Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Mort de l’artiste Gérard Schlosser, pionnier de la Figuration narrative
Gérard Schlosser, considéré comme le pionnier de la Figuration narrative, est décédé le 10 août à l'âge de 91 ans. S'il s'est voué à la peinture dès les années 1950, c'est vers 1970 qu'il s'est tourné vers la photographie et le photomontage.
Le 10 août dernier est décédé Gérard Schlosser dans son sommeil à 91 ans. Né à Lille en 1931, le pionnier de la Figuration narrative a étudié à Paris l’orfèvrerie entre 1948 et 1951 à l’École des arts appliqués, avant de se diriger vers l’École des Beaux-Arts pour approfondir ses connaissances. En parallèle, il s’initie à la sculpture en autodidacte. Suite à la découverte bouleversante en 1953 de la représentation d’En Attendant Godot mise en scène par Roger Blin, il se livre définitivement à la peinture. Il se tourne vers la photographie et le photomontage vers 1970, période à laquelle il participe à l’exposition Mythologies quotidiennes 2 réalisée au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
Une œuvre beckettienne
L’œuvre de Gérard Schlosser est imprégnée du théâtre de Samuel Beckett, des titres de ses toiles jusqu’à leur trame narrative. « Quand chez Beckett, Vladimir mange un radis sorti de sa poche, Schlosser va retranscrire ce détail de mise en scène dans un tableau de 1963 intitulé J’aime mieux les radis. L’impression profonde laissée par cette découverte théâtrale va se traduire directement sur ses toiles par deux composantes qui resteront pour toujours sa marque : la phrase qui sert de présentation à chaque œuvre, et une focale toute personnelle, le gros plan », résume la galerie Strouk qui le représente. À l’instar des conversations aussi prosaïques que métaphysiques entre Didi et Gogo d’En Attendant Godot, la peinture de Gérard Schlosser suggère le quotidien par des représentations de loisirs ou de l’oisiveté.
Chaque peinture raconte une histoire
Gérard Schlosser est un pionnier de la Figuration narrative, un mouvement pictural né dans les années 1960 en France, qui s’oppose à l’abstraction. S’il revendique un retour à la peinture comme récit, son œuvre narrative s’inspire du cinéma. « Schlosser met en œuvre un story-board qui emmène les adeptes de l’art contemporain vers un univers sublime », rappelle la Galerie PetitJean à Lyon. Comme des petites scènes figées dans le temps et dans l’espace, chaque peinture raconte une histoire que le spectateur est libre d’imaginer. C’est le cas de la toile Il n’a rien dit, qui pourrait ramener le spectateur à un vieux souvenir personnel, sinon à un film de Rohmer ou à « Tropismes » de Nathalie Sarraute.
Dans son parcours artistique interviennent ensuite les photomontages : Gérard Schlosser travaille plusieurs clichés puis juxtapose des visions prises avec des profondeurs de champs différentes. En 2012, il innove et fait de son spectateur un voyeur : les toiles de Gérard Schlosser prennent des formes de trous de serrures. Une rétrospective 1957-2013 lui a été dédiée au Palais synodal de Sens et au musée des Beaux-Arts de Dole en 2013. La galerie Strouk a exposé son œuvre à trois reprises entre 2008 et 2017. L’année dernière, les Éditions In Fine ont publié un livre-objet d’art, intitulé De-ci, de-là dessins choisis (avec une édition collector limitée) qui réunit un ensemble de dessins inédits embrassant toute la carrière de l’artiste.