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Baudelaire Charles - Page 6

  • Catégories : Baudelaire Charles

    Le jour de l'an d'un vagabond

    De Albert Glatigny, le samedi 01 janvier 2011 à 19h21

    couveture

     

     

    (Communiqué)
    Dans la "Petite bibliothèque de Classiques sur la Corse", maintenant disponibles sur Izibook,  le récit des mésaventures d'Albert Glatigny en Corse.

    Grandeurs et misères d’un poète vagabond

    Albert Glatigny est né le 21 mai 1839 à Lillebonne, en Haute Normandie. Son père, alors charpentier, devient gendarme quelques années plus tard, pour mettre sa famille à l’abri du besoin ; il est nommé à Bernay en 1846. Bernay est une charmante petite ville typiquement normande, entourée de bocages et de forêts que le jeune Albert arpente inlassablement. Il va un peu à l’école, sans grand succès.

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  • "Le chat" de Charles Baudelaire

    Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;
    Retiens les griffes de ta patte,
    Et laisse moi plonger dans tes beaux yeux,
    Mêlés de métal et d'agate.

    Lorsque mes doigts caressent à loisir
    Ta tête et ton dos élastique,
    Et que ma main s'enivre du plaisir
    De palper ton corps électrique,

    Je vois ma femme en esprit. Son regard,
    Comme le tien, aimable bête
    Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

    Et des pieds jusques à la tête,
    Un air subtil, un dangereux parfum,
    Nagent autour de son corps brun.

    Les fleurs du mal

  • "Le chat" de Charles Baudelaire

    II

    De sa fourrure blonde et brune
    Sort un parfum si doux, qu'un soir
    J'en fus embaumé, pour l'avoir
    Caressé une fois, rien qu'une.

    C'est l'esprit familier du lieu;
    Il juge, il préside, il inspire
    Toutes choses dans son empire;
    Peut-être est-il fée, est-il dieu?

    Quand mes yeux vers ce chat que j'aime
    Tirés comme par un aimant,
    Se retournent docilement
    Et que je regarde en moi-même,

    Je vois avec étonnement
    Le feu de ses prunelles pâles,
    Clairs fanaux, vivantes opales,
    Qui me contemplent fixement.

    Les fleurs du mal

  • "Le chat" de Charles Baudelaire(Les Fleurs du mal)

    I

    Dans ma cervelle se promène,
    Ainsi qu'en son appartement,
    Un beau chat, fort doux et charmant.
    Quand il miaule, on l'entend à peine,

    Tant son timbre est tendre et discret;
    Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
    Elle est toujours riche et profonde.
    C'est là son charme et son secret.

    Cette voix qui perle et qui filtre,
    Dans mon fonds le plus ténébreux,
    Me remplit comme un vers nombreux
    Et me réjouit comme un philtre.

    Elle endort les plus cruels maux
    Et contient toutes les extases;
    Pour dire les plus longues phrases,
    Elle n'a plus besoin de mots.

    Non, il n'est pas d'archet qui morde
    Sur mon coeur, parfait instrument,
    Et fasse plus royalement
    Chanter sa plus vibrante corde,

    Que ta voix, chat mystérieux,
    Chat séraphique, chat étrange,
    En qui tout est, comme en un ange,
    Aussi subtil qu'harmonieux!

  • "Les chats" de Charles Baudelaire

    Les amoureux fervents et les savants austères
    Aiment également, dans leur mûre saison,
    Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
    Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires

    Amis de la science et de la volupté
    Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres;
    L'Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
    S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté.

    Ils prennent en songeant les nobles attitudes
    Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
    Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin;

    Leurs reins féconds sont plein d'étincelles magiques
    Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,
    Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.

    Les fleurs du mal

  • Catégories : Baudelaire Charles

    HISTORIQUE: L’Absinthe enfin de retour… Fin de la Prohibition !

    décembre 21, 2010 par Michel Godet  
    Publié dans en Caves ...

     

    Après une petite centaine d’années d’incertitudes, l’état français signe la fin de la prohibition de l’Absinthe. Une histoire vieille de 95 années d’allers et de retours, d’incompréhensions, mais aussi de « Jésuitisme administratif »  autrement appelé hypocrisie !

