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A lire - Page 104

  • Catégories : A lire

    Jean-Claude Pirotte, "Ajoie"

    Jean-Claude Pirotte possède plusieurs cordes à son arc ou plutôt à sa lyre. Il est peintre, auteur de romans, de poèmes, de chroniques, ne dédaignant pas des horizons d'écriture fort différents comme le récit, le conte ou l'essai. Si les éditions Le temps qu'il fait et La table ronde se partagent une grande partie de son œuvre, encore faut-il y ajouter d'autres noms emblématiques : Le Castor Astral, Le Taillis Pré, Stock, L'Escampette, Le Cherche Midi etc. Cette reconnaissance éditoriale s'accompagne de prix prestigieux couronnant autant la prose que la poésie (Apollinaire, Kowalski, des Deux Magots, Valery Larbaud, Marguerite Duras).

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  • Catégories : A lire

    AMERICA

     

      Collection Poésie/Gallimard

      William Cliff (né à Gembloux en 1940) est l'un des poètes les plus singuliers de l'actuel champ poétique belge. Usant d'une forme ostensiblement classique, il réussit, par les situations et les thèmes abordés, à créer de parfaits objets de scandale. Il a le verbe violent et voyou, l'inspiration à l'affût des désirs quotidiens, en tous lieux et en tous pays.
      Les voyages, avec leur part d'errances et de rencontres imprévues, donnent le mouvement et le cadre de ce livre double qui vagabonde et passe du continent américain aux contrées d'Asie. Ainsi America est composé de poèmes inspirés par deux longs séjours en Amérique du Sud et deux voyages aux États-Unis. « Tavalera » décrit en alexandrins la traversée vers l'Amérique du Sud à bord d'un cargo allemand qui porte ce nom. Puis viennent « Montevideo » et « Cone Sud ». William Cliff évoque les plages, les bidonvilles, ses brèves rencontres homosexuelles. Dans les deux dernières parties, « Philadelphie » et « Cape Cod », il raconte les étapes de son périple aux États-Unis. Dans cette déambulation de poète voyageur, William Cliff est à son meilleur. Le Nouveau Monde lui inspire des images aussi désolées que l'Ancien. Il est désespéré, grinçant, funèbre et malgré tout drôle. Dès les premières pages, on reconnaît un ton, une allure, une désinvolture révoltée qui n'appartiennent qu'à celui qui avoue pratiquer l'alexandrin « comme on gratte dans son nez pour s'occuper ».
      William Cliff : un dynamiteur de pensées molles et de comportements convenus, un maître du langage impeccablement dévoyé.

    http://www.gallimard.fr/catalog/html/actu/index/index_poetes.html

  • Catégories : A lire

    Cingria et la splendeur du monde

    Une nouvelle édition des « Œuvres complètes » permet de redécouvrir le Suisse Charles-Albert Cingria, écrivain majeur du XXe  siècle.

    Oeuvres completes ŒUVRES COMPLÈTES Charles-Albert Cingria Éditions L'Âge d'Homme , 1148 pages , 74 € acheter
     

     

    ŒUVRES COMPLÈTES
    de Charles-Albert Cingria
    sous la direction de Alain Corbellari, Maryke de Courten, Pierre-Marie Joris, Marie-Thérèse Lathion et Daniel Maggetti.
    Éditions L'Âge d'homme. Tomes 1 et 2 : Récits 1 148 p., et 1 118 p., 74 € chacun.

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  • Catégories : A lire

    L'humaniste européen

    Connais-toi toi-même...Et fais ce que tu aimes

    de Lucien Jerphagnon

    Editeur : Albin Michel (Editions) Parution : 1 Février 2012 Commandez avec 5% de remise sur Fnac.com - livraison gratuite

    résumé du livre

    Lucien Jerphagnon a publié tout au long de sa carrière nombre de textes enlevés : des articles grand public ou savants, légers et polémiques, drôles et inattendus. Ce livre se veut un choix des meilleurs inédits du Maître sur l'Antiquité, relus et retravaillés par ses soins. Lucien Jerphagnon nous entraîne de page en page à voir avec leurs yeux ce que voyaient les Anciens. Quoi qu'il traite, il nous entretient avec bonheur de la sagesse et de la mystique chez les Grecs et les premiers chrétiens. Car, pour Lucien Jerphagnon, il en va toujours de la recherche du Bien suprême - un Bien suprême qui n'exclut ni le rire ni l'humour. 'Connais-toi toi-même '- phrase reprise de la devise qui ornait le fronton du temple de Delphes, et dont Socrate a fait son leitmotiv, est le vade-mecum parfait de ceux pour lesquels l'esprit n'a pas d'âge et appartient à tous les siècles, à aujourd'hui comme à demain.

