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L'histoire - Page 14

  • Catégories : L'histoire

    L'appel du 18 juin

    08/06/2010 à 20H35 surTous les programmes du jour de France 2
    TVMag Replay

    Durée : 85min. ( 20H35 - 22H00 )
    Cryptage : En clair
    Genre : Téléfilm - Historique
    Origine : France
    Année de réalisation : 2010
    Réalisation : Félix Olivier
    Scénario : Philippe Madral, Laurent Herbiet
    Distribution : Michel Vuillermoz (Charles de Gaulle), Eric Naggar (Georges Mandel), Clément Roussier (Lieutenant Geoffroy Chodron de Courcel), Christian Rodska (Winston Churchill), Peter Hudson (Spears), David Lowe (Lord Halifax), Michel Bompoil (Paul Reynaud), Alain Mottet (Philippe Pétain), Judith Henry (Yvonne de Gaulle), André Penvern (Generalissime Weygand).
    Musique : Laurent Ferlet

    RÉSUMÉ

    Alors que les armées françaises sont en pleine débâcle, Charles de Gaulle, tout juste promu général, se rend à Londres pour demander l'aide militaire de Churchill. Lorsqu'il apprend que le maréchal Pétain vient de demander à Hitler les conditions d'un armistice, il décide de lancer un appel à la résistance. Pendant vingt-quatre heures, de Gaulle n'aura de cesse de négocier avec les dirigeants britanniques sa diffusion sur la BBC. L'homme qui n'était jusqu'à présent qu'un personnage inconnu de la plupart des Français acquiert d'un seul coup la dimension d'un personnage légendaire...

    http://www.tvmag.com/programme-tv/fiche/france-2/t%C3%A9l%C3%A9film/34262232/l-appel-du-18-juin.html

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    Si Pétain était mort en 1940…

    Photomontage réalisé à partir d'une photo prise en 1944 de troupes canadiennes à Ortona

    grand angle

    Les Anglo-Saxons en raffolent, la France le découvre. Réécrire l’histoire en changeant une donnée-clé n’est pas qu’une tocade de passionnés. Un début alternatif de la Seconde Guerre mondiale mobilise ainsi des chercheurs depuis plusieurs années. Une «uchronie» aussi sérieuse qu’excitante. 

    http://www.liberation.fr/culture/0101639129-si-petain-etait-mort-en-1940

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    J'ai visité hier:Centre d'Histoire de la Résistance et la Déportation

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    Le Centre d'Histoire, une institution tournée vers les droits de l'homme.

    Fondé initialement par d'anciens résistants et déportés lyonnais, un premier musée s'installe au Muséum d'histoire naturelle pour ensuite prendre place dans l'ancienne École du Service de Santé Militaire, haut lieu de la Gestapo dès mars 1943.

    Juillet 1987. Klaus Barbie est jugé coupable de crimes contre l’humanité et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d’assises du Rhône. Alors inédite en France, cette décision éclaire d’un jour nouveau le génocide et les crimes perpétrés par le régime nazi. Elle réveille également la mémoire collective des Lyonnais et précipite la création d’un établissement municipal dédié à l’histoire de la Résistance et de la Déportation.

    Initié dès 1965 par d’anciens résistants et déportés, un premier musée existait, géré et animé par une association jusqu’en 1985. L’existence de ce lieu, l’engagement de ses fondateurs historiques et l’intérêt des collections qu’ils acceptent de confier à une instance publique, accompagnent l’élaboration du projet.

    Le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation est inauguré le 15 octobre 1992 en présence du prix Nobel de la paix, déporté à Auschwitz et Buchenwald, Elie Wiesel. La déclaration qu’il avait livrée en qualité de témoin d’intérêt général au procès Barbie, enregistrée par lui, ne cesse depuis d’être diffusée dans le hall d’entrée du Centre d’Histoire.

    Lire la suite

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    Un visage pour la préhistoire. La collection Piette

    Quelques semaines après la réouverture de la Salle Piette au musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en Laye, la RMN édite, en DVD, un film de Guillaume Terver sur la vie d'Edouard Piette, un des pionniers de l'archéologie préhistorique. Extrait

    http://www.connaissancedesarts.tv/videos-archeologie-212.html

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    Dans ma lecture de "Ruisdael, ciel ouvert"

    Un mot que je connaissais pas:stathouder

    (néerlandais stadhouder, de stade, « lieu » et houder, « qui gouverne »), dans les Pays-Bas espagnols, gouverneur militaire, à l’origine, d’une province à titre temporaire, et qui tient ses pouvoirs par délégation de son souverain ou des assemblées représentatives des provinces.
    Encyclopédie Encarta

  • Catégories : L'histoire

    Exclusif : le film hommage aux poilus

    18/03/2008 | Mise à jour : 07:54 |
    .

