ÉDITO
Le prix et le goût de la vérité
« La vérité de l’Église, de l’Église de Jésus, nous avons à la rechercher dans une écoute renouvelée des pauvres et des petits, de celles et ceux qui sont les victimes ou les laissés pour compte de notre vie collective. » Ces mots sont ceux de Mgr Éric de Moulins-Beaufort dans son discours de clôture de l’assemblée d’automne de la Conférence des évêques de France dont il est président. Une écoute qui, au cours des dernières décennies, a souvent manqué pour entendre les victimes d’abus commis par des clercs.
Dans ce travail de vérité, les médias ont joué un rôle non négligeable. Pourtant, leur travail n’a pas toujours été compris, surtout celui des médias catholiques. Pendant trop longtemps, l’Église s’est méfiée des médias comme des sciences humaines, qui lui renvoient une image autre que celle qu’elle voudrait donner.
Ce narcissisme ecclésial l’a empêchée d’être lucide sur elle-même, renforçant dans le même temps l’impunité des abuseurs. En retour, les médias catholiques ont été accusés de nuire à l’Église. On leur a reproché d’avoir brisé la culture du silence qui prévalait jusqu’alors dans l’Église. Combien de fidèles et même de responsables ecclésiastiques auraient voulu qu’ils se taisent !
Cette situation a souvent été difficile à vivre pour les journalistes catholiques, qui aiment l’Église tout en étant passionnés par leur métier. Ils ont heureusement trouvé une grande consolation dans le discours prononcé par le pape François le samedi 13 novembre devant une centaine de professionnels de l’information. Il les a notamment remerciés « pour ce que vous nous dites sur ce qui ne va pas dans l’Église, pour l’aide que vous nous apportez pour ne pas le balayer sous le tapis et pour la voix que vous avez donnée aux victimes d’abus ».
Il est vrai que la vérité n’est pas toujours facile à entendre. C’est pourtant un passage obligé si l’Église veut redevenir un lieu sûr pour les plus vulnérables. Elle a donc besoin de faire la lumière sur sa propre histoire et ses défaillances. Refuser d’affronter la vérité, aussi dérangeante soit-elle, dénigrer ceux qui la cherchent, ce n’est pas servir l’Église. Bien au contraire. C’est pourquoi l’Église a plus que jamais besoin de l’aide des médias. Le pape François l’a bien compris. Et si les encouragements qu’il a adressés aux journalistes les réconfortent, ils les obligent aussi. C’est une grande responsabilité que de servir la vérité en la cherchant.
Réagir à cet édito
|