Heinrich Füssli (1741-1825) est un artiste atypique dans l’histoire de l’art européen. Célébré comme un des grands héros de la peinture outre-Manche, il a laissé derrière lui un nombre impressionnant de chefs-d’oeuvre que l’inconscient collectif a conservés, tant ceux-ci dénotent avec la rigueur néoclassique des tableaux de la même période. Suisse londonien, homme de lettres, esprit des Lumières et passionné de théâtre, Füssli est un artiste complexe qui fascine les esprits. Redécouverte par les surréalistes au début du xxe siècle, son oeuvre, peuplée de créatures hybrides, de fées, de personnages terrifiants et mystérieux, marque une rupture entre le classicisme et le romantisme.
Après une formation autodidacte à Rome pendant plusieurs années, Füssli entreprend à Londres une carrière artistique sur deux fronts. Accueilli dans la très officielle Royal Academy dès 1790, il s’impose sur le marché de l’art avec des oeuvres de plus en plus étranges. Pionnier du romantisme noir, fasciné par les rêves et les apparitions, ce « Shakespeare de la peinture » peint pour choquer le public, alors en pleine redécouverte du fantastique.
Présentant près de soixante peintures et dessins de l’artiste, l’exposition « Füssli, entre rêve et fantastique » aborde les thèmes principaux de son oeuvre, aussi spectaculaire qu’inquiétante, et souligne sa personnalité unique, bien différente des autres figures de la peinture en Grande-Bretagne à la fin du xviiie siècle.
Ce catalogue, qui accompagne et prolonge l’exposition, évoque le développement spectaculaire de la carrière de Füss-li depuis sa ville natale de Zurich jusqu’à Londres. Il montre son indéfectible lien avec le théâtre, et particulièrement avec l’oeuvre de Shakespeare, mais aussi son goût étendu pour les poésies de Milton, les mythes d’Homère ou encore les sagas nordiques.

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