C’est une petite phrase de rien du tout dans le second récit de la création : Dieu amène les animaux à l’être humain « pour voir comment il les désignerait »*. Ces quelques mots ont pourtant un sens énorme selon moi.
« Pour voir comment il les désignerait » : cela veut dire que Dieu veut associer l’être humain à son œuvre de création : il lui confie la mission de désigner les animaux, plutôt que de le faire lui-même. Dieu est comme un père émerveillé par son enfant qui s’approprie le monde avec ses mots à lui.
L’être humain est cette créature curieuse de tout, désireuse d’aller au-devant des choses et même au-delà. De Dieu, il a reçu la capacité de poser librement des actes. Avec cette liberté, il peut créer du nouveau : une culture qui habille le monde de mots, de chants, de contes. C’est peut-être par cette liberté créative que l’être humain ressemble à Dieu comme le dit le premier récit de la création.
Contemplons ce Père incroyable qui a voulu susciter en face de lui non pas une marionnette sans volonté, mais un vrai partenaire, capable de prendre des initiatives, d’innover, capable aussi de dialoguer avec lui. Ce partenaire, c’est nous.
Quelle merveille de coopérer à l’œuvre de Dieu, d’exercer notre liberté pour créer du beau, du bon, du sens ! Cette responsabilité, c’est à nous seuls qu’elle échoit parmi tous les êtres vivants, et elle est particulièrement urgente dans la situation actuelle.
« Père, béni sois-tu de nous faire la grâce de collaborer à ton œuvre de création. »
* Livre de la Genèse, ch. 2, v. 19