    Si chère à Zola en particulier dans l’Assommoir, l’Absinthe fût accusée de tous les maux, en particulier celui de rendre fou pour ne parler que de Baudelaire ou de Van Gogh ou encore celui d’être abortive, n’en déplaise aux faiseuses d’anges. Cette fée verte pour certains était devenue un démon rouge pour d’autres, qui ont recueilli au tout début du XXè siècle plus de 400 000 signatures en vue l’interdiction de sa fabrication et de sa commercialisation. Il est vrai qu’à l’époque (1908) un lobby antialcoolique fort puissant demandait aussi, outre l’interdiction de l’Absinthe, la limitation du nombre de débits de boissons et la suppression du privilège de bouilleurs de crus !


    Cette bronca a eu raison du spiriteux en France dès 1915 (et en Suisse de 1910  à 2005), mélangeant donc dans l’inconscient populaire la lutte contre l’alcoolisme et les effets secondaires de la thuyone (principale molécule de l’huile essentielle d’absinthe) et de la fenchone (contenue dans le fenouil), deux composantes de l’absinthe titrant toujours entre 45 et 90° !

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  • Catégories : Baudelaire Charles, Le paysage

    L'homme et la mer

    Homme libre, toujours tu chériras la mer !
    La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
    Dans le déroulement infini de sa lame,
    Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

    Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
    Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
    Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
    Au bruit de cette plaine indomptable et sauvage.

    Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
    Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes,
    Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes
    Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

    Et cependant voilà des siècles innombrables
    Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
    Tellement vous aimez le carnage et la mort,
    Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

      http://expositions.bnf.fr/lamer/cabinet/anthologie/bibliotheque/03.htm

    Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1857

    Autres textes sur la mer:

     

  • Catégories : Baudelaire Charles

    Faim(s) de littérature. L'art de se nourrir au XIXe siècle

    Appel à contribution

    Information publiée le lundi 18 octobre 2010 par Natalie Maroun (source : Bertrand Marquer)

    Date limite : 31 mars 2011

    « Je crois que la nourriture a une grande action sur la production littéraire », note Edmond de Goncourt le 24 août 1893, avant d'envisager de « faire avec deux alimentations diverses, un de ces jours, […] une nouvelle ou un acte, avec une nourriture restreinte et lavée de beaucoup de thé, et un autre acte ou nouvelle, avec une nourriture très puissante et beaucoup de café ». « Avez-vous songé parfois à l'influence fatale de la cuisine sur le génie de l'homme ? », fait dire Léon Cladel à Baudelaire (Bonshommes, 1879), tandis que Jules Claretie affirme que « [l']esprit vient en mangeant, comme la faim », pour en déduire que « Voltaire à jeun devait être insupportable » (L'Homme aux mains de cire, 1907).

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  • Catégories : Baudelaire Charles

    Nelson Charest :De plume et d’épée : la critique contre et selon Baudelaire

    Image1

    1On peut bien sûr ressentir une certaine insatisfaction à la lecture de cet important volume : celle d’avoir une vue partielle sur Charles Baudelaire, « le poète des Fleurs du mal ». Évidemment, il en va de l’objet même du livre, qui porte sur « un demi-siècle de lectures des Fleurs du mal (1855-1905) », objet qui a dû être réduit, comme le note son auteur, André Guyaux, dans son avant-propos:

    Si volumineux que soit le recueil de textes que j’ai réunis et qui couvrent le premier demi-siècle de lectures des Fleurs du mal, il n’est qu’un choix, plus serré au début, jusqu’en 1867, plus espacé ensuite […]. Le choix que j’ai fait a pris deux directions. J’ai voulu d’abord privilégier le poète, l’auteur des Fleurs du mal et les deux ou trois premières générations de ses lecteurs. Le critique d’art, le traducteur de Poe, le poète en prose, l’autobiographe que Baudelaire est aussi ne sont pas absents mais demanderaient de nouvelles investigations et un éventail plus large de textes. J’ai voulu, d’autre part, rendre l’effet d’un dialogue entre les différents lecteurs […]. (p. 7)

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  • Catégories : Baudelaire Charles