    http://www.evene.fr/livres/livre/lucien-jerphagnon-connais-toi-toi-memeet-fais-ce-que-tu-aimes-699894.php

  • Catégories : A lire

    Précieux langage

    Fou Forêt

    Considérations buissonnières sur le français et les Lettres

    Dans la foulée de L'Étrangleur de perroquets, de Baraliptons (en 2007), puis de L'Olifant, Philippe Barthelet, qui ne fait rien comme les autres, poursuit cahin-caha son « Roman de la langue». Familier de  Joseph de Maistre, de Dominique de Roux, exégète d'Ernst Jünger, il nous livre aujourd'hui de nouvelles considérations buissonnières, tout en mordant les nouveaux « miliciens de la langue ». Dieu merci, Barthelet n'est pas seul. Richard Millet, Andreï Makine, François Taillandier, Benoît Duteurtre, Jean Clair et le regretté Jean Dutourd, parmi d'autres, sont bien là, à ses côtés. il met les pieds dans le plat (et on l'accompagne) du « politiquement correct », fondé sur cette « hypocrisie imparable : le respect des minorités», d'où une «langue entortillée de niais euphémismes, de plates périphrases et d'ineptes circonlocutions». En un mot : châtrée. Un peu plus loin : « "La correction politique" est faite aussi pour les chiens. » On approuve.

    « L'espérance est une lacune de la fatalité »

    De même pour ses attaques, toujours empreintes d'une certaine élégance, contre les gargarismes de la francophonie officielle (« La francophonie est bonne pour les goujats.») Au besoin, il appelle à la rescousse les anciens qu'il admire, comme Boileau, ou, plus près de nous, le grand Suisse Charles-Albert Cingria, qui déclarait que la langue doit être «fine, donc alexandrine, itinérante, aimable, scientifique, sensible, pleine de ménagements de la raison et du coeur... ». Mais Barthelet n'est pas que force ni que rage. Sa qualité est d'aimer d'amour et de défendre le français, à l'heure où la langue et la littérature sont menacées par « la fatalité du commerce, toujours entre négoce et négociation ». Il rend hommage aux poètes emprisonnés (Apollinaire, Théophile de Viau...), au vin des poètes chanté par Raoul Ponchon, Rûmi, Rabelais, et nous parle de méthyologie, science mise au point par Lichtenberg, qui explique ce que l'homme peut dire ou écrire sous éthylisme.

    En revanche, on a bien du mal à le suivre quand il évoque la « grâce d'un chant inimitable » des Poèmes de Fresnes de Robert Brasillach, avant, justement, le coup de grâce, épuratif, millésime 1945. Comme quoi les muses ne sont pas toujours fertiles. Y compris pour Eluard, qui avait loué le « cerveau d'amour » du camarade Staline, en 1950. On préférera Barthelet quand il réhabilite les Précieuses (qu'on écrivait Prétieuses au Grand Siècle) et leur gosier. Sans doute ce qui le pousse à aphoriser, ici ou là. Comme cette sentence que l'on retiendra, sans peine : «L'espérance est une lacune de la fatalité. »

    THIERRY CLERMONT

    Fou Forêt, de Philippe Barthelet (Pierre-Guillaume de Roux, 2012

    http://www.pgderoux.fr/fr/Livres/Fou-Foret/32.htm

  • Catégories : A lire

    Le palmarès des classiques

    Palmarès des ventes : Maupassant superstar

    Palmarès des ventes[...]évalué le nombre réel d'exemplaires vendus par nos auteurs classiques[...]en mesure de fournir ce «classement des classiques», palmarès inédit établi sur les sept dernières années, toutes catégories confondues[...]liées aux «prescriptions» scolaires, mais tous les auteurs de ce palmarès[...]dans les ...

