Regarder le passé commun en face – ses grands moments comme ses heures les plus sombres – pour mieux se tourner vers l’avenir : c’est le mantra d’Emmanuel Macron depuis son accession à l’Élysée, en 2017. Mais comment faire quand les héritiers de ce passé se dérobent ? Pour célébrer le quatre-vingtième anniversaire du débarquement des Alliés en Provence, ce jeudi 15 août, l’Élysée avait lancé des invitations tous azimuts à l’adresse des dirigeants des pays africains dont les soldats ont pris une part cruciale à la libération de la France. Au final, très peu ont répondu à l’appel.
En conflit ouvert avec Paris, le Mali et le Niger ont brillé par leur absence. Furieux du soutien de Paris au Maroc sur la question du Sahara occidental, l’Algérie a également boudé la cérémonie. Le Sénégal, pays qui doit son nom aux milliers de tirailleurs venus d’Afrique de l’Ouest, n’était représenté que par son ministre des armées. Ni son jeune président, ni son premier ministre, deux panafricanistes déclarés, n’ont fait le déplacement.
Résultat, c’est le doyen des dirigeants de l’Afrique francophone, le président du Cameroun, Paul Biya, qui s’est exprimé au nom de ses pairs africains, lors de cette commémoration. Au pouvoir depuis 1982, plus connu pour ses absences du pays que pour sa gouvernance dynamique, il incarne de manière caricaturale la vieille garde. Désireux de tourner la page de la Françafrique, Emmanuel Macron se heurte une fois de plus au poids de ce passé poisseux qui ne passe pas. Même aux yeux de la nouvelle génération des dirigeants africains, née après la décolonisation, mais qui demande toujours des comptes à la France.
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