    LA CONDITION DE L'ARTISTE dans l'oeuvre de Baudelaire

     guise d'introduction à l'étude thématique : L'Etranger

    Le 1er poème du recueil Le Spleen de Paris énonce la plupart des thèmes importants qui constituent la difficile condition du poète :
    - la solitude face aux autres
    - le mépris du matérialisme de la réalité, du vil intérêt, de l'or
    - la quête difficile, vaine, de la beauté
    - l'absence d'un univers réel, appartenant au poète : la patrie
    - le goût, la passion vitale, pour l'évasion, le voyage, les nuages

    Thèmes d'étude   Fleurs du mal Spleen de Paris
    POETE
    DECHIFFREUR
    Symbolisme
    Synesthésie
    Elévation
    Correspondances
     
      Quête du beau La beauté Le confiteor de l'Artiste
        Hymne à la Beauté Le Fou et la Vénus
        A une passante  
      Imagination
    Réalité
      La Chambre double
    INSPIRATION Difficultés La Muse malade
    La Cloche fêlée
    Le Guignon
     
      Paradis artificiels   Enivrez-vous
      L'immortalité   Le thyrse
    MOI ET LES AUTRES Solitude
    Martyre
    Bénédiction
    L'Albatros
    A une heure du matin
      Témoin   Chacun sa chimère
      Vaporisation
    Fréquentation
      Les foules
    Les fenêtres
      Plaire ?
    Artiste et public
    La Muse vénale Le désespoir de la vieille
    Le chien et le flacon
    Les dons des fées
    Perte d'auréole
    Les bons chiens
      Saltimbanques   Le vieux saltimbanque
          Une mort héroïque
    ECHEC
    OU REUSSITE
    Disparaître ? Le Goût du néant
    Le Mort joyeux
    La Mort des artistes
     
      L'alchimiste Alchimie de la Douleur
    Spleen
    Spleen
     

    Bibliothèque | Spleen de Paris | Fleurs du Mal

    http://membres.multimania.fr/jccau/ressourc/biblio/baudel/poete.htm

     

  • Catégories : Baudelaire Charles

    Charles Baudelaire, Lettres inédites aux siens

    Rédigé par Adrien Aszerman, le jeudi 17 juin 2010 à 10h00

    En cette période prospère où l’on exhume une photo (controversée) d’Appolinaire, des clichés (authentifiés) de Saint Exupéry, voilà que la maison Grasset publie une centaine de lettres inédites de Charles Baudelaires aux siens.
     
    Rédigée entre 11 ans et 20 ans, elles ont d’abord été conservées par la famille proche du poète, tantôt par affection, tantôt pour les utiliser afin d’empêcher, avec l’aide de la justice, le jeune Baudelaire de dilapider sa fortune en le plaçant sous tutelle. La liasse de lettres fut ensuite transmise de générations en générations, avant d’être enterrée avec le reste de la maison lors d’un bombardement au cours de la dernière guerre.

    Ce n’est pas moins de dix ans plus tard, comme le raconte Philippe Auserve dans la préface, que « des maçons, qui relevaient les murs, rapportèrent un petit paquet bien enveloppé, trouvé sous du plancher à demi pourri – cent lettres de Baudelaire ».

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  • Catégories : Balades, Baudelaire Charles

    L’oisiveté, mère de tous les bénéfices

    C’est un dictionnaire pas comme les autres, mais c’en est un quand même. Un de ces livres qui serait balade en littérature, qui n’emprunterait que des chemins buissonniers (ah ! ah ! ah !).
    Le titre : Dictionnaire à l’usage des oisifs.
    L’auteur : Joan Fuster. Né en 1922, mort en 1992.
    Nationalité : espagnol. Pour la première fois, il est traduit en français.
    Spécialité : divagations, tantôt un tantinet moralistes, tantôt philosophico-douces-amères.
    Editions : Anacharsis.

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  • Catégories : Baudelaire Charles

    La poésie : sous le ciel de Paris.

    Comme je vous l'avais annoncé hier, voici la dernière partie de votre descriptif. Attention, le texte de Laforgue et les documents complémentaires sont issus de montages : il n'y a donc pas possibilité de les télécharger...


    Pour les 603

    OBJET D’ETUDE N°4

    La poésie : sous le ciel de Paris.

    Problématique : comment la ville de Paris devient une source d’inspiration poétique ?

