Date : XIIe-XIVe siècles.
Le cloître occupe la partie sud-est du site actuel, lequel se trouve entre le théâtre antique et la place de l’hôtel de ville. On y accède par le portail et la cour de l’archevêché qui s’ouvre sur cette place du centre ville.
Le cloître Saint-Trophime est au centre des bâtiments canoniaux de la cité épiscopale. A partir du XIIe siècle, l’espace au sud de la cathédrale Saint-Trophime est occupé par deux grands ensembles : d’une part, le palais de l’évêque, d’autre part, le claustrum, un espace réservé à la communauté des chanoines, «ceux qui vivent selon la loi de l’Eglise». Vers cette époque, le Chapitre d’Arles est touché par la réforme grégorienne. Celle-ci tente d’imposer une règle de vie commune à ces clercs chargés d’assister l’évêque et de gérer les biens de l’Eglise. On entreprit donc la construction de bâtiments conventuels organisés autour d’un cloître. Les deux premières galeries, romanes, de ce dernier, présentent des sculptures d’une exceptionnelle qualité, véritables fleurons de l’art roman provençal. L’édifice sera complété au XIVe siècle de deux autres galeries de style gothique. Les modifications ultérieures de la cité épiscopale préserveront le cloître et ses salles adjacentes. Cependant le temps, l’érosion pluviale et la pollution atmosphérique mettront à mal ces joyaux de la statuaire médiévale. Actuellement des études sont menées afin de procéder, comme sur le portail de l’église voisine, à une restauration de l’édifice.
La structure du cloître et de ses salles
L’ensemble des bâtiments canoniaux fut construit en plusieurs étapes. Un vaste réfectoire charpenté sur cave voûtée vint prolonger l’aile sud du transept de la cathédrale, et une première salle capitulaire fut ajoutée à l’est. Doublée en longueur par une autre salle, elle aussi voûtée en berceau, la salle capitulaire reçut, à la fin du XIIe siècle, une somptueuse façade à arcades sur colonnettes, séparées de pilastres à l’antique. Un dortoir voûté vint former un troisième coté à l’est. Les chanoines entreprirent alors de relier ces bâtiments par les galeries d’un cloître, en commençant la construction par la galerie nord (fin XIIe siècle). La galerie orientale, conçue avec l’aile du dortoir, date sans doute du début du XIIIe siècle. Le projet resta inachevé et les pilastres-contreforts des piliers qui scandent le rythme des arcades ne reçurent jamais la superstructure prévue.
Les galeries romanes
Le décor des galeries romanes (nord et est), est d’une richesse exceptionnelle. Pour la galerie nord le programme iconographique associe étroitement deux thèmes : une réflexion sur le mystère pascal et une exaltation des saints patrons de l’église d’Arles élevés à la dignité des Apôtres. Dans la galerie est, plus large, l’arcade intègre de nouveaux éléments comme la mouluration des arceaux et des motifs caractéristiques de l’époque gothique, figurés dans des écoinçons : vierges sages et vierges folles ou symboles des Evangélistes. L’iconographie y est fort différente de celle de la première galerie : tandis que l’évocation de la Passion s’inscrit sur les piliers, les chapiteaux offrent, en sens inverse de lecture, un récit vivant de l’enfance et de la vie publique du Christ.
Les galeries gothiques
Les deux dernières galeries, (sud et ouest), voûtées sur croisées d’ogives, et le grand portail gothique dans le mur sud du cloître ne furent réalisés que vers 1370-1380. Les piles de la galerie sud, la plus ancienne des deux, sont ornées de niches qui abritaient jadis des statuettes. Le décor sculpté des chapiteaux illustre la vie de saint Trophime, d’après le récit qui en est fait dans un poème rédigé vers 1225. Le programme iconographique de la galerie ouest est moins cohérent que dans les autres galeries. Des épisodes bibliques se mêlent à des thèmes chers aux Arlésiens, accordant une large place aux dévotions nouvelles comme le Couronnement de la Vierge ou le culte des saints de Béthanie. Le centre du cloître de la cathédrale Saint-Trophime est constitué d’un jardin, ancien cimetière. Les voûtes de ces galeries sont soutenues vers l’intérieur par des piliers et des colonnettes et vers l’extérieur par des pilastres engagés dans les murs clôturant le cloître.
HISTORIQUE
La construction du cloître vint achever une réédification du complexe cathédral qui avait débuté vers la toute fin du XIe siècle ou au milieu du XIIe siècle. La ville est alors la capitale théorique du royaume d’Arles. L’empereur Frédéric Barberousse est couronné roi d’Arles en 1178 à Saint-Trophime. Entrepris dans une période de prospérité de la ville et de son Eglise, le cloître souffrira du déclin de l‘influence régionale d’Arles au profit d’Aix et d’Avignon. Ainsi les deux dernières galeries ne sont-elles achevées qu’à la fin du XIVe siècle. Une fois achevé, le cloître n’a abrité que peu de temps la communauté régulière. Les chanoines retrouvent une vie séculière (non cloîtrée) en 1455. Les belles salles deviennent alors des greniers et des réserves… Au XVIIe siècle, les salles furent divisées en deux salles par l’ajout d’une voûte et la construction d’un grand escalier à balustres. Après la Révolution, le cloître Saint-Trophime dépend de la paroisse Saint-Trophime et est en partie occupé par des habitations. Il fut classé Monument Historique en 1846 et ses salles en 1943.
En 1826, la cour intérieure du cloître fut déblayée. En 1843 Prosper MERIMEE, inspecteur général des Monuments Historiques, lance un programme important de restauration et de consolidation des galeries, et de la terrasse, ainsi qu’un nettoyage de la végétation envahissante. Des interventions localisées sont réalisées dans les galeries ouest et sud (colonnes engagées et parements), et la partie occidentale de la galerie sud est colmatée. Par ailleurs, une partie du parement de la galerie ouest est restaurée. Une nouvelle campagne intervient au milieu du XXe siècle, concernant notamment les salles capitulaires et le dortoir, débarrassées de constructions parasitaires. Des ouvertures anciennes sont rétablies et l’accueil du public aménagé en 1976 depuis la cour de l’archevêché. En 2000, des interventions de conservation préventive ont démarré en préambule à la future campagne de restauration du cloître lui-même et de sa statuaire. La réfection des toitures a déjà permis de mettre les galeries hors d’eau, et une préconsolidation de la pierre sous ses concrétions noires, a été entreprise grâce à la pose de pansements de papier Japon. Par ailleurs, il est envisagé d’équiper le cloître d’un véritable lieu d’accueil où se concentreraient une billetterie, une boutique, des sanitaires et des informations améliorant la visite.
Carte d'identité du monument
Date : XIIe-XIVe siècles
Epoque : Moyen Age
Type : Architecture religieuse
Statut : Propriété de la Ville d'Arles ; Classé Monument historique (1846 et 1943) ; Patrimoine mondial de l'Unesco (1981)
http://www.arles-tourisme.com/fr_FR/Ville_visite.aspx?Code=43e5705c-fadb-4e21-9e3a-af1f82c6a0da&Page=1&Ville=Arles