    VIDEO - Le Figaro magazine vous propose le film de deux minutes diffusé lors de la cérémonie d'hommage aux combattants de la Grande guerre.

    L'établissement de communication et de production audivisuelle de la défense (www.ecpad.fr) a réalisé à partir du document d'hommage aux poilus un film de 2 minutes diffusé lors de l'hommage aux combattants de la Grande Guerre. Le film, qui dure 13 minutes dans son intégralité, est entièrement réalisé à partir d’archives détenues par l’ECPAD, et pour une large part jamais diffusées.

     

    http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2008/03/17/01006-20080317ARTFIG00528-exclusif-le-film-hommage-aux-poilus.php

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    Première images de la grotte de Romulus et Rémus

    Grâce au quotidien italien la Reppublica, les premières photographies
    de
    la grotte des Lupercales sont disponibles.

    Le spectacle est tout simplement époustouflant.

    Rappelons que Romulus et Rémus sont les deux héros légendaires qui
    auraient fondé la ville de Rome en 753 avant Jésus-Christ, et (...)

    -> http://www.portique.net/spip.php?breve499

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    Pierre Miquel au Panthéon

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    La disparition de Pierre Miquel?

    On va être plusieurs à le regretter. Je pense plus prosaïquement à tous mes élèves (je vous déjà dit que j’ai été prof de collège pendant 12 années, ça en fait plus de 1 500 environ). Pourquoi donc? Pour une simple raison: dans les années 70-80, quand vous cherchiez des documents historiques à montrer aux élèves, il n’y avait qu’un seul type d’histoire de représenté: celle des grands hommes. Des tonnes de volumes sur Napoléon, par exemple. Ou Louis XIV, tête de gondole de tous les collèges de France.

    En CDI (la bibliothèque d’un bahut), on ne trouvait que des ouvrages de 3 kg avec quatre malheureuses illustrations en noir et blanc au milieu. Les gamins regardaient tous déjà des bandes dessinées, mais question éducation, cette dernière était encore un véritable tabou. J’ai eu un jour droit à la remarque d’une collègue pour avoir prêté un Lucky Luke (perso) à un élève ; "Ça n’est pas de la littérature, ça M. Morice". Un jour, à la télé, chez Pivot, Daniel Pennac a expliqué le phénomène : en France, à l’époque, les livres c’est du relié Skyvertex ou skai, doré à l’or fin, sinon ça ne fait pas sérieux. Plein la vitrine pour faire joli, mais jamais lus. Comme l’Universalis, qu’ont tous les enseignants et qu’aucun n’utilise avec ses mômes. Les livres de poche étaient encore ainsi bannis des écoles. Pas assez sérieux.
    Les grands hommes, ça va bien un temps. Elevé au biberon LeGoff de formation, je n’avais plus envie de leur expliquer comment vivait-on à une époque : comment on s’habillait, ce qu’on mangeait... ce qu’on pensait, ce qu’on écoutait, bref tout ce qui façonnait les hommes de la rue, ceux qui font les Etats avant même leurs dirigeants. Faire écouter "Ah, si on avait le charbon de la ruhr", de Jacques Hélian et son orchestre, sur un Gramophone d’époque, chanson de 3 minutes à peine qui résume tous les bouquins sur la lente montée vers la guerre de 40. Tout y est ! Regarder une scène du Capitan, avec Jean Marais, une poursuite en carrosse avec durant toute la scène une traînée stratosphérique d’avion à réaction, pour montrer la difficulté à repoduire une époque (chercher les antennes télé, un régal !) faire construire des puits égyptiens avec trois bouts de bois, ou un diaporama sur la guerre du Vietnam, qui n’était pas encore terminée. Ou pour commencer, en sixième, un questionnaire en 50 case à cocher oui ou non, dont "l’homme préhistorique se brosse les dents tous le matins", " l’homme préhistorique se fait soigner à l’hôpital"... et en dernier... une seule question ; "l’homme préhistorique peut-il mourir de vieillesse à 35 ans" ? Sur le Vietnam, on avait alors parlé de l’agent orange, dont les ravages, 30 après ne sont pas terminés, etc. Montrer des images fixes, souvent des photos tenues à bout de bras, vu que le lecteur VHS n’était pas encore là et qu’on n’avait qu’un projecteur de diapos pour 40 classes. L’archéologie de la société des médias, quoi.

