Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Le poète et « le flot mouvant des multitudes » Paris pour Nerval et pour Baudelaire
Yves Bonnefoy
On a beaucoup étudié les diverses façons dont Paris a été perçu par des écrivains et des poètes, mais ce n’est nullement de ces divers regards sur la grande ville qu’il est question dans ces conférences.
Remarquant que le XVIIIe et le XIXe siècle ont répandu par les rues et les boulevards de Paris une foule, une "multitude", d’un caractère nouveau, privée des signes apparents autant que distinctifs qui avaient permis aux époques précédentes d’en reconnaître, individu par individu, l’inscription dans l’ordre divin – dans l’être –, Yves Bonnefoy a cherché à comprendre l’effet que ce qui semble ainsi une épiphanie du néant a eu sur quelques poètes : estimant que cet effet a retenti au cœur même de leur expérience le plus spécifiquement poétique, pensant aussi qu’il leur a révélé la nature essentielle de la poésie, qui est de fonder l’être sur rien que le vœu qu’il y ait de l’être. Un projet certes difficile à dégager des émotions et des rêveries ordinaires. Mais que Paris a donc aidé à percevoir, au seuil d’une "heure nouvelle" du poétique dont la conscience de soi va être la grande tâche, autant que la cause de devenir. L’enquête, faute de temps, s’est limitée à Gérard de Nerval et à Baudelaire, celui-ci étant l’initiateur principal de cette modernité, pressentie aussi par Edgar Poe. Mais, commençant avec Hugo et Vigny, cette réflexion aurait pu s’étendre à Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire, les surréalistes.
Collection : Conférences Del Duca
Ces conférences ont été prononcées les 26, 27 et 29 novembre 2001 dans l’auditorium de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, dans le cadre du cycle des grandes conférences de la Bibliothèque nationale de France, grâce au soutien de la fondation Simone et Cino del Duca.