chez sa sœur qui s’absente pour un mois.

 

Elle meuble le vide en reprenant des études de littérature allemande. À la fac, son âge et sa réserve la distinguent profondément des autres étudiants. Mais un petit groupe qui fréquente, comme elle, les cours de Till, un séduisant enseignant, la prend sous son aile. En particulier Aurélien qui partage avec elle l’expérience du flottement, de la solitude et du deuil.

Hiver et pénombre

Plus rare sur les écrans depuis une décennie, Emmanuelle Béart incarne avec délicatesse Margaux dont la pudeur et la retenue la rendent secrète, inaccessible même. Elle qui semble figée se met doucement en mouvement, gauchement, comme privée des codes des relations humaines. Par leurs échanges, Aurélien lui ouvre les yeux sur l’importance d’une vie amoureuse pour se sentir exister. En Belle au bois dormant encore engourdie par le sommeil, elle se lance dans des jeux de l’amour et du hasard avec la maladresse et la naïveté d’une adolescente.

Portrait sensible de femme, L’étreinte ressemble à celle qu’il dépeint. Comme empesé d’une perte récente, il est lesté d’une léthargie dont il peine à sortir par quelques scènes et situations décalées. La mise en scène privilégie des teintes hivernales et la pénombre – à ce titre, l’entrée par effraction la nuit dans une piscine est filmée dans une magnifique photographie.

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C’est par les personnages secondaires que la vie entre dans cet étouffoir : la petite bande joyeuse des étudiants ; l’ironie douce et désabusée d’Aurélien, interprété par Vincent Dedienne dans une réserve peut-être inédite qui lui sied à merveille ; Till que joue Tibo Vandenborre avec une sensualité virile que démultiplie son aura d’intellectuel. Comme l’arrivée en train à Paris ouvre le film, il s’achève sur un départ qui pourrait bien signer un vrai retour à la vie. Enfin.

 

• Non ! * Pourquoi pas ** Bon film *** Très bon film **** Chef-d’œuvre

 

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