dans ma lecture de l'"Histoire de la Beauté" d'Umberto Eco, p. 41:"Kalon" grec est tout ce qui plait
http://www.babelio.com/livres/Eco-Histoire-de-la-beaute/4...
Elizabeth Belfiore du même auteurUniversité de Minnesota.
Traduction de l’anglais (américain) : Sophie Klimis.
Chacun sait que la Poétique d’Aristote ne parle pas de l’effet moral produit par la tragédie sur son public, contrairement à la République de Platon. Néanmoins, nous avons de bonnes raisons de supposer que dans cette œuvre, Aristote considère la tragédie comme moralement bénéfique. Aristote répond à l’accusation de Platon, selon laquelle la poésie mimétique représente des personnages aux caractères corrompus (Rép. X, 604 e - 606 b), quand il subordonne le caractère à l’intrigue (Poét. 6, 1450 a 15 - b 4) et établit que la tragédie doit représenter les actions d’hommes de qualité qui commettent des erreurs, plutôt que celles d’hommes mauvais (13, 1453 a 7-10). De plus, comme Léon Golden l’a montré, prendre plaisir à l’imitation, c’est apprendre, et, dans une certaine mesure, s’engager dans la contemplation philosophique (4, 1448 b 10-17), qui est une activité suprêmement vertueuse (Éth. Nic. X, 7-8)[1] [1] Voir Golden (1976) et (1992), pour l’interprétation...
suite. Le fait que la tragédie s’adresse à un public meilleur que celui de l’épopée (Poét. 26), suggère aussi qu’elle est moralement bénéfique. Enfin, la katharsis tragique, quelle que soit l’interprétation qu’on en donne, doit être bénéfique au sens où elle supprime ou améliore les éléments nuisibles dans l’âme[2] [2] J’ai discuté ces questions dans Belfiore...
suite. Si nous acceptons l’hypothèse du bénéfice éthique de la tragédie, nous pouvons aller plus loin et déduire que ce bénéfice est en grande partie produit au moyen des émotions que la tragédie suscite : la pitié et la crainte. Dans mon livre Tragic Pleasures, j’ai soutenu, en suivant Carnes Lord et Richard Janko, que l’une des fonctions des émotions tragiques était de s’opposer au thumos sans frein ( « cœur » )[3] [3] Belfiore (1992), chap. 10, et tout particulièrement...
suite. De la sorte, j’ai défendu une interprétation allopathique de la katharsis, d’après laquelle la pitié et la crainte tragiques suppriment les émotions qui leur sont opposées, c’est-à-dire les émotions agressives, impudentes et hybristiques, autrement dit les émotions associées à un thumos excessif. Ainsi, la tragédie aide à produire l’état émotionnellement modéré de l’aidôs ( « pudeur » ). L’expression tôn toioutôn pathèmatôn ( « des émotions de ce genre » ), dans la définition de la tragédie (6, 1449 b 27-28), constitue un problème à la fois pour l’interprétation allopathique et pour la perspective homéopathique, d’après laquelle la pitié et la crainte suppriment l’excès de pitié et de crainte. Toutefois, mon interprétation a l’avantage de la vraisemblance. Il est probable que le public de la tragédie – surtout des hommes grecs entraînés à être en compétition et agressifs –, ait souffert d’un excès de thumos plutôt que d’un excès de pitié et de crainte[4] [4] Belfiore (1992), p. 260-278, et chap. 10. ...
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