    Et puis, dans ce désert bibliographique, sont apparues de petites merveilles. En forme de bande dessinée... Elle s’appelaient toutes la Vie des hommes au temps... et il n’y avait qu’à remplir les points de suspension pour obtenir la vie au temps des Incas, des Egyptiens ou pendant le XIXe siècle... Une vraie mine, avec des dessins clairs et un texte précis. C’était signé Pierre Miquel, qui avait compris avant tout le monde non seulement la pédagogie, mais aussi l’air du temps. Les gamins les ont dévorés (littéralement parlant !), j’en ai racheté plusieurs exemplaires, à force, mais je ne ne m’en suis moi-même jamais lassé. Faire découvrir que les contes parlant de monstres proviennent du fait que le soir, au XVIIe encore, il n’y a pas de vitre aux fenêtres, mais du papier huilé, qui déforme tout, qu’un paysan sous Louis XIV à une drôle de démarche nécessairement car on lui a mis enfant un habit d’adulte dont on a retroussé les manches ou les jambes de pantalon, qu’un homme puisse manger toute sa vie le même plat ou presque au XVe, une bouillie à base de noix, de noisettes et non de légumes ni de viande (une idée prise à Chaunu). Bref, l’histoire telle qu’on devrait toujours l’enseigner, celle des petites gens aussi, ces oubliés des manuels. Miquel avait compris cela bien avant les autres, et était dans ce sens descendant direct de l’école des Annales de Lucien Febvre et March bloch. Un courant qui ne s’est jamais tari depuis. Et qui n’est pas prêt de se tarir.


    Un grand pédagogue vient de décéder. Si on mesurait l’apport réel qu’il a pu avoir sur la tête des gamins et des adultes, Pierre Miquel devrait reposer au Panthéon. Pas moins. Il nous a assez expliqué que ce sont les hommes et leurs vies qui façonnent le monde, et non, comme beaucoup le croient encore les "grands hommes" seulement, pour qu’on décide d’en faire un, de "grand homme", en hommage à son immense talent de pédagogue. M. Miquel, en ces temps où on raconte tout et n’importe quoi, on aurait aimé un hommage national à celui qui nous a expliqué que ceux d’en bas faisaient autant l’Histoire que ceux d’en haut. Pour nous, qui nous sommes bercés de votre savoir et de votre écriture simple et claire, c’est simple, vous y êtes déjà, au Panthéon des historiens.

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    Source: Agoravox

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    Dominique de Villepin raconte Napoléon

    a8550b2ee0bf210686556b3d1de835cc.gifL'ancien Premier ministre livre sa réflexion sur le pouvoir et sur l'ivresse dont tout homme qui s'en empare est saisi.
    Le Soleil Noir de la Puissance. 1796-1807
    Dominique de Villepin
    ed. PERRIN

    Dominique de Villepin raconte Napoléon
     par Christophe Barbier

     Du pont de Lodi au massacre d'Eylau, de la flamboyante campagne d'Italie aux neiges de Pologne, l'Europe assiste, médusée, à l'irrésistible ascension de Napoléon Bonaparte. Audacieux général en 1796, il est un invincible empereur en 1807. Après Les Cent-Jours, Dominique de Villepin narre ici, avec verve et précision, la partie glorieuse du vol de l'Aigle. Mais il décrit aussi un homme rongé par la peur et lentement brûlé par Le Soleil noir de la puissance. En filigrane, l'ancien Premier ministre livre aussi sa réflexion sur le pouvoir et sur l'ivresse dont tout homme qui s'en empare est saisi.

    Après Les Cent-Jours, en attendant le tome sur le crépuscule de l'Aigle (1807-1814) et celui sur Sainte-Hélène et le mythe, qu'avez-vous souhaité appréhender en allant de Lodi à Tilsit, à la lueur du Soleil noir de la puissance?
    C'est un livre sur les métamorphoses de Napoléon, sur l'ivresse du pouvoir également. J'ai voulu montrer comment le pouvoir, sa conquête et son exercice modifient en substance la personnalité napoléonienne.

    Première métamorphose, Bonaparte passe du tacticien au stratège, à Lodi, en 1796...
    Lodi, c'est la prise de conscience par Bonaparte de son destin: il fera d'ailleurs référence à l' «étoile de Lodi». Dans cette bataille pour passer un pont, il force le destin. Il dira: «Je voyais déjà le monde fuir sous moi comme si j'étais emporté dans les airs.» Et il ajoute: «Je ne me regardais plus comme un simple général, mais comme un homme appelé à influer sur le sort d'un peuple.» Plus que le passage d'un tacticien à un stratège, Lodi est le passage d'un homme du commun à un homme d'exception. On fonde usuellement la légitimité sur des paramètres extérieurs: l'onction, le suffrage, etc. Or, la légitimité, c'est d'abord la conscience qu'un homme a de sa différence. Et c'est une grande clef de l'histoire politique. D'où l'importance de la révélation de Lodi. D'autant que la manière dont est perçu Bonaparte change. Dans le regard de ses soldats, d'abord. Le «petit caporal» brocardé, homme de main de Barras chargé en Italie d'une simple opération de diversion, se place par cet exploit au centre de la scène. Pour les populations, ensuite: son talent politique pour gérer les villes occupées, parler aux foules, limiter les horreurs de la guerre, le distingue. Aux yeux du Directoire, enfin: Bonaparte résiste quand Kellermann lui est dépêché pour partager le commandement. Il y a une cristallisation décisive à ce moment-là. Nombre d'autres généraux peuvent prétendre à briller, et, malingre, le Corse n'est pas le plus flamboyant. Mais, nourri des blessures, des épreuves, de la solitude de sa jeunesse, il a la conscience de sa prédestination.

