Le commandant en chef des armées du Liban, Joseph Aoun, a été élu aujourd’hui président de la République, pour un mandat de six ans. Il a prêté serment devant les députés, qui l’ont élu à 99 voix sur 128 à l’issue d’un second tour. À la tête des forces armées libanaises depuis 2017, Joseph Aoun, 60 ans, a commencé sa carrière dans l’armée dans les années 1980 et n’a jamais occupé de fonction politique. Son élection met fin à une vacance de la présidence de plus de deux ans. « Aujourd’hui marque le début d’une nouvelle ère pour le Liban », a déclaré Joseph Aoun dans son discours d’investiture. Il s’est engagé à « lancer rapidement » des consultations afin de former un gouvernement. Il a dit vouloir mettre en place une « administration moderne et efficace », lutter contre la pauvreté et le chômage et assurer à l’État « le monopole des armes ». Le Liban est le théâtre d’un conflit entre l’armée israélienne et le Hezbollah, un mouvement politique et armé libanais, depuis les attaques du 7 octobre 2023.

Le Liban n’avait plus de président depuis la fin du mandat en octobre 2022 de Michel Aoun – sans lien de parenté avec Joseph Aoun. Cette vacance s’explique par plusieurs facteurs, dont l’incapacité des forces politiques du Parlement monocaméral à s’accorder sur un nom lors des multiples votes ayant eu lieu jusqu’en juin 2023. Parce qu’il impose un quorum, le mode de scrutin permet de paralyser le processus électoral. Ainsi, les députés de l’alliance menée par le Hezbollah ont bloqué les scrutins en se retirant du processus. Le Liban a connu plusieurs vacances de la présidence, la précédente s’étant étendue de 2014 à 2016. Le conflit entre le Hezbollah et l’armée israélienne a également retardé l’échéance d’un nouveau scrutin. Aujourd’hui, les députés de l’alliance du Hezbollah ont voté blanc au premier tour avant de se rallier à la candidature de Joseph Aoun. Cette candidature était soutenue par plusieurs pays étrangers, dont la France et les États-Unis.

Outre les difficultés politiques, le Liban fait face à plusieurs crises. La guerre entre le Hezbollah et l’armée israélienne s’est intensifiée sur son sol en septembre avant l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu fin novembre. Depuis 2019, le pays connaît une importante crise économique et financière, exacerbée par la pandémie de Covid-19 puis par l’explosion du port de Beyrouth, la capitale, en 2020. Le PIB (la production totale de biens et de services) s’est contracté de plus de 38 % entre 2019 et 2024, selon la Banque mondiale, une institution financière internationale. Le taux d’inflation est passé de près de 3 % en 2019 à plus de 221 % en 2023, selon l’institut national de statistiques CAS. Le pays a connu dans les années 2010 un afflux de réfugiés syriens : il en accueille 1,5 million sur une population d’environ 5,5 millions de personnes, rapportait en décembre le HCR, l’agence de l’ONU pour les réfugiés.