Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
La Banque, le nouveau musée des cultures et du paysage à Hyères(nouvelle catégorie même si nous y sommes allés il y a quelques années) : un pari réussi !
En mettant les collections de son musée dans l’ancienne Banque de France de la ville et en organisant une première exposition dédiée à la lumière du Midi, Hyères met l’art à la banque et réussit son pari haut la main. par Guy Boyer
Un joli fonds XIXe
Exposées un temps dans une médiathèque puis mises en réserve, les collections du musée d’Hyères ont longtemps été négligées. C’est dommage car elles constituent un joli fonds XIXe, dû en grande partie aux efforts d’Emmanuel-Charles Bénézit, le fils de l’auteur des Dictionnaires des peintres, lorsqu’il est conservateur honoraire du musée. Les toiles de Gleyre, Grivolas, Lépine et Ziem ont été installées au premier étage de l’ancienne Banque de France.
Le peintre dans la campagne (vers 1870) de Stanislas Lépine, présenté dans les collections permanentes du musée d’Hyères, La Banque, Hyères, 2021 (©Guy Boyer). / Stanislas LépineL’ancienne Banque de France
En 2003, la Ville d’Hyères acquiert les quelque 2200 m2 de la Banque de France, voisine de la mairie et en plein centre-ville. « Un emplacement rêvé », assurent le maire Jean-Pierre Giran et son adjoint à la Culture, François Carrassan. Construit par les architectes Alphonse Defrasse et Léon David, ce bâtiment néo-classique se révèle parfait pour son nouvel usage muséal avec ses salles tournées vers un patio intérieur et son jardin qui accueille désormais le Monument au chat (1953) d’Oscar Dominguez, sauvé par les élus.
La Caisse auxiliaire, musée d’Hyères, La Banque, Hyères, 2021 (©Guy Boyer).Panorama méditerranéen
Pour son inauguration, La Banque accueille au rez-de-chaussée et jusqu’au 27 mars une exposition sur la lumière du Midi montée par Dominique Lobstein. Un choix pertinent, qui permet un parcours géographique courant de Collioure (Henri Martin) à Nice (Henri Harpignies) et Villefranche (Jacques Guiaud). Les prêts sont remarquables et témoignent d’une bonne recherche comme cette Vue de Montredon près de Marseille de Paul Flandrin, venue du Louvre.
Vue de Montredon près de Marseille (1859) de Paul Flandrin, présentée dans l’exposition « Face au soleil, 1850-1950 », musée d’Hyères, La Banque, Hyères, 2021 (©Guy Boyer). / Paul FlandrinPoint fort aux modernes
Dans l’accrochage très dense, ce sont les peintres modernes qui s’en sortent le mieux tant leur palette est stridente et leur trait puissant. Ici, par exemple, trois tableaux montrant les rochers rouges de la côte varoise. Ils rappellent que les artistes sont venus nombreux au tournant du XXe siècle avec l’arrivée du train jusqu’à la Méditerranée. D’Agay au Trayas, ce sont les mêmes oppositions violentes de rouge et de bleu foncé. Un peu plus loin, une autre vue du Trayas (1907) par Georges Ribemont-Dessaignes va réjouir l’amateur.
De gauche à droite : Le Rocher Gaupillat au Trayas (vers 1900) d’Armand Guillaumin, Les Roches rouges à Agay (1901) de René Seyssaud et Les Roches rouges à Agay (1903) de Louis Valtat, présentés dans l’exposition « Face au soleil, 1850-1950 », musée d’Hyères, La Banque, Hyères, 2021 (©Guy Boyer).Fulgurance d’accrochage
Parmi les petites perles de l’accrochage raffiné choisi pour ce sujet assez bateau figure cette confrontation de deux toiles de Paul Signac et de Francis Picabia. Toutes les deux datent de 1909, toutes deux relèvent du pointillisme. Si celle de Signac (à droite) souligne l’intensité de la luminosité et la richesse des couleurs, celle de Picabia (à gauche) relève davantage de la citation car le futur dadaïste et surréaliste va rapidement abandonner cette peinture à succès pour frayer dans un art abstrait et plus provocateur.
De gauche à droite : Saint-Tropez, vu de la citadelle (1909) de Francis Picabia et Le Phare d’Antibes (1909) de Paul Signac, présentés dans l’exposition « Face au soleil, 1850-1950 », musée d’Hyères, La Banque, Hyères, 2021 (©Guy Boyer).De jolies surprises
Au rang des jolies découvertes de cette exposition se place cette vue d’Hyères avec son kiosque à musique, peinte tardivement par Dufy et prêtée par le musée des Beaux-Arts de Nice. Vue la rareté des représentations de la vieille ville à l’époque moderne (à croire que les invités de la Villa Noailles ne quittaient jamais les hauteurs de la ville), on aimerait voir cette œuvre en prêt à long terme pour les collections permanentes de La Banque.
Jardin public à Hyères (1952) de Raoul Dufy, présentée dans l’exposition « Face au soleil, 1850-1950 », musée d’Hyères, La Banque, Hyères, 2021 (©Guy Boyer).