À 300 kilomètres au nord-est de Rome, la région des Marches longe la côte Adriatique. Son chef-lieu, Ancône, et à une vingtaine de kilomètres se tient la petite ville de Lorette, qui compte un peu plus de 10 000 habitants. Et des millions de pèlerins, qui viennent chaque année demander une grâce à la Vierge Marie ou la remercier pour les dons reçus. Environ 2,5 millions de pèlerins se rendent chaque année à Lorette ; dans les années 1990, ils étaient jusqu’à 5 millions. Après les Italiens, la majorité sont des Polonais, comme l’explique le père Janvier Agueh, vice-recteur de la basilique, qui dit en accueillir plus de 3 000 par semaine.
La « Sainte Maison » de Lorette fut le premier sanctuaire international consacré à la Vierge Marie et fut, pendant près de trois siècles, le principal centre de pèlerinage en Occident, devant Rome et Saint-Jacques-de-Compostelle. Jean-Paul II l’a qualifié, en 1979, de « premier sanctuaire marial élevé sur la terre italienne », rappelle Giuseppe Santarelli, historien spécialiste de la Sainte Maison et ancien directeur de la congrégation universelle de la Sainte Maison. Pourquoi ? « Parce qu’elle abrite la maison de Marie de Nazareth, c’est entre ces trois murs – le quatrième étant l’un des murs de la grotte de l’Annonciation de Nazareth – qu’a été conçue Marie, immaculée, fiancée à Joseph et qu’elle a reçu l’annonce angélique », détaille Giuseppe Santarelli.
Selon la Tradition, c’est l’ange Gabriel qui aurait ensuite apporté la Sainte Maison à Lorette, la nuit du 9 au 10 décembre 1294. « Selon les études historiques, les murs auraient été transportés par des chrétiens, pour éviter leur profanation pendant les croisades », poursuit l’historien.
Une forteresse pour protéger la Sainte Maison
Une fois à Lorette, une forteresse a été érigée autour de la Sainte Maison, pour la protéger des vols. C’est seulement au XVIe siècle que le pape Jules II envoie son architecte, Donato Bramante, qui venait d’entamer les travaux de la chapelle Sixtine, pour construire une basilique. Sa construction dure plus d’un siècle. Au fil des années les pèlerins ont, eux aussi, laissé leurs empreintes dans la basilique. Un impressionnant chemin s’est dessiné dans le marbre autour de la Sainte Maison, suite aux nombreux passages de fidèles faisant le tour de l’édifice à genoux.
Des chapelles pour chaque pays ont été construites dans la nef de la basilique. « Avant le concile Vatican II, les prêtres ne pouvaient pas concélébrer les messes, donc il devait y avoir des chapelles pour chaque pays », précise le père Agueh. « Chaque chapelle a été construite en fonction de l’architecture ou de l’histoire des pays », poursuit-il, donnant l’exemple de la chapelle polonaise. Sur les vitraux est racontée l’histoire incroyable du bombardement de la basilique par les Allemands pendant la guerre et de son incendie. « Les Allemands pensaient que des soldats polonais se cachaient dans la maison sainte, ils ont voulu la bombarder et miraculeusement, c’est la basilique qui a été touchée épargnant la maison sainte », raconte le vice-recteur. Aujourd’hui, seules deux chapelles sont encore fonctionnelles, la française où l’on dépose la sainte réserve et l’espagnole pour l’adoration.
C’est le renommé peintre et architecte français Charles Lameire qui a peint les fresques de la chapelle française, en 1896. Le Triomphe de la Croix, en hommage à Saint Louis, à de nombreux saints français mais aussi à Jeanne d’Arc. Le tout avec des couleurs et des dorures baroques.
Pour le Jubilé, la basilique de Lorette fait office de sanctuaire jubilaire, comme la basilique de Saint-François d’Assise ou celle de Padoue. C’est-à-dire qu’on peut y recevoir l’indulgence plénière. Comme événement à retenir : le 25 août, de nombreux événements seront organisés pour la Saint-Louis.
|