    Œuvre intégrale : Alcools, de Guillaume Apollinaire. Collection recommandée : classicolycée chez Belin-Gallimard, dossier par H. Scepi.

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  • Catégories : Baudelaire Charles

    Baudelaire ou les rues de Paris

    Le 16 mai 2010 par Walter Benjamin

     

    Le génie de Baudelaire, qui trouve sa nourriture dans la mélancolie, est un génie allégorique. Pour la première fois chez Baudelaire, Paris devient objet de poésie lyrique. Cette poésie locale est à l’encontre de toute poésie de terroir. Le regard que le génie allégorique plonge dans la ville trahit bien plutôt le sentiment d’une profonde aliénation. C’est là le regard d’un flâneur, dont le genre de vie dissimule derrière un mirage bienfaisant la détresse des habitants futurs de nos métropoles. Le flâneur cherche un refuge dans la foule. La foule est le voile à travers lequel la ville familière se meut pour le flâneur en fantasmagorie. Cette fantasmagorie, où elle apparaît tantôt comme un paysage, tantôt comme une chambre, semble avoir inspiré par la suite le décor des grands magasins, qui mettent ainsi la flânerie même au service de leur chiffre d’affaires. Quoi qu’il en soit les grands magasins sont les derniers parages de la flânerie.

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  • Catégories : Baudelaire Charles

    L'Évangile selon Philippe

    Yann Moix
    05/02/2010 | Mise à jour : 10:56
    |

    Qu'attend-on pour décerner le prix Nobel de littérature à Philippe Sollers ? On lui a préféré un inoffensif pour «représenter» la France. Tant pis pour le monde. Sollers continue la guerre. Quand on demandait à Guitry quel livre il conseillait sur Voltaire, il répondait : « Lisez Voltaire ! » À la question « Quoi de neuf ? », il répondait : «Molière». Sans le savoir (encore que !) Guitry était sollersien. Nous sommes loin des gloses universitaires, qui sont à la vie ce que la commémoration est à la mémoire : de la mort pure et simple. Sollers ne fait pas « revivre » Saint-Simon : il nous montre, en le frottant à Charlie Parker, que nous n'avions pas su voir qu'il était encore en vie, et qu'il l'est pour longtemps. Vous voulez savoir ce que le 11-Septembre signifie vraiment : Voltaire en parle très bien. Le mariage homosexuel ? Ne lisez pas les pages « Idées » des quotidiens : Buffon est là, prêt à décrypter avec vous ce que signifie qu'avoir un sexe. L'athéisme ? Concept compliqué : et pour le comprendre, lisez Nietzsche, mais pas en allemand - c'est dans sa traduction française que Nietzsche explique le mieux ce qu'est Dieu !

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  • Catégories : Baudelaire Charles

    Vendredi 22 janvier 2010 5 22 /01 /2010 00:52 Etre un grand homme et un saint pour soi-même

      Baudelaire, ed.Infolio.gifOlivier Apert s'entretiendra de son livre
     Baudelaire - Etre un grand homme et un saint pour soi-même
      éditions Infolio, mars 09
      avec Pierre Drogi, poète et traducteur, à la librairie Le Divan
      mardi 26 janvier à 19 h.

      Librairie Le Divan, 288 rue de la Convention, Paris 15°

     Bibliographie Olivier Apert 
    ...et aussi
     Sur Pierre Drogi, notamment

    http://www.hippocampe-associe.com/article-etre-un-grand-homme-et-un-saint-pour-soi-meme-43404688.html

  • Catégories : Baudelaire Charles

    Sa Majesté la Pléiade

    est des honneurs qui ne se refusent pas. Julien Gracq opposa une fin de non-recevoir au jury du prix Goncourt qui avait célébré en 1951 Le Rivage des Syrtes. Jean-Paul Sartre déclina, lui, en 1964, le prix Nobel de littérature. Mais aucun des deux ne refusa d'être publié dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade.

    Intégrer ce catalogue, c'est intégrer une famille qui compte parmi ses membres Voltaire, Pascal, Balzac, Hugo, Rimbaud, Proust... Une sorte de passeport pour l'éternité. Comme le dit Hugues Pradier, le directeur éditorial de la collection depuis 1997, «s'il est difficile d'entrer dans la Pléiade, il est encore plus rare d'en sortir». On comprend mieux dès lors l'énergie que mirent certains, pareils à des courtisans s'en allant quérir un titre à grand renfort de courbettes, pour obtenir ce précieux sésame de leur vivant, plutôt que de laisser le temps décider d'une éventuelle pos térité.

