ous pression. Ici, tout ou presque semble avoir été soumis à une force physique, étrangère. Eprouvante. Le procédé n’est pas frontalement dévoilé, mais les stigmates laissés sur les objets sont les preuves tangibles de son action. Des voitures sont à terre, vaincues, avec entre elles des résidus métalliques. Au mur des tôles sont appuyées, meurtries mais debout, telles des sentinelles veillant sur leurs gisants.

Les carcasses pourraient fumer encore, cracher leur dernier souffle. Dans un white cube aux allures de champ de bataille, un duel incessant entre les matériaux et les dispositifs qui les animent semble se poursuivre. Une lutte entre les matériaux eux-mêmes aussi, où les forces se mesurent, se testent, et s’affrontent. Pugnaire & Raffini s’effacent ensuite pour laisser place à l’expérience pure, à ses orientations, et ses accidents inespérés, qui mènent alors à l’œuvre.

 

Cette transformation progressive de l’objet pourrait ressembler à une destruction froide et précise, mais les films qui en témoignent montrent le contraire. Qu’ils soient fiction ou document d’archive, ils sont toujours les révélateurs d’une attention profonde portée à la matière, avec un parti pris esthétique dans le traitement de l’image, qui s’oppose radicalement à la rudesse des scènes exposées. Les protagonistes y sont seuls face à leur destinée, certes, peuplée de vérins hydrauliques et autres outils de pression, mais l’histoire dans laquelle ils évoluent transcende à chaque fois l’aspect visible d’une démolition simplifiée.

 

Pugnaire & Raffini manifestent cette dualité de fond et de forme jusque dans la présentation même de leur travail, en proposant des œuvres qui montrent de front la sculpture et son processus de fabrication. S’affirme alors dans l’exposition une correspondance évidente entre les éléments; un lien solide entre le vestige brut et l’œuvre d’art aux références classiques, étincelante. 

Pour cette seconde exposition avec la galerie Ceysson & Bénétière, Pugnaire & Raffini proposent un état des lieux de leur recherche, en présentant dans ce nouvel espace monumental des œuvres emblématiques et leur nouveau projet. Il y est question de tôles et de pression, toujours, mais aussi de temps. Un rapport au temps contrarié, et déterminant pour la réalisation de leurs œuvres. Depuis leur première collaboration, une 2CV qui se contracte de l’intérieur dans une lenteur extrême, ils déjouent l’instantané en le décomposant presque image par image, pour en définitive le figer totalement, en suspens. Les œuvres de Pugnaire et Raffini sont ainsi aussi, des arrêts sur image inscrits dans un temps indécis, immense, où les époques se croisent, se superposent même parfois à la frontière du réel, et offrent à qui les regarde une exploration passionnée du moment où l’objet devient œuvre.

 

Sarah Lanos, novembre 2021.

 

 

 

Artiste de l'exposition : Florian Pugnaire & David Raffini

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Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
10 rue des Aciéries
42000 Saint-Étienne

https://www.ceyssonbenetiere.com/fr/exhibitions/florian-pugnaire-d-ste-ace-012-2021-1197/