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Ukraine

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Une semaine de Libé

Le 26 février 2022

 

 

 

 

 

 

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La Russie lance une offensive militaire en Ukraine

L’armée russe a lancé ce matin l’invasion de l’Ukraine, à la suite de l’annonce par le président russe, Vladimir Poutine, du lancement d’une « opération militaire spéciale ». Il avait reconnu lundi l’indépendance des zones ukrainiennes séparatistes pro-russes de Donetsk et de Lougansk, dans la région du Donbass, dans l’est du pays.

Les troupes russes sont entrées ce matin en Ukraine à travers la frontière entre les deux pays située à l’est de l’Ukraine, mais aussi via la Biélorussie, au nord, et la Crimée – une région ukrainienne annexée par la Russie en 2014 – au sud. Des bombardements russes ont touché plusieurs régions ukrainiennes, visant en particulier les infrastructures militaires du pays et les grandes villes comme Kiev, la capitale. L’armée russe a annoncé avoir détruit plus de 70 installations militaires. Des combats sont en cours dans un aéroport situé à 25 kilomètres de Kiev.

Près de 70 personnes, civils et militaires ukrainiens, ont été tuées dans les bombardements et les combats à travers tout le pays, a rapporté ce midi l’AFP, s’appuyant sur des sources officielles ukrainiennes. L’armée ukrainienne a affirmé ce matin avoir tué « 50 occupants russes » dans la province de Lougansk.

Cette offensive intervient après des semaines de tensions à la frontière entre les deux pays et de négociations diplomatiques entre les représentants de la Russie, de l’Ukraine, de la France ou encore des États-Unis. Vladimir Poutine a justifié l’invasion en affirmant vouloir « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine. « Nos plans ne comprennent pas l’occupation des territoires ukrainiens », a-t-il affirmé. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré aujourd’hui que des armes seraient distribuées à tous les civils voulant défendre le pays.

TOUT S’EXPLIQUE
Les pays occidentaux promettent des sanctions contre la Russie
• Quelles réactions suscite l’offensive militaire en Ukraine ?

La Chine est la seule grande puissance à ne pas avoir condamné l’attaque russe, demandant cependant à « toutes les parties » de « faire preuve de retenue pour éviter que la situation ne devienne hors de contrôle ». L’Otan, une alliance militaire de 30 pays, a demandé à la Russie de « retirer toutes ses forces à l’intérieur et autour de l’Ukraine », tout en affirmant déployer de « nouvelles forces terrestres et aériennes défensives » dans les pays de l’Otan proches de l’Ukraine et de la Russie, ainsi que des « moyens maritimes supplémentaires ». Elle a assuré que la Russie paierait « un prix économique et politique très lourd ». Le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, a promis l’instauration d’un « train de sanctions le plus sévère jamais mis en œuvre » contre la Russie. « En choisissant la guerre, Vladimir Poutine a décidé de porter l’atteinte la plus grave à la paix en Europe depuis des décennies », a déclaré Emmanuel Macron, assurant que ces événements constituent « un tournant dans l’histoire de l’Europe et de notre pays ».

• Quelles sanctions ont déjà été prises contre la Russie ?

Les États-Unis et l’UE ont pris de nouvelles mesures contre la Russie après que ce pays a reconnu, lundi, l’indépendance des provinces séparatistes de Donetsk et de Lougansk. Elles visent les banques finançant les opérations militaires russes dans ces territoires. Les avoirs aux États-Unis et dans l’UE de plusieurs responsables politiques russes sont gelés. L’État russe se voit empêcher de lever des fonds sur les marchés financiers européens et américains. La Russie fait déjà l’objet de sanctions (gels d’avoirs, embargos sectoriels, embargo militaire) de la part de plusieurs puissances, dont l’UE et des États-Unis, mises en place en 2014, après l’annexion, par la Russie, de la Crimée, un territoire ukrainien. En 2014, le gouvernement russe avait chiffré à 40 milliards de dollars par an le coût de ces sanctions pour son économie. Ces sanctions affectent aussi les exportations des pays qui les ont prises et les réduisent d’environ 3,2 milliards de dollars par mois, selon une étude publiée en 2016 par les économistes Matthieu Crozet et Julian Hinz.

• Quels sont les liens économiques entre la Russie et l’UE ?

