ÉDITO
Saint Irénée, "docteur de l’unité"
Le 21 janvier, en pleine semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le pape François a proclamé saint Irénée « docteur de l’Église » avec le titre de « doctor unitatis », c’est-à-dire « docteur de l’unité ». Le deuxième évêque de Lyon, originaire de la région de Smyrne (aujourd’hui Izmir en Turquie) en Asie Mineure, est ainsi reconnu pour avoir établi au IIe siècle un pont spirituel et théologique entre l’Orient et l’Occident. C’est donc un signal œcuménique fort.
Le titre de docteur de l’Église met également en avant l’éminence de sa doctrine où il est question de récapitulation, d’unité, d’harmonie, de vérité, de l’Église, de la règle de foi… Irénée fut en effet un ardent défenseur du dogme à une époque où la gnose connaissait un grand succès. Au-delà de leur diversité, les différents courants gnostiques avaient en commun d’être dualistes. Ils expliquaient la présence du mal dans le monde par l’existence, auprès de Dieu bon, d’un principe négatif qui aurait produit les choses matérielles, ce qui logiquement conduisait à sous-évaluer les réalités corporelles au profit du seul esprit. D’où une religion qui niait le corps au profit d’une démarche intellectuelle, et une vision du monde très pessimiste, en rupture avec la foi telle qu’elle est confessée dans le Credo des Apôtres, dans un unique Dieu, Créateur et Sauveur.
Mais la gnose n’appartient pas qu’au passé, même si elle a pris de nouveaux atours, comme l’indique l’exhortation à la sainteté Gaudete et exsultate (2018). Le pape dit le danger d’une imprégnation gnostique de nos manières de vivre et de penser qui se traduit notamment par la suffisance, le repli sur soi, la crainte de l’incertitude, le mépris du corps, le fatalisme, la tentation de fuir le monde tel qu’il est au lieu de chercher à le transformer… « Le gnosticisme est l’une des pires idéologies puisque, en même temps qu’il exalte indûment la connaissance ou une expérience déterminée, il considère que sa propre vision de la réalité représente la perfection », avertit François. En proclamant Irénée docteur de l’Église, le pape le désigne comme une ressource sûre pour nous aider à surmonter la tentation du gnosticisme et à vivre dans « une unité et une harmonie » toujours plus grandes avec Dieu, notre prochain et l’ensemble des créatures.
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