     
    Fig litt
  • Catégories : A lire

    Job de Joseph Roth, roman d'un homme simple

     

    d'Ormesson, Jean
    14/03/2012 | Mise à jour : 17:27


    Une nouvelle et excellente traduction de  Job , de Joseph Roth, chef-d'œuvre d'humanité.

     

    Il y a (au moins) deux Roth dans la littérature contemporaine. Le plus connu des deux est aujourd'hui Philip Roth, l'auteur américain de Goodbye Colombus, de Portnoy et son com­plexe, de La Tache. Soi...
     
  • Catégories : A lire

    La maison du lys tigré

    Stuart Font, jeune et beau propriétaire londonien, se pose plusieurs questions. A-t-il eu raison d’inviter tous les occupants de son immeuble à sa pendaison de crémaillère ? Et s’il invite sa maîtress... » Lire la suite...
    • Roman | broché | Des Deux Terres Eds | février 2012

    http://recherche.fnac.com/Search/SearchResult.aspx?SCat=2%211&Search=LA+Maison+du+lys+tigr%C3%A9&sft=1&submitbtn=Ok

  • Catégories : A lire

    "Les Baisers", de Serge Bramly

    le Lundi 13 Février 2012 à 10:55

    • L’occasion de découvrir, ou d’offrir, le très beau livre de l’écrivain Serge Bramly sur l’histoire du baiser dans l’art.

    " Les baisers " de Serge Bramly (Détails) © Flammarion

    150 chefs-d’œuvre qui évoquent l’amour mais aussi la sensualité et la passion.

    • Les Baisers, de Serge Bramly et Jean Coulon est publié par Flammarion (253 p., 29,90E)
    • Note : ****
    Mot de l'éditeur

    Symbole de la passion amoureuse ou de l'amour maternel, mais aussi de la transgression et de la mort, l'échange de baiser est largement représenté, des décors antiques aux formes les plus variées de l'art contemporain. Baisers illustre les plus grands thèmes mythiques, comme la rencontre d'Anne et Joachim à la Porte dorée, les amours de Jupiter, celles de Roméo et Juliette, de Paolo et Francesca, etc.
     
    Cet ouvrage rassemble plus de 200 chefs-d'œuvre, d'Hokusai au Corrège, de Jérôme Bosch à Andy Warhol, de Brancusi à Picasso.
     
    Le texte érudit de Serge Bramly, à la fois analytique et évocateur, est nourri de descriptions et d'anecdotes poétiques.

    http://www.franceinfo.fr/livre/le-livre-du-jour/les-baisers-de-serge-bramly-526709-2012-02-13

  • Catégories : A lire

    Rêverie de gauche

    Rêverie de gauche

     

    de Régis Debray

    Editeur : Flammarion Parution : 14 Mars 2012 Commandez avec 5% de remise sur Fnac.com - livraison gratuite

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    • Genre : Actualité
    • Editeur :
      Flammarion
    • Parution :
      14 Mars 2012
    • Prix editeur :
      9€50
    • Pages : 102p.
    • Isbn : 9782081282421

    résumé du livre

    La victoire aux élections ? Oui, tant mieux. Et puis après ? Préparer un autre avenir, c'est aussi engager les leçons du passé. Régis Debray se prend à rêver. Il vagabonde dans l'histoire, récente et lointaine. Et c'est stimulant, cocasse et lucide.

    http://www.evene.fr/livres/livre/regis-debray-reverie-de-gauche-878408.php

  • Catégories : A lire

    E. Terray, Penser à droite

    Parution livre

    Information publiée le jeudi 22 mars 2012 par Marc Escola



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    Penser à droite
    Par Emmanuel Terray


    Paru le: 23 février 2012
    Editeur: Galilée
    Collection: débats
    ISBN: 978-2-7186-0861-7
    EAN: 9782718608617
    Nb. de pages: 161 pages

    Prix éditeur : 25,00€

        
    La pensée de droite est diverse et changeante ; elle varie selon les courants entre lesquels elle se partage, selon les secteurs de la vie sociale où elle s'énonce, selon les interlocuteurs auxquels elle s'adresse.

