En relisant ces mots de Golshifteh Farahani, suscités par Nahal Tajadod dans le roman qu’elle lui consacra il y a tout juste dix ans, je ne doute pas un seul instant qu’il n’y ait au monde femme plus accordée à L’Éphémère. Celle qui commença au cinéma si jeune, à cet âge de l’adolescence où l’insouciance est censée triompher, en sait plus long que nous sur la destinée, les années de guerre, l’acide que l’on jette sur la beauté des jeunes filles en république islamique, la fougue des cheveux que l’on rase ou dissimule, la mort, le succès international, l’exil, les amours contrariées mais aussi la poésie.
Il y a ceux qui l’ont aimée dans Shirin d’Abbas Kiarostami, ceux dans Body of lies de Ridley Scott, ceux dans Poulet aux prunes de Marjane Satrapi, ceux dans Syngue Sabour d’Atiq Rahimi, ceux dans Les deux amis de Louis Garrel, ceux dans Paterson de Jim Jarmusch. La liste est longue, de The Pear tree à VTC en passant par Les filles du soleil ou Pirates des Caraïbes en compagnie de Johnny Depp.
Persan, français, anglais, quelle que soit la langue dans laquelle Golshifteh Farahani s’exprime, toujours cette même ardeur, cette même urgence à vivre, ce même irrésistible regard noir. Et la chance à ses côtés de célébrer l’équinoxe de mars à même la nouvelle année – inédit Norouz qui délivre à jamais des ténèbres pour un 24e Printemps des Poètes résolument tourné vers la lumière.
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