De le laisser tout seul, affamé, sans défense, au milieu des bêtes sauvages et des démons ? Drôle de père, en effet, que celui qui déclare, au Jourdain*, son amour pour son fils et qui, aussitôt après, le lâche dans un lieu hostile.
Imaginez la chaleur du jour, la froideur des nuits, la violence des vents, le tiraillement de la faim, la torture de la soif. Je suis sûr que Jésus, comme il l’a fait sur la croix, a dû lever les yeux au ciel, au moins une fois, et crier : « Où t’es ? Papa, où t’es ? ». Cette question, nous la connaissons bien. Nous la posons à Dieu dans les moments difficiles de nos vies, quand nous avons l’impression que rien ne va plus, que nous sommes tentés au-delà de nos forces et que Dieu semble aux abonnés absents : « Où t’es ? Papa, où t’es ? Pourquoi laisses-tu la souffrance me gagner ? Les bêtes sauvages m’approcher ? Viens à mon aide ! Montre-moi que tu existes et que tu m’aimes ! »
Que faire cependant si la voix de Dieu ne se fait pas entendre aussi clairement qu’au Jourdain ? Se laisser abattre ? Prendre ses jambes à son cou ? Jésus, au contraire, nous apprend à demeurer dans nos déserts et à faire face aux épreuves et aux tentations, non pas comme un superhéros, mais comme un saint qui s’abandonne à Dieu.
Courage ! Il n’y a pas de désert que nous ne pouvons traverser avec lui. Pas de tentation contre laquelle nous ne pouvons résister. Jésus n’a pas été laissé seul et sans secours. Son pain ? Ce fut la Parole. Son eau ? La source vive de l’Esprit. Son oasis ? L’amour incassable de son Père. Jamais Jésus n’aurait résisté aussi longtemps à la faim et à la soif, jamais il n’aurait défait Satan si son Père n’avait été là, dans le secret, à ses côtés. À nous maintenant de découvrir, tout au long de cette semaine, les multiples visages de ce Père, qui est avec nous dans nos déserts !
Libre : parce que je sais désormais où aller et que faire. Il me faut aimer, les petits en premier. Parce que leur voix est celle de Jésus même. Et je prie aujourd’hui que l’Esprit saint achève la mission qu’en moi, par la voix de Jésus, le Père m’a confiée : « Deviens ce que je suis : ne sois que charité ! »