L’Union européenne est un partenaire économique important pour la Russie. Elle représentait 35 % des importations russes de marchandises en 2019, selon la Commission européenne, codétentrice du pouvoir exécutif de l’UE avec les États membres. Ces importations concernent principalement des machines, des équipements de transport, des médicaments et des produits chimiques. La Russie ne représentait toutefois que 4,1 % des exportations de l’UE en 2019. Le pays joue surtout un rôle important dans l’approvisionnement de l’UE en gaz puisque le gaz russe représentait 40 % des importations européennes de cette source d’énergie en 2019, selon la Commission européenne. Patrick Pouyanné, PDG du groupe énergétique TotalEnergies, a déclaré aujourd’hui qu’il y avait en Europe « un problème d’infrastructures » pour pouvoir regazéifier du gaz naturel liquéfié importé par bateau et se passer ainsi du gaz russe acheminé par gazoduc.

Pour aller plus loin
 Notre dossier sur l’histoire du conflit ukrainien.
 Des infographies de Franceinfo sur la crise ukrainienne.
 Un diaporama photo sur le site de Libération.
C’EST LEUR AVIS
Les ambitions de Vladimir Poutine en Europe

Dans un entretien à France 24, Anastasiya Shapochkina, maîtresse de conférences en géopolitique à Sciences Po, estime qu’en envahissant l’Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, souhaite imposer sa vision géostratégique de l’Europe.

« Le but de Vladimir Poutine est de revoir l’architecture de la sécurité en Europe. L’Ukraine est en train d’être envahie, c’est une étape, mais les demandes de la Russie envers l’Otan ne s’arrêtent pas à l’Ukraine et elles n’étaient pas centrées sur l’Ukraine. […] Les demandes restent les mêmes, elles comprennent aussi le positionnement de l’Otan à l’est de l’Europe. Toute l’opération militaire complètement transparente, bien préparée, qui a eu lieu devant nos yeux est un test pour voir comment l’Occident réagit et quelles sont les possibilités d’action pour la suite. » Anastasiya Shapochkina
ÇA VEUT DIRE QUOI
Donbass

Située dans l’est de l’Ukraine, la région du Donbass comprend deux provinces – Donetsk et Lougansk – dans lesquelles vivent près de 6,6 millions de personnes, soit 15 % de la population du pays, selon une étude publiée en 2018 par la géographe Irina Kuznetsova. Près de 40 % des habitants étaient de nationalité russe et 70 % déclaraient le russe comme langue maternelle, selon le recensement de 2001, le seul réalisé dans le pays. Plus de 80 % des électeurs du Donbass s’étaient déclarés en faveur de l’indépendance de l’Ukraine par rapport à l’URSS lors d’un référendum en 1991 et cet attachement à l’État ukrainien a été confirmé par plusieurs études menées dans les années 2000. Le Donbass est un territoire minier et industriel, mais son activité s’est effondrée depuis le début d’une guerre civile en 2014, passant de 15 % du PIB ukrainien en 2013 à 7 % en 2016, selon Irina Kuznetsova. La guerre a éclaté après la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovitch et la proclamation par des séparatistes pro-russes de l’indépendance de deux territoires situés à l’intérieur des provinces de Donetsk et de Lougansk. Ce conflit a fait au moins 1,5 million de déplacés, selon le gouvernement ukrainien, et 12 000 à 14 000 morts, selon les estimations de différents chercheurs.

ÇA VAUT UN CLIC
La guerre vue par les habitants

À Kiev, la capitale de l’Ukraine, des habitants paniqués fuient l’offensive militaire de la Russie, rapporte une journaliste de l’AFP dans un reportage publié sur TV5 Monde. Plus de 700 kilomètres à l’est, dans la province ukrainienne sécessionniste du Donbass, une partie de la population soutient l’intervention russe. Le correspondant d’Ouest-France dans la région a rencontré certains habitants, qui expliquent leur état d’esprit, entre résignation et espoir d’une résolution du conflit.

Vous voilà « briefés » sur l’actualité du jour et quelques autres considérations. On vous souhaite une bonne soirée à rêver d’un monde apaisé.


— Céline Boff, Sophie Cazaux, Nicolas Filio et Aude Villiers-Moriamé

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