1. La guerre d’Espagne en photographies oubliées à Montpellier

Antoni Campañà, Départ des miliciens anarchistes et poumistes vers le front d’Aragon depuis la gare du Nord, 28 août 1936

Les expos, comme tout ce que j'aime, inspirent ce que j'écris à acheter ici

C’est une histoire digne de celle de Vivian Maier. 5 000 clichés du photographe catalan Antoni Campañà i Bandranas (1906–1989) ont été retrouvés il y a quatre ans, par surprise, dans une vieille maison barcelonaise sur le point d’être démolie. Sauvées in extremis de la ruine, ces images racontent la guerre d’Espagne (1936–1939) d’un homme qui connaissait parfaitement le terrain, et qui, sans adhérer aux valeurs de gauche et d’extrême gauche des républicains d’alors, a voulu raconter la guerre civile de son pays. Les trois commissaires de l’exposition (Arnau Gonzàlez i Vilalta, Plàcid Garcia-Planas Marcet et Toni Monné Campañà) soulignent : « Partant du principe que la guerre est l’expérience la plus absolue, à travers des milliers d’images, Campañà en relève les contradictions, sans concession à la propagande d’aucune partie, avec la recherche de la beauté totale comme prémisse. Là où il y a destruction, il cherche la vie ; là où il y a l’euphorie des uns il nous montre la terreur des autres ; parmi les ruines de Barcelone bombardée, se dessine le portrait de l’âme humaine. »

2. Tout un quartier dans l’œil d’un écrivain à Clichy-sous-Bois

Le Chêne Pointu. Ce joli nom aux allures campagnardes est celui d’un quartier de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), délabré au point qu’il a été souvent été désigné comme un « bidonville vertical » et pris pour décor du film Les Misérables de Ladj Ly. Voué à une complète restructuration, le Chêne Pointu disparaît donc… Sans sombrer dans l’oubli. Initié par l’ancien maire de la ville Olivier Klein, un vaste projet pluridisciplinaire tâche d’offrir aux 1 200 familles relogées la mémoire d’un lieu qui a été le leur. Aux manettes ? La commissaire Margaux Gillet et l’écrivain Éric Reinhardt (actuellement en librairie avec son roman Sarah, Susanne et l’écrivain chez Gallimard), lequel a grandi à Clichy-sous-Bois et convoque pour l’occasion quatre photographes, trois écrivains, le cinéaste Virgil Vernier, l’auteur de bande dessinée Cyril Pedrosa et le metteur en scène Mohamed El Khatib. Tous sont réunis au centre commercial du Chêne Pointu, le temps d’une exposition gratuite, et singulièrement poignante.

3. Quand les arts numériques se mettent au jardinage à Avignon

Lieu phare de la création numérique en France, le Grenier à sel d’Avignon inaugure en ce mois d’octobre un grand cycle d’expositions qui durera jusqu’en 2025, « Symptômes du vivant ». Visible à partir du 7 octobre, le premier volet veut faire écho au bicentenaire de la naissance du naturaliste Jean-Henri Fabre (1823–1915) en réunissant treize artistes autour du thème du végétal. Ceux-ci sont répartis en trois chapitres, révélateurs de différentes préoccupations poétiques, écologiques ou politiques : « célébrer », « conserver » et « recréer ». Soit une vingtaine d’œuvres au total, des vidéos de Sabrina Ratté aux sculptures en 3D de Donatien Aubert, qui dialoguent avec des herbiers anciens et interrogent notre perception de la nature face aux technologies. Stimulant !

4. À Montrouge, la jeune garde de l’art contemporain

67 éditions, et pas une ride au front : le Salon de Montrouge poursuit sa mission de défrichage sous le commissariat d’un duo, Guillaume Désanges (directeur du Palais de Tokyo) et Coline Davenne, qui a sélectionné 36 artistes, deux artistes invitées et un collectif. On notera notamment la présence de Chedly Atallah et ses sculptures interrogeant les changements géopolitiques du monde arabe, les bas-reliefs singuliers de Loucia Carlier, ou encore le sculpteur Frederik Exner et ses mythologies réinventées. Prescripteur, comme toujours, et décidément indispensable.

5. Trésors de comédiennes à Paris

Amateurs de beaux bijoux, vous connaissez très certainement l’École des Arts Joailliers de la rue Danielle Casanova, dont les expositions (toujours gratuites, toujours sublimes) retiennent régulièrement notre attention. Durant plusieurs mois, ses locaux seront en travaux : c’est donc au sein de l’hôtel de Mercy-Argenteau, boulevard Montmartre, que l’on se rendra cette fois-ci pour admirer de près les bijoux de la collection de la Comédie-Française. Portés par des comédiennes aussi célèbres que Sarah Bernhardt ou Rachel, ces trésors historiques sont ici montrés aux côtés de différentes archives : tableaux, dessins, manuscrits… Canon !

Mise à jour du 5 octobre : l’ouverture de l’hôte de Mercy-Argenteau et de l’exposition « Bijoux de scène de la Comédie-Française » initialement prévue le 6 octobre est reportée à une date prochaine qui sera communiquée ici.