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J'ai lu hier soir: Art press 2022

Ce nouveau numéro d'artpress pourrait s'intituler : "Retour au réel". Après avoir été pratiquement chacun chez soi pendant deux ans, il est temps de rouvrir les yeux sur le monde.

Voilà pourquoi nous sommes heureux d'accompagner par un dossier le festival du Centre Pompidou consacré au documentaire, Cinéma du réel, qui se tient du 11 au 20 mars et s'intéresse cette année au cinéma africain.

En ouverture, Aurélie Cavanna s'est entretenu avec Mohamed Said Ouma, cinéaste et responsable d'un fonds documentaire africain. Il explique comment le documentaire se développe économiquement à travers le continent et comment en assurer la diffusion. Critique et programmateur, directeur des Journées cinématographiques de Carthage, Ikbal Zalila, de son côté, nous présente un cinéma documentaire dynamique mais qui ne peut exister, au Maghreb, que dans les marges esthétique, politique et économique.

Le festival, et notre dossier, sont aussi l'occasion de découvrir deux personnalités exceptionnelles. Sarah Maldoror fut une pionnière. Née dans le Gers d'un père guadeloupéen, ayant choisi son pseudonyme en hommage à Lautréamont, compagne du dirigeant du mouvement de libération de l'Angola, elle a témoigné des mouvements de libération africains au travers d'une œuvre de fiction très poétique. Ivoirien né en 1986, Joël Akafou révèle, lui, un regard sans concession.

Hors dossier, mais pas sans rapport, une grande interview de Bruno Serralongue par Étienne Hatt est au cœur de notre numéro, à l'occasion de deux expositions simultanées de son œuvre, au Frac Île-de-France et au Frac Grand Large – Hauts-de-France (jusqu'à fin avril). Qu'est-ce qu'un photographe documentariste qui approche les luttes sociales, les exilés, les migrants, munis non d'un appareil numérique, mais d'une chambre avec pied ?

Changement complet d'horizon pour envisager le M+, premier musée consacré à la culture visuelle contemporaine d'Asie, construit par Herzog & de Meuron à Hong Kong. Sera-t-il une bulle de liberté ?

Il restait encore des pages dans ce numéro pour accueillir le récit de la joyeuse visite que Robert Storr rendit à Duane Michals, fouillant dans ses archives par temps de confinement, ainsi qu'une interview d'Olivier Delavallade, ex-directeur du domaine de Kerguéhennec en Bretagne, où il a rassemblé une exceptionnelle collection d'œuvres de Tal Coat. Les jambes vous démangent ? Nous inaugurons une nouvelle rubrique intitulée tout simplement "Week-End" pour vous inciter à découvrir des chefs-d'œuvre dans des lieux cachés ou insolites. Un énorme ensemble de sculptures d'Anthony Caro dans un joli village du Nord de la France appelé Bourbourg, ça vous tente ?

L'attention au réel ne signifie pas que l'on se détourne de la poésie car le cahier livres de ce numéro pourrait s'intituler "spécial poésie". Sally Bonn présente l'œuvre de Christophe Tarkos à laquelle la ville de Marseille rend hommage, François Bordes nous parle de deux importantes figures féminines de la poésie contemporaine, Liliane Giraudon et Nathalie Quintane, et Olivier Rachet nous initie à la poésie autobiographique du mexicain Fabio Morábito.

Allez, on termine quand même par une petite bouffée parisienne, une bouffée proustienne. À l'occasion du 150e anniversaire de l'auteur de la Recherche, des livres, une exposition nous entraînent dans le Paris du Grand Monde et dans celui des bordels…

C'est promis, le mois prochain, on repart en voyage.

 

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