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  • Catégories : A lire, La littérature, Voyage

    Qu'est-ce qu'une robinsonnade?

    Par Sylvain Tesson Publiéle 15/03/2012 à 16:47

    La montagne du rempart à l'île Maurice. Un songe dans l'océan.
    La montagne du rempart à l'île Maurice. Un songe dans l'océan. Crédits photo : GIOVANNI SIMEONE / SIME/Le Figaro Magazine
     

    Les îles ont toujours été une aubaine pour les écrivains. Et dans les temps difficiles, elles attirent plus que jamais l'imagination des artistes. Outre une nouvelle traduction du Robinson de Defoe, la production littéraire laisse sur le rivage de ce début d'année deux romans qui expriment la même idée: le civilisé n'est pas toujours celui que l'on croit

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  • Catégories : A lire

    Il faudra repartir



     

      http://www.payot-rivages.net/livre_Il-faudra-repartir-Nicolas-Bouvier_ean13_9782228907378.html
     
     |  Nicolas Bouvier
    Voyages inédits

    Préface de : François Laut
     

    Genre : Récits de voyage
    Collection : Voyageurs Payot
     
    Grand format  | 224 pages.  | Paru le : 07-03-2012  | Prix : 17.00 €

    GENCOD : 9782228907378  | I.S.B.N. : 2-228-90737-5
    Editions : Payot
     

    Des textes inédits de Nicolas Bouvier (1929-1998) rédigés en des pays sur lesquels il n'a rien publié de son vivant : telles sont les pépites de ces archives sur près d'un demi-siècle. En 1948, le jeune homme de dix-huit ans écrit son premier récit de voyage entre Genève et Copenhague, rempli d'illusions qu'il veut "rendre réelles" ; en 1992, l'écrivain reconnu sillonne les routes néo-zélandaises, à la fois fourbu et émerveillé. On découvrira aussi avec lui la France et l'Afrique du Nord en 1957-1958, l'Indonésie en 1970, la Chine en 1986 et le Canada en 1991. Autant de voyages initiatiques aux divers âges de la vie.

    La brièveté des notations, les feuilles de route, l'absence de relecture et de projet littéraire rendent particulièrement attachantes ces pages dans lesquelles transparaît tout le talent de Bouvier, portraitiste et observateur hors pair, mais également reporter, historien, ethnographe, conférencier, photographe, poète.

     

     

  • Tillinac : «Le bonheur d'être français»

    L'auteur du Dictionnaire amoureux de la France s'est plongé dans notre album de famille. Pour Le Figaro Magazine, il brosse le portrait de Français en proie aux difficultés, mais plus que jamais attachés à leur pays. Et réconciliés avec leur histoire.

    Les Français aiment la France et n'ont aucune envie qu'elle perde sa singularité: tel est le verdict de cette grande enquête du Figaro Magazine, menée pendant plus de quatre mois, et qui prend à revers la plupart des sondages. Nos compatriotes ont la fibre cocardière, le mal du pays dès qu'ils s'en éloignent et une tendance à idéaliser sa mémoire. Dieu sait pourtant que, depuis une décennie, on caricature leurs ascendants, en esclavagistes, colonialistes, collabos, tortionnaires et xénophobes incurables. Non seulement la «repentance» ne les hante pas, mais les divinités de leur panthéon national sont plutôt martiales: Charlemagne, saint Louis, Jeanne d'Arc, François Ier, Louis XIV, La Fayette, Napoléon qui décidément ne se décotent pas dans le cœur des Français, comme le prouvent les succès des livres de Gallo après ceux de Castelot puis de Tulard. Nos gouvernants ont eu tort de céder aux injonctions de quelques idéologues hostiles à la célébration du bicentenaire de la bataille d'Austerlitz.

