Julianne Moore joue une comédienne déclinante, ultra-névrosée, dans le Hollywood délétère de David Cronenberg : Maps to the Stars.
Ce samedi 24 mai 2014 à 19h25, Julianne Moore a reçu le Prix d'interprétation féminine à Cannes pour son rôle dans Maps to the Stars, de David Cronenberg.
C’est une actrice au long cours, inoubliable, qui marque chacun de ses personnages au fer rouge. Sa marque de fabrique. Dans Maps to the Stars, de David Cronenberg, en compétition à Cannes, la rousse incendiaire, sublime égérie de L’Oréal Paris, joue une comédienne déclinante, ultra-névrosée, dans un Hollywood délétère. Un rôle de composition extrême,dans lequel elle excelle, aux antipodes de sa vraie vie. Confidences.
Nous l’avons tant aimée en Carol White, épouse rangée d’un cadre supérieur allergique à tout ce qui l’entourait dans Safe, de Todd Haynes ; en Amber Waves, mère déchue et star de l’industrie pornographique accro aux paradis artificiels dans Boogie Nights, de Paul Thomas Anderson ; en Cathy Whitaker, une desperate housewife des années 1950 heurtée par l’homosexualité de son mari et amoureuse de son jardinier noir dans Loin du paradis, de Todd Haynes, à nouveau ; et encore en Laura Brown, héroïne docile à la sexualité muselée dans The Hours, de Stephen Daldry. Des personnages qu’elle défendait avec la même force de conviction. Actrice arty par excellence, Julianne Moore a, en une soixantaine de films, et bien avant Jessica Chastain, imposé son talent fou et sa rousseur dans un cinéma américain où les femmes se devaient d’être blondes : Lana Turner, sinon rien. La productrice et humoriste Tina Fey, les acteurs Colin Firth et Alec Baldwin comptent parmi ses plus fervents supporters. Nicole Kidman, fan totale, lui envoya une lettre après sa prestation dans Boogie Nights. Le réalisateur Jay Roach, qui lui confia récemment le rôle de Sarah Palin, colistière du républicain John McCain et chef de file du mouvement du Tea Party, dans Game Change sur HBO (un Emmy Award), n’en finit plus de louer « une excellence qui pousse le reste de l’équipe à se surpasser ». Dans ce studio photo parisien, où elle troque en vitesse une robe couture pour un jean et une chemise écossaise - les stilettos, très peu pour elle -, le phénomène (un poids plume) s’avance en décapsulant une canette de Coca. « Alors, de quoi souhaitez-vous parler ? »