Un vent de renouveau souffle chez Peugeot dont l’emblème du lion s’apprête à fêter son bicentenaire. Présenté en grande pompe par Jean-Marc Gales, directeur des marques de PSA, le nouveau projet de marque de la maison franc-comtoise s’intègre dans un ambitieux plan de conquête des marchés internationaux et de revitalisation de son identité. Ce Peugeot new-look se symbolise par le développement d’un programme de mobilité inédit baptisé Mu, une charte graphique s’affranchissant du fond bleu, un lion affichant une posture plus dynamique et mariant le chrome et le mat, et, enfin, une nouvelle signature esthétique. C’est évidemment le volet le plus excitant de ce lion à l’appétit décuplé. Pour mettre en mouvement sa stratégie, le constructeur a eu recours à l’exercice du concept car. Prévue initialement à Francfort en septembre dernier, l’étude SR1 marque le début d’un nouveau cycle et traduit la volonté de rompre avec des codes visuels définis sous la houlette de Gérard Welter. Comme tous les constructeurs à un moment de leur vie, le sage constructeur de Sochaux n’est pas épargné par une crise existentielle. Une sorte de révolution où l’on remet à plat ses valeurs et où l’on s’interroge sur sa façon de parler aux automobilistes. BMW a connu la sienne au début du XXIe siècle tandis que Renault et Jaguar sont en train de la vivre. Cette remise en question est une nécessité tant le design est devenu la principale motivation d’achat des automobilistes.
Alors que la philosophie esthétique de son cousin Citroën paraît limpide et en adéquation avec son ADN, c’est peu dire que l’austère maison sochalienne s’était enfermée dans des dérives caricaturales. Révélé en 2003 à travers le concept 407 Elixir, le style actuel qui connut son heure de gloire est désormais à bout de souffle. L’exemple le plus flagrant est la 407 qui masque difficilement ses 5 ans. Exit donc le museau ultra-agressif symbolisé par une bouche béante et les porte-à-faux démesurés. La félinité revendiquée et assumée des Peugeot actuelles doit désormais s’exprimer autrement. Cette remise en cause menée depuis plus d’un an par Jean-Pierre Ploué, patron du style de PSA Peugeot Citroën, dans un climat agité par les changements de direction, aboutit à un certain retour aux sources. Xavier Peugeot, directeur du marketing et de la communication, le reconnaît : « Le langage de formes des Peugeot doit exprimer l’élégance, l’allure et la technologie. » En quelque sorte, Peugeot négocie un virage qui le ramène à son passé, celui des grandes heures du partenariat avec Pininfarina, qui virent éclore des modèles emblématiques comme la 404, la 504 et les coupés 504 et 406.
Décoiffante, l’étude SR1 trace donc le futur de la marque. Si Gilles Vidal, le complice de Jean-Pierre Ploué, bombardé patron du style de la marque, affirme que ce concept de roadster haut de gamme de 4,40 mètres de long, qui fait référence au premier regard à une Aston Martin dont Jean-Pierre Ploué est un fervent adepte, à une Fisker ou à une BMW Série 6, n’a pas vocation à voir le jour, il donne cependant par ses détails des pistes quant à l’orientation du design, sans doute beaucoup plus équilibré et empreint de distinction que par le passé. Riche d’enseignements pour la grande série, SR1 étrenne une nouvelle calandre plus petite et aux contours flottants. Les flancs très travaillés et cintrés servent à exposer les efforts du constructeur en matière d’allègement. Thème cher à Peugeot, le dynamisme s’exprime à travers un long capot sculpté, des entrées d’air largement échancrées dans le bas de la calandre, des projecteurs et des rétroviseurs fuselés et des ailes musclées. Le traitement de la poupe, plus singulier, intègre des feux en forme d’épingle empiétant sur les ailes et un volet de malle rebondi.
Parmi les autres innovations que l’on retrouvera sur la grande série, il faut signaler la nouvelle ergonomie intérieure. L’habitacle se débarrasse enfin de la console centrale actuelle truffée de boutons pour un système de centralisation des commandes. Cet effort de simplification s’accompagne d’une direction flottante reliée à l’écran tactile par une arche orientée vers le conducteur. « Un concept qui n’est pas gratuit », avise Gilles Vidal.
Pour entraîner ce concept quatre roues motrices posant les fondements d’un style éminemment équilibré, Peugeot a fait appel à la technologie hybride appliquée en série sur la Peugeot 3008 et la Citroën DS5 dès 2011. Le moteur essence 1,6 litre de 218 ch est associé à un moteur électrique de 95 ch placé à l’arrière. Ainsi gréé, SR1 fonctionne en mode électrique en ville. Si SR1 sera dévoilé au public lors du Salon de Genève en mars prochain, le premier modèle de série à inaugurer le nouveau lion sera la 308 RCZ lancée au printemps prochain. Pour retrouver des éléments de la radicale évolution de style dévoilée par SR1, il faudra attendre l’automne et la présentation de la remplaçante de la 407. Ce véhicule plus grand et à l’habitabilité proche d’une 607 pourrait renouer avec la série des 500 abandonnée depuis la 505.