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Alors que les années 1980 ont accueilli la génération des néo-géo, dont le leader, Peter Halley, bénéficie d'une grande exposition au Mudam à Luxembourg (jusqu'au 15 octobre 2023), se pourrait-il que nos années 2020 soient celles des plus-que-géo ? Qu'est-ce qu'être "plus que géo" ? C'est manier l'abstraction géométrique tout en s'emparant du réel le plus concret : circuits automobiles de Blair Thurman, mobilier de Sarah Braman, cachets, pastilles et comprimés de Beverly Fishman, et planètes de Lisa Beck. Carl D'Alvia, quant à lui, soumet la géométrie à l'épreuve de l'art baroque et de la BD, tandis John Phillip Abbott y glisse (presque) le récit de sa vie. Vertigineux.
Autre trouble, celui éprouvé devant les décors de carton plus vrais que nature photographiés par Thomas Demand dont on peut voir l'exposition au Jeu de Paume jusqu'au 28 mai 2023. On découvrira, à la lecture de son interview, et derrière ces images littéralement construites, toute l'insoupçonnée diversité de sa pratique.
La vidéaste Liv Schulman, elle aussi, construit des décors en carton, mais qui ne cachent par leur aspect bricolé, pour des "séries" qui nous désintoxiquent de Netflix. À voir jusqu'au 14 mai 2023 au Frac Bretagne à Rennes.
Mais n'avons-nous pas été déjà colonisés par Disney ? N'est-ce pas le modèle de Disneyland Paris qui s'est déployé à travers l'Île-de-France sous la forme de pastiches de rues de Paris plantés en pleine campagne ? Une réflexion que soulève l'exposition l'Architecture des réalités mises en scène, re(construire) Disney à Arc en rêve à Bordeaux, du 13 mai au 29 octobre 2023.
Autres mises en scène, celles des collections des grands musées : sur le thème de la Répétition, le Centre Pompidou-Metz interprète la collection du Musée national d'art moderne (jusqu'au 27 janvier 2025), tandis que le Musée Picasso de Paris a demandé à Paul Smith un décor qui invite à revoir les œuvres de la collection (jusqu'au 27 août 2023). Et parce qu'il y a aussi la réalité d'aujourd'hui, nous nous sommes intéressés à l'Atelier des artistes en exil qui accompagne des artistes contraints de fuir leur pays.
Enfin, on ne manquera pas, car il se déplace tout au long de ce printemps à travers la France, Erwan Keravec qui interprète le minimaliste Terry Riley à la cornemuse.
Les pages livres s'ouvrent sur Philippe Forest qui publie simultanément deux livres absolument nécessaires : rien moins qu'une histoire de la modernité, Rien n'est dit. Moderne après tout, et qu'une analyse d'une contemporanéité pesante : Déconstruire, reconstruire. La querelle du woke. Suivent un premier roman, l'Âge de détruire de Pauline Peyrade, Déjà les mouches de Matthieu Peck, Picasso tout contre Cocteau de Claude Arnaud, et l'évocation de deux de nos amis très chers récemment disparus, Georges Banu et Patrick Kéchichian, au travers de leurs ouvrages ultimes.
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