Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Mort de l’artiste Sam Gilliam, grande figure de la peinture abstraite et musicien de la couleur
L'artiste Sam Gilliam, connu pour ses toiles suspendues riches en couleurs, vient de décédé samedi 25 juin, à l'âge de 88 ans ©️David Kordansky Gallery, Los Angeles / Fredrik Nilsen studio / Sam Gilliam
Peintre vénéré pour ses toiles suspendues riches en couleurs, l’artiste Sam Gilliam est décédé ce samedi 25 juin, à l’âge de 88 ans.
Un des grands représentants américains de la peinture abstraite s’en est allé. Sam Gilliam a acquit une renommée mondiale à partir des années 1970 pour son utilisation singulière de la toile et de la couleur. Principalement connu pour ses peintures Drapes, des toiles non tendues, suspendues au plafond et épinglées aux murs, il aura réinventé et remodelé continuellement la peinture et la sculpture abstraites tout au long de ses six décennies de carrière. Artiste reconnu, il fut le premier Afro-Américain à représenter les États-Unis à la Biennale de Venise, en 1972. Trois de ses toiles sont actuellement présentées à la Fondation Louis Vuitton à Paris dans le cadre de l’exposition « La couleur en fugue », visible jusqu’au 29 août.
L’esthétique du drapé
Né en 1933 dans le Mississipi, Sam Gilliam obtient une licence en beaux-arts à l’Université de Louisville en 1955 et décroche, après un séjour de deux ans dans l’armée, une maîtrise en peinture en 1961. Il s’installe ensuite à Washington où il devient professeur d’art dans un lycée, tout en poursuivant ses expérimentations plastiques. Après un bref passage dans la figuration, il franchit le pas de l’art abstrait en fréquentant le cercle de Washington Color School, un groupe d’artistes comprenant notamment Kenneth Noland, Morris Louis ou encore Thomas Downing.
Dans le sillage du Color Field Painting et de l’expressionnisme abstrait, il impose son style dans les années soixante en débarrassant ses toiles de leur support en bois, pour les suspendre du plafond ou les épingler aux murs. Sa série emblématique Drape (1968), avec ses toiles qui tombent comme des cascades de couleurs, représente la quintessence de son art. Dans une interview accordée au service de radiodiffusion NPR en 2018, il confie qu’il a été inspiré par le linge suspendu à une corde. À la manière de vêtements froissés, ses toiles dévoilent, par leur suspension, leur texture, leur matière et leur jeu d’ombres. Dans les années 1970, il s’éloigne de cette esthétique et commence à produire des collages géométriques qui évoquent les improvisations de jazz.
Une reconnaissance de plus en plus large
1972 marque l’année de sa consécration : la Biennale de Venise. Avec son œuvre Baroque Cascade, il devient le premier Afro-Américain à représenter le pavillon américain, aux côtés d’artistes emblématiques tels que Ronald Davis, Diane Arbus, Keith Sonnier, Jim Nutt, Richard Estes ou encore Walter Hopps. Il retourne à Venise en 2017, où il installe sa toile monumentale Yves Klein Blue dans l’entrée du Pavillon central, aux Giardini (jardins). « Sam incarnait un esprit vital de liberté, obtenu avec courage, férocité, sensibilité et poésie », a déclaré David Kordansky de la galerie Pace qui le représente.
Son travail est présenté dans les collections des plus grands musées internationaux, notamment le Metropolitan Museum of Art et le Museum of Modern Art de New York, l’Art Institute of Chicago, le Tate Modern de Londres et le Musée d’Art Moderne de Paris. « Sam Gilliam a transformé le support de la peinture et sa relation au contexte spatial et architectural dans lequel elle est vue », a souligné le galeriste.
Alors que le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden à Washington lui consacre une rétrospective depuis le 25 mai, la Fondation Louis Vuitton expose actuellement trois de ses toiles suspendues qui ponctuent le parcours de l’exposition « La couleur en fugue », où couleurs et supports s’inventent une liberté nouvelle en envahissant l’espace.