Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Le Boijmans de Rotterdam(que j'ai visité il y a quelques années) devient le premier musée d’art au monde à ouvrir les portes de ses réserves au public
Le Dépôt Boijmans Van Beuningen est désormais ouvert au public. ©Ossip van Duivenbode
Samedi 6 novembre, le Dépôt du musée Boijmans Van Beuningen à Rotterdam a enfin ouvert ses portes. Après près de dix ans de travaux et 92 millions d'euros, il devient le premier musée d'art au monde à ouvrir les portes de ses réserves au public.
La grande majorité des collections permanentes des musées d’art dort pendant des années dans les réserves, loin des yeux des visiteurs… Sauf au musée Boijmans Van Beuningen à Rotterdam (Pays-Bas). Depuis samedi 6 novembre, l’institution a ouvert son Dépôt, situé dans le Museumpark de la ville néerlandaise, les premières réserves à être accessibles au public. Ainsi, plus de 151 000 œuvres qui traversent sept siècles d’histoire de l’art, de 1400 à nos jours, s’offrent à la vue des visiteurs dans le nouveau bâtiment conçu par l’agence MVRDV (fondée en 1993 à Rotterdam) qui a remporté en 2013 le concours d’architecture et commencé la construction en 2017.
Une salle des machines révélant les coulisses du stockage et de l’entretien des œuvres d’art
Réalisé hors sol pour protéger la collection des inondations (dont le musée a été victime ces dernières années), le bâtiment de 40 mètres de haut n’a pas pour but de devenir un second musée mais « une véritable salle des machines révélant les coulisses du stockage et de l’entretien d’un nombre impressionnant de pièces d’art et de design », précise le Boijmans Van Beuningen dans un communiqué. En tout, ce sont 63 000 peintures, photographies, films, objets de design, installations et sculptures d’art contemporain, 88 000 estampes et dessins, d’une valeur de 8 milliards d’euros, qui sont répartis sur une surface de 15 000 m².
À l’intérieur, le Dépôt se déploie sur six étages autour d’un atrium central avec des escaliers entrecroisés et des fenêtres donnant sur les espaces de conservation. Équipés de manteaux de protection, les visiteurs peuvent déambuler comme bon leur semble dans l’espace pour contempler les œuvres qui sont présentées non pas dans l’ordre chronologique mais en fonction de leurs besoins de conservation (formats, température). Ainsi, des installations d’art contemporain peuvent côtoyer des tableaux d’art ancien, donnant aussi la possibilité au public néophyte et aux spécialistes de porter un nouveau regard sur la collection. Seules les pièces les plus fragiles sont gardées dans des cabinets visitables sur rendez-vous.
À l’extérieur, une façade en miroirs dessinée par Winy Maas de MVRDV se fond dans le parc des musées de Rotterdam. Composée de 6 609 m² de verre divisé en 1 664 panneaux, cette enveloppe de verre fait du Dépôt un tableau vivant qui change d’aspect tous les jours au gré des conditions météorologiques.
Accueillir tous les publics
« C’est formidable de voir comment le Dépôt a d’ores et déjà été adopté par les Rotterdamois avant même son ouverture », déclare Winy Maas. Car, si le bâtiment a pour but de conserver la collection, celui-ci a également été conçu pour être aussi accueillant que possible pour recevoir tous les types de visiteurs, seuls ou en groupes, et les familiariser à l’entretien et à la restauration de l’art. En effet, le Dépôt a pour ambition de démocratiser les œuvres du musée, rompre totalement avec la tradition de la dissimulation des réserves, et de donner un aperçu de ses coulisses : « Avec le Dépôt, le musée donne un avenir permanent à sa collection, qui appartient en grande partie à la municipalité mais aussi à des particuliers, expliquent Sjarel Ex et Ina Klaassen, les directeurs du musée Boijmans Van Beuningen. Les visiteurs peuvent désormais constater par eux-mêmes tout l’amour, le soin et le souci du détail avec lesquels chaque œuvre d’art est préservée pour les futures générations. »
En attendant la réouverture du musée, prévue pour 2028, le public peut (re)découvrir au Dépôt les chefs-d’œuvre de Van Gogh, Dalí, Brueghel, Van Eyck, Rembrandt, Rubens, Hammershøi ou encore Rothko, que préserve précieusement l’institution néerlandaise.