    Qu'on songe seulement, alors que la Pléiade vient de lui consacrer un cinquième volume (lire page 81), à la pugnacité d'un Louis-Ferdinand Céline. Pendant des années, l'écrivain harcela de courriers et d'invectives Gaston Gallimard. Voir sa lettre du 24 octobre 1956 : «Cher ami. Les vieillards, vous le savez, ont leurs manies. Les miennes sont d'être publié dans la Pléiade (...). Je n'aurai de cesse, vingt fois que je vous le demande. Ne me réfutez pas que votre conseil, etc., etc. tout alibis, comparses, employés de votre ministère (...) MM. Soupe qui se lavent les pieds et jouent de la trompette, entre deux vacances et treize maladies. C'est vous la Décision. Vous avez donc la bonté de me faire part de votre décision. Ministre et homme d'affaires... celle que je vous propose est excellente. (...) La Pléiade et pas dans vingt ans, quand je serai mort ! non ! tout de suite ! cash !» Il lui faudra se montrer encore patient et envoyer d'autres missives en forme de mis siles («Vous n'aurez pas mon prochain livre, c'est tout, si je ne suis pas à la Pléiade dans trois mois, le reste est bla-bla et fa tigue...», écrit-il un an plus tard) avant d'obtenir gain de cause. Mais celui qui suppliait d'être«pléiadé avant d'être décédé» n'aura pas gain de cause : il meurt en 1961, quelques mois avant la parution du Voyage et de Mort à crédit en Pléiade.

    André Gide joue les entremetteurs

    Etrange fortune que celle de ce missel littéraire. Son succès ne se dément pas depuis son origine. Il faillit pourtant lui être fatal. Nous sommes en 1933. Au 6 rue Tournefort, à Paris, Jacques Schiffrin, fondateur et propriétaire des Editions de la Pléiade, est au bord de la ruine. SonBaudelaire, paru en 1931 dans une forme inédite pour l'époque (11 x 17,5 cm), sous une reliure souple pleine peau dorée à l'or fin, sonEdgar Poe (encore du Baudelaire, puisqu'il s'agit des œuvres en prose de Poe traduites par le poète), sonRacine et la dizaine d'autres titres qu'il publie se vendent comme des petits pains. Mais il ne parvient pas à faire face aux nouvelles commandes. Les ouvrages de la collection qu'il vient d'inaugurer (inspirée par ses voyages à l'étranger, elle consiste à publier pour la première fois en France les grands classiques dans des volumes luxueux de poche) lui coûtent une fortune à éditer. Il est à court de liquidités et confronté à des problèmes de logistique insolubles. Heureusement, André Gide est là. L'auteur de La Porte étroite suit de près les initiatives de ce Russe, élégant et cultivé, fraîchement débarqué à Paris. Il se lie d'amitié avec lui, lui confie plusieurs manuscrits et l'invite volontiers à Cuverville, où il profite des leçons de piano de Youra Guller, la première épouse de l'éditeur. Quand paraît le premier volume de la Biblio thèque de la Pléiade, il lui écrit :«Votre petit Baudelaire me ravit : c'est une merveille de présentation. L'appareil critique à la fin du volume est précieux. C'est décidément votre Baudelaire que je prendrai dans ma valise comme compagnon de voyage, de préférence à toute autre édition.»

    Face à la perspective d'une banqueroute des Editions de la Pléiade, Gide insiste lourdement auprès de Gaston Gallimard pour que ce dernier rachète l'affaire. Gaston hésite. Il est perplexe face à cette maison à la politique de tirages limités, et qui fonctionne à contre-courant des usages de l'édition française. Finalement, il obtempère. Il n'aura jamais à le regretter : chaque année, bon gré mal gré, la Pléiade assure près de 20 % du chiffre d'affaires de Gallimard. Ni le départ, en novembre 1940, de Schiffrin contraint à l'exil par la première loi sur le statut des Juifs, ni les changements et les successions au sommet de la maison de la rue Sébastien-Bottin, ni les polémiques ne viendront contredire son succès. Si certains se plaisent à moquer les choix commerciaux de la Pléiade, l'absence supposée de risque que prend la maison, Hugues Pradier défend le contraire. Et de citer la publication, en 2005, de 22 romans de Ramuz «que personne ne nous demandait, à l'exception de sa famille et de quelques spécialistes de l'écrivain suisse» et qui fut un beau succès. La Pléiade a une fonction «légitimante». Elle est devenue une «bibliothèque de l'admi ration», selon l'expression d'André Malraux.