    Se voit-il alors irrésistible?
    Non. Il a appris aussi la précarité des choses. Dans les prisons de Thermidor, quand un boulet le frôle ou qu'un cheval est tué sous lui à Toulon, il a compris que tout peut basculer. Il prend tous les risques, mais avec cette conscience de la volatilité des situations. Et avec un génie du calendrier qui distingue les politiques d'exception. Il revient d'Italie en héros, mais il se livre peu, car il a compris que la situation n'était pas mûre. Il se sait militaire dans une période où les politiques dominent, et va donc pousser sa légitimité dans d'autres exploits armés. Parce qu'il a le sens du moment, il décide le détour par l'Egypte. Il sait que la légitimité est complexe, qu'elle se bâtit, et il ajoute donc à ses attributs militaires l'imaginaire porté par l'Orient - Alexandre, César, Saint Louis... - et une dimension intellectuelle en emmenant des savants. Magie du personnage, instinct de la politique, il montre aussi qu'il sait transformer des échecs en succès. L'Egypte, c'est beaucoup d'échecs: Aboukir, Saint-Jean-d'Acre, Jaffa... Mais Napoléon sait que la perception des événements compte plus que les faits et les met donc en scène. Puis, constatant que l'Europe bouge, il se dit qu'il a un rendez-vous à ne pas manquer, qu'il faut partir. Une fois de plus, le sens du moment.

    Mais pour cet enjeu suprême, devenir politique et défier les politiques, c'est le 18 Brumaire...
    Bonaparte sait que la relation du politique au militaire est malsaine, que le pouvoir a alors besoin d'un sabre, mais qu'il faut savoir n'être pas là dans certains moments sanglants, pour éviter l'opprobre. Brumaire, c'est encore un échec transformé en succès. Face-à-face cruel avec lui-même: il se découvre pitoyable devant les Cinq-Cents, n'est pas à la hauteur, est sauvé par Lucien. Il vérifie son sentiment de fragilité, il n'est pas dupe de son ascension. Mais il comprend que la période est celle d'une grande équivoque et qu'il ne faut pas en sortir. Il se veut donc la synthèse de toutes les forces et de toutes les mémoires. Il ménage les royalistes, les émigrés, le pape. Il rassure les jacobins, se rapproche des aristocrates grâce à Joséphine, flatte les libéraux. Il grossit de cette ambiguïté, évite les pièges de la période, mais voit tous les complots parisiens depuis sa nouvelle campagne d'Italie ponctuée par le miracle de Marengo. La fragilité, encore. On sous-estime combien il a vécu dans le doute, la peur, toute sa vie. L'intrigue est là, qui peut à chaque instant l'emporter.

    Néanmoins, il est l'homme fort, dans un pays qui en cherchait un.
    Après dix ans de Révolution, la France aspire à l'ordre, au calme. L'effroyable Terreur a impressionné le tempérament français. Napoléon s'en est servi pour conquérir le pouvoir. A travers le Consulat, il apporte l'ordre, la paix et pose les fondations de la France moderne. Mais tout cela demeure fragile: c'est le système d'un jour, pas l'enracinement de l'Ancien Régime. A défaut de telles racines historiques, Napoléon, pour durer, doit trouver autre chose: ce sera la conquête, permanente, qui le renforce, mais le soumet à la loi binaire défaite-victoire. Et le voilà lancé dans une fuite en avant qui ne peut finir que tragiquement.

    Pourquoi ne se rassure-t-il pas et ne se calme-t-il pas après avoir installé l'Empire en 1804 et gagné à Austerlitz en 1805?
    La marche vers l'Empire s'est faite sur fond de peur, avec l'attentat de la rue Saint-Nicaise et la conjuration Pichegru-Cadoudal-Moreau, éléments déterminants dans le choix par Napoléon de l'hérédité. Comment terminer la Révolution et installer un pouvoir stable? Dans un écho de l'Ancien Régime, par un système inspiré par Rome et Charlemagne, qui le pose, aussi, par rapport à l'Europe: il veut sortir de cette illégitimité belliqueuse avec les monarchies. Mais il ne sortira jamais de l'illégitimité fondatrice de Brumaire, ni de l'illégitimité du sacre, fondé sur la souillure de l'assassinat du duc d'Enghien. Le pacte avec la mort signé par les Jacobins en janvier 1793, il le paraphe à son tour avec le sang bourbon du duc... Aucune sérénité, aucune pérennisation n'est plus possible, même si une occasion est manquée après Austerlitz, avec la paix de Presbourg. Mais comme, en plus, l'Europe n'arrive pas à s'entendre, Napoléon entend jouer de ces divisions et poursuivre sa conquête.