    Il semblerait que les fondamentaux de la mythologie des «hussards noirs» de la IIIe République n'aient pas périclité dans le marasme de la pédagogie moderne: la France est noble par essence, mère de la liberté, des droits de l'homme, des lettres, des sciences et des arts. Sa grandeur est revendiquée sans la moindre vergogne et on perçoit son fond de catholicité dans la texture des compassions pour les plus démunis. Exit l'anticléricalisme d'antan! Largement revendiquée, la laïcité s'en tient à un éloge de la tolérance et vise surtout les intégristes musulmans. Une part notable de la sensibilité de gauche est manifestement réconciliée avec le patriotisme, et une figure désormais tutélaire transcende les clivages partisans: de Gaulle. Loin des temps où ils furent passionnément gaullistes ou antigaullistes, les Français plébiscitent un symbole d'altitude, de probité, de sens de l'honneur, de défi au fatum. L'historial des Invalides vient à son heure pour confirmer l'accession du solitaire de Colombey au vaste ciel de notre légendaire. Tandis que la mémoire de Jaurès, de Blum et de Mitterrand concerne surtout ceux de leur camp. Encore peut-on présumer que Mitterrand, longtemps craint plutôt qu'aimé, a forcé le respect par son courage face à la mort. En outre, le côté monarque impavide de son dernier septennat a flatté un imaginaire qui n'a pas envie de renier ses rois, en dépit du pathos républicain en usage.

    L'obscure conscience d'hériter de quinze siècles fabuleux d'histoire

    Les cœurs qui s'emballent quand on entonne La Marseillaise font la synthèse, et Zidane, souvent cité, commémore Jeanne d'Arc sous Orléans ou Condé à Rocroi autant que Bonaparte au pont d'Arcole, les soldats de l'an II à Valmy ou l'«armée des ombres» de Kessel entre les mailles de la France officielle. Le titre mondial des Bleus, ceux de nos handballeurs - hommes et femmes - , les prouesses de Tsonga, de Monfils, des guerriers de Dusautoir contre les All Blacks: autant d'occasions de gratifier ce songe invincible de grandeur imputable au Roi-Soleil, à l'Empereur et à l'homme du 18 Juin. La popularité de ces champions prouve que les Français ne sont nullement racistes, qu'ils votent ou non pour le Front national. Alain Mimoun, arabe de souche, ancien champion olympique, cocardier impénitent, gaulliste intransigeant et corrézien de cœur, illustre ce que les «Gaulois» escomptent de leurs compatriotes venus d'horizons lointains. Ce qui les désoblige, c'est le dénigrement d'un pays dont ils se font une idée si avantageuse. Voilà pourquoi ils sont tellement offusqués par le chômage, la pauvreté, les injustices et la violence: un tel éden devrait être exempté de ces maux. En réalité, il leur déplaît souverainement que la France en crise ressemble à ses voisins, manquant par le fait à son devoir d'exemplarité. Comme s'ils ne lui reconnaissaient pas le droit à la banalité. D'une certaine façon, ils accréditent l'imputation de suffisance qui nous est si souvent reprochée ici ou là. Mais comme ils ont un goût inné pour l'esprit de contradiction, ils sont les premiers à dénoncer nos travers, parfois jusqu'à l'autoflagellation.

    Reste à discerner ce qui motive ce sentiment d'amoureux à la fois transis et vite désenchantés. D'abord, la force de l'enracinement. Les Français ont obscurément conscience d'hériter de quinze siècles d'histoire-géo assez fabuleux, et ça les flatte. Tous avouent une préférence pour la région, le terroir, la cité où ils ont planté leurs pénates, que ce soit de fraîche date ou au plus près d'une tombe de famille. Ils ne se verraient vivre nulle part ailleurs, bien qu'appréciant la diversité de nos paysages et de notre patrimoine architectural. Ils peuvent être mécontents de l'état du pays, et plus encore de l'état d'esprit de leurs compatriotes, ils n'en sont pas moins heureux d'être là où ils gîtent, fût-ce dans la banlieue d'une grande ville. Heureux d'une «douceur des choses» indicible, de la beauté des décors qui les cernent. Pour citadins qu'ils soient presque tous devenus, un bucolisme invétéré les relie à notre antique ruralité, et d'un arpent de bitume ils se font une patrie en modèle réduit. Fauchés ou friqués, ils prennent au jour le jour leur part d'un art de vivre où la gastronomie tient symboliquement une grande place.