    Aujourd'hui, Gallimard continue de publier onze volumes par an qu'il écoule en moyenne à 300 000 exemplaires. Sa recette est immuable : un «miracle sans cesse renouvelé d'un objet matériel qui se marie à un objet intel lectuel», comme la décrit son directeur éditorial. Proust, Camus, Céline, Tolstoï, Verlaine, Flaubert, Zola, Stendhal et Balzac figurent parmi les best- sellers de la collection. Au firmament : Saint-Exupéry, dont les œuvres complètes atteignent les 400 000 ventes. Sans compter les albums offerts chaque année pendant la quinzaine de la Pléiade par les libraires. Tirés à 40 000 exemplaires, ils sont très recherchés par les collectionneurs. Aux enchères, les premiers albums datant des années 60 peuvent atteindre les 400 ou 500 euros. Parmi les plus courus : L'Anthologie sonore de la Pléiade.

    Tranche dorée à l'or fin 24 carats

    Au-delà des garanties littéraires qu'assure cette collection bientôt octogénaire, les bibliophiles apprécient ces ouvrages fabriqués avec un soin digne de la haute couture. Impression sur papier bible de 36 grammes, format et typographie inchangés, couverture souple à la tranche dorée à l'or fin (24 carats) : pour réaliser ce travail d'artisan, Gallimard fait appel depuis toujours aux mains expertes des ateliers Babouot, à Lagny-sur-Marne. C'est ici qu'est découpé, assemblé et cousu en cahiers le papier bible, avant d'être emboîté sous la couverture en cuir véritable. Preuves du soin tout particulier mis à faire de cette collection un produit de luxe, les 50 000 peaux de mouton que nécessite la production annuelle de la Pléiade sont envoyées depuis la Nouvelle-Zélande. Les grands es paces, l'absence de fil de fer barbelé, qui pourrait déchirer le cuir, assurent des couvertures sans défaut. Avantage ? Rendre presque impossible leur contre façon. Il existe de rares tenta tives asiatiques : de très gros sières imitations, en vérité.

    La Pléiade se porte bien, ne souffre pas de la concurrence. Si bien qu'Antoine Gallimard n'hésite plus aujourd'hui à publier des textes plus difficiles, ouvrant sa collection à la littérature extra-européenne. Il a bien quelques regrets qu'il s'attache à transformer en espoirs : Beckett, par exemple. Jérôme Lindon, le patron des Editions de Minuit, lui oppose toujours une fin de non-recevoir... En attendant, il a lancé un volume consacré à Drieu La Rochelle. Sans craindre la polémique.

    http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2010/01/23/01006-20100123ARTFIG00281--sa-majeste-la-pleiade-.php

  • "Surenchères baudelairiennes", par A. Guyaux

    Information publiée le mercredi 30 décembre 2009 par Jean-Louis Jeannelle (source : André Guyaux)

     

     

     

    Le temps n'est plus où les manuscrits des Illuminations faisaient l'objet d'une grande souscription, à l'initiative de Cocteau et d'Aragon, et entraient en fanfare rue de Richelieu : c'était en juin 1957. Le temps n'est plus même où la Bibliothèque nationale préemptait Mon coeur mis à nu, en octobre 1988. Les prix ont irrésistiblement grimpé en un demi-siècle – les quelque 50 000 € déboursés par Charleville en 1982 pour l'autographe des Voyelles de Rimbaud, considérés à l'époque comme exorbitants, font sourire aujourd'hui. Les caisses de l'État sont vides. Et l'esprit patrimonial se délite, ou investit d'autres objets. Les mécènes, en France, offrent des tableaux aux musées, non pas des manuscrits aux bibliothèques.

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