    Cette aspiration à la reconnaissance par les cours d'Europe ne relève-t-elle pas aussi d'une ambition de parvenu?
    Non. Il y a dans son ascension la conscience de sa différence, pas la volonté d'imitation. Il ne cherche pas à «faire comme». Globe du Saint Empire, saint chrême des Bourbons, lauriers de César: il fusionne dans son sacre toutes les légitimités. Il veut mettre un point final à l'Histoire, et à la géographie de l'Europe. Il se fait ici le passeur du monde moderne.

    A Tilsit, en 1807, a-t-il l'impression de toucher au but?
    Son obsession antianglaise s'incarne, l'invasion de l'île étant impossible depuis Trafalgar, dans l'alliance avec la Russie et l'union continentale.

    Il ne voit pas que l'avenir est au-delà des mers et perce surtout outre-Atlantique...
    Il manque cette vision, tout comme il ne mesure pas que les fondements de la puissance changent: l'art militaire le cède à la mutation économique. L'Angleterre, avec la révolution industrielle et la machine à vapeur, prend de l'avance dans l'épopée moderne. D'autant qu'elle a réconcilié sa société avec le pouvoir, tandis que la France reste dans une forme de divorce. La fusion société-pouvoir, accomplie dans la personne de Napoléon, est d'une grande instabilité. Cette suspicion envers la politique, entre le pouvoir et la société, demeure: nous sommes toujours en guerre contre nous-mêmes. Enfin, Napoléon sous-estime les contraintes stratégiques liées au climat, à l'éloignement géographique, à l'intendance ou encore à la confrontation avec la guérilla.

    Perd-il aussi son génie politique?
    Il est rattrapé par ses contradictions. Napoléon prétend instaurer le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et devient un occupant; il veut des guerres défensives mais devient l'agresseur. Il était le libérateur à Austerlitz, il devient l'oppresseur avec le Blocus continental.

    Est-il rattrapé par l'esprit de cour?
    Dès 1802, le système courtisan s'installe, même si le «sacre du mérite» dure encore. Napoléon et son entourage se figent. A Tilsit, le physique de l'Empereur a changé, son humeur aussi. On constate alors un phénomène inquiétant pour notre pays: la cour n'est pas liée à l'Ancien Régime, c'est un système indépendant de l'hérédité, qui digère la Révolution et toutes ses phases, qui passera tous les régimes. C'est une agrégation d'intérêts et de docilités, qui ternit l'horizon et gâte le pays, car il entretient la peur et sécrète la conservation: c'est l' «esprit de cour». Il perdure car il est inhérent au pouvoir. Je travaille depuis longtemps à un essai sur ce sujet.

    Est-il inévitable qu'un esprit de conquête se mue en esprit de cour?
    Oui, cela menace toujours. Tout pouvoir doit en avoir conscience, pour sécréter ses antidotes. Un pouvoir qui se donne des missions pour une action en un temps limité est moins menacé qu'un pouvoir qui s'installe. L'Empire s'installe, l'esprit de cour arrive. Napoléon s'en amuse, mais en est aussi la victime.

    Est-il saisi par l'ivresse du pouvoir?
    Oui, il perd la mesure des choses. Il y a du calcul, de la propagande dans ces excès, mais aussi du mépris pour son entourage, ses maréchaux, et il s'aliène des bonnes volontés. Il pense qu'il faut la gloire pour soi seul. La gratitude est impossible pour les hommes qui ont l'obsession du pouvoir personnel.

    Donne-t-il dans l'abus de pouvoir, liberticide?
    Oui, il tourne le dos aux libertés pour jouer de l'égalité, conserver les intérêts et flatter les vanités, même s'il sait récompenser le mérite. Il signe un certain nombre de forfaits avec la conviction qu'ils sont nécessaires pour asseoir son pouvoir. L'instinct de survie est une des clefs de son parcours: pour se maintenir, il faut savoir faire peur, déployer la police, museler la presse, contrôler les chambres.

    Qu'entendez-vous par les «deux corps de Napoléon», le «poétique» et le «politique»?
    La légende et l'action se conjuguent, il les marie dans son art de la propagande. Sa part d'imaginaire interagit en permanence avec ses actes politiques. C'est pourquoi nombre d'écrivains ont si bien parlé de Napoléon: Suarès, Stendhal, Chateaubriand... Il y a en lui quelque chose qui échappe à la rationalité, qui relève de la mystique.