    Bien manger et bien boire n'est pas superfétatoire au pays de Rabelais; il en résulte cette convivialité bon enfant que l'on déguste «assis sous la tonnelle, du côté de Nogent». Ils apprécient qu'en France les produits et les mets portent des noms de lieux, depuis l'andouille de Vire jusqu'à la saucisse de Montbéliard en passant par les rillettes du Mans, les piments d'Espelette, les pompes aux grattons du Bourbonnais, les huîtres de Marennes, la sole à la dieppoise ou les pieds de porc à la Sainte-Ménehould, les fromages de Livarot ou de Roquefort, les calissons d'Aix-en-Provence ou les bêtises de Cambrai. J'en oublie, et des plus savoureux, aux quatre coins de l'Hexagone. Quelle contrée, quel patelin ne s'enorgueillissent d'une «spécialité»? Quelle cérémonie, privée ou publique, ne se parachève en agapes? Dans quel autre pays un écrivain, Blondin pour le nommer, aurait choisi pour devise «Remettez-nous ça»? En Bourgogne autant que dans le Bordelais, le patriotisme œnologique est exigible; à peine tolère-t-on une coupe de champagne la nuit du réveillon - le vin de Champagne, ce miroir rutilant de nos délicatesses.

    Dans ce pays de cocagne dont les grands crus et les égéries majeures (Coco Chanel, Brigitte Bardot) jouissent d'une renommée mondiale, on se veut, on se sent, on se sait civilisé. D'où une invocation récurrente à la «culture». Le mot qualifie moins les «cultureux» des Drac *, qu'un mixte de patrimoine (les abbayes, les châteaux de la Loire, Versailles, le Louvre, etc.) et de fermentation intellectuelle et artistique. Laquelle enrôle la môme Piaf, Gabin, Pinder, Guignol et les chansonniers, autant que nos écrivains «classiques».

    On lit plutôt ceux dits du terroir, et, en France, chaque «pays», au sens braudélien du terme, s'honore d'une plume qui a loué ses charmes, le Berry de George Sand, les Landes de Mauriac, la Provence de Giono ou de Pagnol, les Ardennes de Dhôtel, le Limousin de Giraudoux, le Val de Loire de Genevoix. La tombe de Rimbaud à Charleville est toujours fleurie et l'aiguille creuse d'Etretat doit autant à Leblanc que la Bretagne à Chateaubriand, la Lorraine à Barrès ou le cimetière marin de Sète à Valéry. Qu'il fréquente ou pas nos gâcheurs d'encre, le Français se targue d'appartenir à un pays où les prix littéraires sont aussi nombreux que les sortes de fromages. Il revendique avec la même gloriole une présomption d'insoumission, avec l'adjuvant de la générosité (Coluche, l'abbé Pierre) ou de panache (Cyrano, D'Artagnan). Une dose de poujadisme, une dose de passéisme, une grosse dose d'idéal et une double pulsion «réac» et égalitariste: le Français contemporain est mal dans ses pompes, mais bien dans son pays. D'ailleurs, on l'expatrie malaisément: il faut de grosses primes pour le parachuter là où l'économie tourne à plein régime, Amériques, Chine, Inde, etc. «Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux»: ce vers de Du Bellay reste de mise à l'heure de la mondialisation - et si l'on croit devoir s'ébahir devant le Taj Mahal, on estime en son for que Chambord ou Versailles, c'est beaucoup plus beau.

