Bruges, entre patrimoine et utopie
Comment penser une ville ancienne, et protégée par l’Unesco, au XXIe siècle ? C’est la question posée aux artistes et architectes par cette nouvelle Triennale de la ville de Bruges, qui confronte patrimoine, urbanisme, économie et écologie.
« Nous sommes même allés quelque peu dans la provocation, commente l’un des deux commissaires de l’événement, Michel Dewilde, en posant cette question aux créateurs invités à réaliser la quinzaine d’œuvres en extérieur : Que ferait la ville si les cinq millions de touristes venant la découvrir chaque année décidaient d’y rester ? » Celle que l’on appelle « la Venise du Nord », chef-lieu de la province de Flandre Occidentale, attire en effet de nombreux visiteurs par son architecture gothique, mais souffre en parallèle d’une image passéiste. Dès son élection en 2012, le maire Renaat Landuyt a voulu redynamiser sa ville et l’inscrire dans la continuité des triennales commencées dans les années 1960. Y avaient participé des artistes aussi réputés que Marcel Broodthaers ou Panamarenko, dans une vision de triennale internationale, avant qu’un changement de municipalité n’y mette fin. Aujourd’hui, les édiles tournent le dos à Bruges-la-Morte, célébrée par l’écrivain Georges Rodenbach et devenue modèle du Symbolisme belge, pour lancer une réflexion teintée d’utopie. Car dans cette cité entièrement protégée, du moindre lampadaire au paysage environnant, chaque installation d’art contemporain, même temporaire, nécessite les autorisations du pays, avant que les dossiers ne soient envoyés à l’Unesco. « C’est donc pour bousculer cette image de musée à ciel ouvert, poursuit Michel Dewilde, en poste au Cultuurcentrum de Bruges et qui avait été formé par Jan Hoet, l’ancien directeur du S.M.A.K de Gand, que le point fort de l’événement se concentre dans les projets en extérieur. Nous avons demandé à des architectes ou des artistes sensibles aux thématiques urbaines comment serait Bruges si la ville était une mégalopole, et nous avons logiquement regardé du côté de l’Asie, où ces problèmes de densité de populations et d’écologie sont particulièrement accrus. »
Lire la suite dans le Magazine Connaissance des Arts juillet-août 2015