    Toute aventure d'une telle incandescence est-elle promise à une issue tragique?
    Le décalage entre le rêve et la réalité nourrit des entreprises vouées à l'échec, mais qui adviennent parce qu'il y a quelque chose de démiurgique, de prométhéen chez leurs auteurs, qu'ils sont menés, dans leur volonté de gouverner, par autre chose que l'intérêt. Notre pays se nourrit d'imaginaire, quand l'Angleterre ou les Etats-Unis se construisent avec davantage de sens du compromis et de pragmatisme. La réalité nous ennuie; le rêve nous épuise. Nous oscillons donc, souvent, dans l'excès et la démesure. Cela nous vaut des aventures et des déconvenues. Mais nous continuons de porter, par notre ambition universaliste, beaucoup d'espoirs.

    Dominique de Villepin
    14 novembre 1953
    Naissance à Rabat.

    1993
    Directeur du cabinet d'Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères du gouvernement d'Edouard Balladur.

    15 mai 1995
    Secrétaire général de la présidence de la République, après l'élection de Jacques Chirac.

    17 juin 2002
    Ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.

    31 mars 2004
    Ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales.

    31 mai 2005
    Premier ministre.

    27 juillet 2007
    Mis en examen pour «complicité de dénonciation calomnieuse, recel de vol, recel d'abus de confiance et complicité d'usage de faux» dans l'affaire Clearstream

    http://livres.lexpress.fr/entretien.asp/idC=12972/idR=5/idG=8

    Villepin parle des écrivains qui parle de Napoléon mais pas de Nerval alors que ce dernier a écrit sur l'empereur et le "soleil noir" du titre me rappelle le "soleil noir" nervalien.

  • Catégories : L'histoire

    Une forêt du miocène en Hongrie

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    Dans un décor lunaire, la petite forêt fossile de cyprès pointe ce qu'il lui reste de cimes vers le ciel. D'une hauteur de 4 à 6 m, pour un diamètre de 1,5 à 3 m, leur taille réelle devait approcher les 30 ou 40 m.
    DR
    Vienne MAURIN PICARD.
     Publié le 10 août 2007
    Actualisé le 10 août 2007 : 08h08

    Des arbres vieux de huit millions d'années, et exceptionnellement bien conservés, ont été découverts dans une mine à ciel ouvert en Hongrie.

    PARFAITEMENT conservés, les seize Taxodium distichum (cyprès des marécages) gisaient au fond d'une immense crevasse, profonde de 60 mètres. Pour les ouvriers de la mine de lignite de Bukkabrany, à 160 km au nord-est de Budapest, il n'y avait là rien de particulièrement étonnant, la mise au jour de troncs d'arbre carbonisés étant monnaie courante lors des opérations d'extraction.
    Mais ces seize-là n'étaient pas tout à fait comme les autres. Âgés de huit millions d'années - datant d'une période, appelée miocène, où le continent européen était partiellement submergé par les eaux -, ils auraient été subitement ensevelis par une tempête de sable, qui leur aura permis de traverser les époques sans dommage, ou presque. « La découverte est exceptionnelle, car les arbres ont conservé leur structure en bois, explique Tamas Pusztai, directeur adjoint et chef du département archéologique du Musée Otto-Herman de la région. Ils n'ont été ni carbonisés ni fossilisés. »
    Gangue naturelle
    Dans un décor lunaire, la petite forêt de cyprès pointe ce qu'il lui reste de cimes vers le ciel, dans un périmètre de moins de 100 m². D'une hauteur de 4 à 6 mètres, pour un diamètre de 1,5 à 3 mètres, leur taille réelle devait approcher les 30 ou 40 mètres. Ils étaient recouverts d'une épaisse couche de sable gris, lui-même surmonté d'une fine bande de sable jaune. C'est cette gangue naturelle qui est à l'origine de leur survie miraculeuse.
    « Les troncs ont été conservés dans leurs forme et matière originales, explique Miklos Kazmer, directeur du département de paléontologie de l'université des sciences Lorand-Eotvos. La conservation exceptionnelle des arbres est due à une soudaine tempête de sable qui a recouvert la forêt jusqu'à une hauteur de 6 mètres. La partie ensevelie sous les sables est restée magnifiquement intacte », grâce à l'absence de bactéries dans la couche de sable gris. « L'importance de la découverte réside dans le fait que tant d'arbres ont été préservés à leur emplacement original, dans un seul et même endroit, renchérit Alfred Dulai, géologue au Muséum hongrois d'histoire naturelle. La vraie rareté concernant ces arbres est que leur bois original a été préservé. Ils ne sont pas transformés en pierre. »
    Grâce à ce parfait état de conservation, les scientifiques espèrent découvrir une mine d'enseignements sur la flore du miocène, et cerner un peu mieux les origines de la Pannonie. Cette plaine sur laquelle est apparue la Hongrie contemporaine était il y a huit millions d'années une immense étendue d'eau, le lac Pannon, sur les rives boueuses et marécageuses duquel prospéraient les Taxodium.
    Les troncs étant de matière organique, il serait possible de procéder à des examens de dendrochronologie, une méthode de datation des changements climatiques par l'étude des anneaux des arbres, qui devaient avoir 300 à 400 ans au moment de leur mort. « Et puisque les arbres ne sont pas nés le même jour, il est possible d'étudier une période s'étalant sur 1 000 à 1 500 ans », s'enthousiasme Janos Veres, archéologue en chef du chantier improvisé au coeur de la mine.
    Questions de conservation
    Après l'annonce officielle de la découverte, le 31 juillet, le ministre hongrois de l'Environnement, Gabor Fodor, évoquant une « sensation mondiale », a assuré que son gouvernement allait investir plusieurs millions d'euros pour assurer la préservation des 16 cyprès du miocène. Ceux-ci seront à terme exposés dans un aquarium reproduisant les conditions humides de leur longue hibernation, dans le centre pour visiteurs d'Ipolytarnoc, au sein du parc national de Bükk. Mais il faut faire vite. Soumis au contact de l'air et du soleil, très nocifs pour un bois si ancien, les troncs ont perdu leur cellulose qui servait de colle aux membranes des cellules des arbres, et ont commencé à se dessécher quasiment à vue d'oeil.
  • Catégories : L'histoire, Science