    Unanimité sur un point : c'est un privilège d'être français

    Les souvenirs liés aux deux guerres mondiales et au conflit algérien commencent à s'estomper et par voie de conséquence, l'antimilitarisme omniprésent lorsque j'étais bidasse a quasiment disparu. Aucune allergie au défilé du 14 Juillet, évocation plutôt sympa du passage sous les armes, où l'on apprenait à picoler, à courir le jupon et où l'on frayait avec des gars de tous les milieux. Cela vaut pour les anciens, mais la jeune garde n'a rien contre l'uniforme, et les tribulations de nos forces armées en Afghanistan ou en Libye lui inspireraient plutôt un certain respect. Aucune haine de l'immigré, bien que son nombre inspire des perplexités compréhensibles. On prend acte de ses soucis mais on voudrait qu'au lieu de récriminer, il prît conscience de son privilège. Car c'est un privilège que d'être français, ou de vivre dans le giron de l'Hexagone: sur ce point, unanimité! On voudrait aussi que cesse cette ambiance de morosité, de nervosité, de frustrations, ainsi que cette prévalence du fric trop vite ou mal gagné, cette ronde inepte des people, cette vulgarité pour tout dire. L'arrogance des «élites» est mal perçue parce que l'antagonisme des classes répugne à notre naturel, indépendamment de la Révolution, qui a perdu quelque peu de son aura. On impute ce climat délétère aux politiques - scandales et crise obligent -, et en vénérant les mânes de De Gaulle, on les renvoie tous à leur trivialité, jugée indigne de l'âme de la France. Ce qui, implicitement, postule l'existence d'une âme nationale, distincte des attributs de la souveraineté, et à laquelle nos compatriotes tiennent mordicus. Si j'étais Sarkozy ou Hollande, j'en tirerais des leçons: les «transgressions» de l'un, la «normalité» de l'autre ne sauraient passer la rampe dès lors que Louis XIV et Napoléon Ier demeurent si présents dans l'imaginaire collectif.

    Schuman et Monnet n'y sont comptés pour rien. L'Europe, son euro et son «couple» franco-allemand peuvent être tenus à la rigueur pour des nécessités, on ne constate aucun affect européen. La France, rien que la France - et plus elle se distingue, mieux on fanfaronnera aux apéros du café du commerce. C'est ainsi. A l'aune de nos fantasmes, la seule Europe plausible aura été celle - résolument «impérialiste» - ébauchée par Charlemagne, puis par Napoléon: une sorte de pax francorum qui inciterait nos voisins... à nous ressembler. Elle n'est pas à l'ordre du jour. Si j'étais sociologue (Dieu m'en garde!), je m'aviserais de la désuétude de l'héritage de Mai 68. Il n'a rien déposé dans les sous-sols de la conscience, en sorte qu'en lisant ce reportage, l'ex-gaucho recyclé en bobo doit se sentir un peu seul. A gauche, c'est Voltaire, Ferry ou Marie Curie que l'on revendique, pas Che Guevara ou Lanza del Vasto. On ne sait pas ce qui sortira des urnes le printemps prochain mais jamais, depuis un demi-siècle, la France n'a été aussi rétive au freudo-marxisme de ma génération! Si ses épigones accédaient au pouvoir, ça ne prouverait que la nullité de leurs adversaires. A bon entendeur...

    La peur panique que la France ne se ressemble plus

    Au meilleur sens du terme, le peuple français est conservateur, jusque dans son apologie des trois termes de la devise républicaine. Il estime à juste titre jouir de la liberté, mais indéniablement il aspire à couler ses jours dans une France où les ego seraient moins avides, les élites moins cyniques. Il n'est pas moins conservateur dans son feeling écolo: il a moins peur d'un sac de la planète que d'une pollution de la rivière où il taquine le goujon. Au fond, il a une peur panique que la France ne ressemble plus à sa très chère imagerie et il a bien raison. Un seul bémol: il confond les invariants et les acquis. Parce que «sa» France est belle comme une madone, il croit qu'elle le protégera de tout. Il ne peut pas, il ne veut pas admettre que plus rien n'est acquis par les temps qui courent. Ou plutôt qui nous embarquent dans un galop effréné. Or, pour pérenniser un héritage aussi fastueux, il va bien falloir retrousser les manches et se serrer les coudes. Le Français y consentira, de mauvaise grâce, si on lui assigne un idéal digne de l'appellation. Travailler plus pour ne pas gagner plus, soit, puisque l'avenir de sa progéniture est à ce prix. Mais à condition que son voisin de palier ne soit pas indûment planqué ou assisté, car il en a sa claque des gabegies. Ces réserves faites, on se réjouit de constater que dans ce pays de frondeurs et d'aimables barjos, le sens de l'honneur de la France et l'attachement à sa mémoire sont aussi vifs que jamais, et le bonheur, jamais loin. L'autodépréciation et le nihilisme étant passés de mode, il suffirait d'un déclic...

    Denis Tillinac, distingué par de nombreux prix littéraires, est notamment l'auteur du Dictionnaire amoureux de la France (Editions Plon, 2008).

    * Directions régionales des affaires culturelles.