Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
J'ai vu la semaine dernière: un immeuble Félix Potin
On vous parlait il y a peu de la fulgurante ascension de l’épicier d’Arpajon Félix Potin, dont les innovations en matière de grande distribution laissent encore des traces aujourd’hui. Mais Félix Potin, c’est aussi un ensemble de bâtiments à l’architecture singulière et grandiose ! Tour d’horizon de ces quelques pépites architecturales.
L’immeuble de la rue de Rennes
Ouvert en 1904, le magasin de la rue de Rennes se situe au numéro 140, à l’angle avec la rue Blaise-Desgoffe. Premier d’une longue série, cet édifice lance la tradition des immeubles de la Maison Félix Potin toujours situés à l’angle d’une grande avenue pour qu’on les repère de loin et toujours somptueux et imposants pour attirer la clientèle. Même sans connaître l’histoire des épiceries Félix Potin, nous avons tous déjà été curieux de connaître l’origine de cet immeuble à l’architecture si singulière. Haut de 10 étages, il termine son ascension avec une petite tour, que l’on appelle dans le jargon architectural un « campanile », c’est-à-dire un petit clocher éclairé la nuit. D’ailleurs, il vous est possible encore aujourd’hui, grâce à la restauration dont a bénéficié le bâtiment en 2018 de voir le campanile illuminant par ombres chinoises le nom de « Félix Potin ».
Construit par l’architecte et designer marseillais Paul Auscher, le magasin alimentaire de la rue de Rennes est le premier composé de béton armé et le premier également à mêler ce matériau, innovant pour l’époque, à des pierres de taille. Cette recherche de l’innovation illustre également le génie précurseur de Félix Potin dans la grande distribution. Le bâtiment a une architecture généreuse, faite de courbes et d’arabesques, de balcons arrondis de style Art Nouveau. Ce côté farfelu et orné rappelle les bâtiments imaginés par Hector Guimard.
L’usine de la rue de l’Ourcq
Dans un tout autre style architectural, direction la Villette pour découvrir l’usine Félix Potin. Ici, les deux critères de l’édifice précédent sont aussi de mise : un monument impressionnant par sa taille et une position géographique stratégique, à l’angle de la rue de l’Ourcq. Au-delà d’être situé à un angle, la position est très judicieuse pour l’époque ; la Villette aussi appelé le « bagne ouvrier » n’a alors pas une réputation très salubre, mais il s’agit d’un des endroits les mieux desservis dans la capitale. Jusqu’en 1914, le port de la Villette est le premier port fluvial de France et l’usine se situe à proximité des gares de Belleville-La-Villette et de Paris-Abattoirs, aujourd’hui désaffectées mais noyau du commerce à la fin du 19e siècle.
Félix Potin achète le terrain en 1861 et y fait construire 4000 mètres carrés de locaux pour y transformer les produits bruts qu’il achète. L’usine produit aussi bien du sucre en morceaux que des conserves de légumes en passant par du café et des liqueurs. L’usine loge aussi une partie de son personnel !
De l’épicerie de la rue Neuve-Coquenard à La Poivrière
À propos de la toute première épicerie qu’ouvre Félix Potin dans le 9e arrondissement, son gendre dira qu’elle « n’était qu’une boutique au sens vulgaire du terme. La façade était flanquée de larges tonneaux contenant les pruneaux et les olives. » Nous voici donc loin de ce dernier bâtiment, surnommé la Poivrière en raison de son dôme hallucinant ! Quand le Baron Haussmann, alors préfet de la Seine, est chargé de transformer l’apparence de la ville, Félix Potin saute sur l’occasion pour déplacer sa petite épicerie de la rue Neuve-Coquenard à l’angle du boulevard de Sébastopol et de la rue Réaumur, nouvellement percés. Un peu plus tard, dans les années 1910, le bâtiment est reconstruit intégralement : il laisse place à la magnifique rotonde que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Œuvre de Charles Lemaresquier, architecte entre autres de l’Hôpital Sainte-Anne, le bâtiment devient le siège de la Maison Potin. De style néo-baroque, la bâtisse en ciment armé est splendide, ornée de détails qui foisonnent sur la façade et coiffée d’un dôme parmi les plus impressionnants de la rue Réaumur, pourtant réputée pour ses somptueux édifices.
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