    Une hydrographie de grande envergure à Angkor

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    À Angkor, les canaux ont servi à capturer l'eau des rivières et à l'acheminer vers les différentes constructions de la cité et de ses environs.
    Vogel/AP.
    ISABELLE BRISSON.
     Publié le 14 août 2007
    Actualisé le 14 août 2007 : 08h37

    Avec l'aide de la Nasa, des chercheurs ont établi que le système hydrographique de la cité cambodgienne était exceptionnel pour l'époque.

    LA CITÉ d'Angkor a été la capitale de l'Empire khmer entre le IXe et le XVe siècle de notre ère, époque pendant laquelle se sont succédés des pouvoirs à cet endroit. L'analyse du site a été effectuée par une équipe internationale de chercheurs (1), dont Christophe Pottier de l'École française d'Extrême-Orient (Efeo), qui a cartographié minutieusement le site depuis son classement en 1992 par l'Unesco au Patrimoine mondial de l'humanité. L'échelle très précise de la carte qui couvre environ 3 000 km² a pu être établie grâce à l'analyse combinée de cartes traditionnelles, de photographies aériennes, d'images satellitaires d'une résolution de moins d'un mètre, avec les données d'un radar du Jet Propulsion Laboratory de la Nasa à forte résolution embarqué sur avion. Ce travail a permis aux scientifiques de montrer à quel point la riziculture s'est développée à l'époque médiévale et à quel point l'homme a transformé son environnement. Et peut-être que cette transformation de l'environnement a compté parmi les facteurs à la base du déclin du site.
    En effet, la cartographie montre qu'à l'époque médiévale la cité qui entourait le célèbre temple d'Angkor Vat possédait un immense système hydrographique central de plus de 1 000 km². Il était constitué de 4 « barays », des réservoirs artificiels énormes, dont le plus grand faisait 8 km de longueur sur 2 km de largeur avec des digues de 10 mètres de hauteur sur 150 mètres de largeur.
    Un million d'habitants
    Ces réservoirs étaient peut-être destinés à stocker l'eau des pluies en temps de mousson, estiment les auteurs. Il y avait aussi des canaux destinés à capturer l'eau des rivières et à l'acheminer vers les différentes constructions de la cité et de ses environs (certains ont pu estimer que la population dépassait un million de personnes à son apogée) et peut-être aussi vers les rizières alentour. C'est l'hypothèse qu'avait émise dans les années 1950 Bernard-Philippe Groslier de l'Efeo. Cet archéologue avait entrepris de cartographier les lieux sans avoir pu terminer ce travail en raison de l'arrivée des Khmers rouges dans les années 1970.
    Pour Groslier, les ouvrages étaient le résultat d'une volonté royale. Si les auteurs de la présente étude s'accordent avec lui pour estimer que les travaux, étant donné leur taille importante, avaient probablement été décidés au plus haut niveau, ils n'en déclarent pas moins que cela reste à démontrer.
    (1) « Pnas », 13 août 2007
  • Catégories : L'histoire

    "Erectus" et "habilis" auraient vécu ensemble

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    Le crâne fossile d'Homo erectus.
    AP Photo/Karel Prinsloo.

    ISABELLE BRISSON. Publié le 11 août 2007Actualisé le 11 août 2007 : 22h04


    Les deux espèces ne descendraient pas l'une de l'autre, mais auraient cohabité en Afrique de l'Est il y a 1,5 million d'années.


    LES SCIENTIFIQUES disposent de peu de fossiles de pré-humains entre 2 et 3 millions d'années avant notre ère et en possèdent quelques-uns plus anciens dont l'aîné se nomme Toumaï et a environ 7 millions d'années. Mis au jour en 2000 par des Kényans qui viennent d'en revendiquer la découverte, deux fossiles ont été étudiés par une équipe de chercheurs dirigée par Fred Spoor de l'University College de Londres *, avec notamment Meave et Louise Leakey, belle-fille et petite-fille de Louis Leakey, codécouvreur de l'espèce Homo habilis (l'homme habile) en 1964. Il s'agit du plus petit crâne de l'espèce Homo erectus (l'homme érigé) jamais mis au jour sur les bords du lac Turkana au Kenya (Afrique de l'Est) et des plus récents fragments de mâchoire de l'espèce Homo habilis. Les fossiles qui ont été datés à 1,55 million d'année pour erectus et à 1,44 million pour habilis montrent que ces deux espèces ont vécu côte à côte dans cette région du monde pendant environ un demi-million d'années. Les chercheurs pensaient auparavant que les deux espèces avaient évolué l'une après l'autre (habilis serait apparu autour de 2,5 millions d'années, précédant erectus qui serait venu autour de 1,8 million d'années). Ainsi, la présente étude montre bien que l'un ne descend pas de l'autre.


    « Cette intéressante découverte remet en question l'origine du genre Homo en Afrique de l'Est, estime Pascal Picq, du Collège de France. Entre 2 millions et 1,5 million d'années, il aurait pu apparaître plus ou moins rapidement ailleurs en Afrique ou, peut-être, en Eurasie comme l'indiquent les fossiles de Dmanisi en Géorgie (datant de 1,8 million d'années, NDLR). »


    Niches écologiques différentes


    Le crâne d'erectus, qui est plus petit que ceux que l'on connaît de cette espèce, appartenait sans doute à une femelle. Preuve que l'espèce présentait un grand dimorphisme sexuel, le mâle étant plus grand que la femelle à la façon des gorilles modernes alors que, chez les humains actuels, la différence entre les deux sexes est moindre. On peut donc penser que ces hommes n'étaient pas semblables à nous. Par ailleurs, pour les auteurs, les deux espèces doivent s'être développées à partir d'un ancêtre commun ayant vécu entre 2 et 3 millions d'années. Elles fabriquaient vraisemblablement des outils, mais probablement qu'erectus, plus grand et plus mobile qu'habilis, était un chasseur actif tandis que l'autre recherchait des petites proies. Et c'est parce qu'elles sont toujours restées séparées que ces deux espèces ont occupé des niches écologiques différentes à la manière des gorilles et des chimpanzés modernes, évitant ainsi une concurrence directe.


    Les dents et les mâchoires moins puissantes d'erectus correspondent à un régime alimentaire incluant de la viande, des graisses animales et autres aliments tendres, contrairement à habilis adapté à une nourriture plus dure d'origine végétale comme les noix et les tubercules, sans oublier de la viande obtenue par charognage.


    * Science, 9 août 2007.

    http://www.lefigaro.fr/sciences/20070811.FIG000000603_erectus_et_habilis_auraient_vecu_ensemble.html

  • Catégories : L'histoire

    Le vaste palais celte de la Dame de Vix

    78c0528c74dcd81f03c627cd5b9d1a6a.jpgLes fouilles à Vix

    De notre envoyée spéciale à Vix ISABELLE BRISSON.
     Publié le 03 août 2007
    Actualisé le 03 août 2007 : 09h29

    Des chercheurs français et allemands ont découvert sur le mont Lassois, en Côte-d'Or, une grande demeure celte inspirée des palais grecs.

    SOUS le soleil radieux de ce début d'août, l'équipe de chercheurs franco-allemande coordonnée par Bruno Chaume, archéologue au CNRS, travaille à dégager les fondements d'un bâtiment à l'architecture et aux dimensions exceptionnelles de 500 m2 sur le plateau du mont Lassois en Côte-d'Or. C'est la première fois qu'une habitation celte de la civilisation Hallstatt (époque du premier âge de fer allant de 820 à 450 ans avant J.-C.) est mise au jour près de la sépulture de la personne qui a pu l'habiter, la célèbre Dame de Vix, du nom du village où elle a été découverte. À l'époque, les Celtes anciens occupaient une zone allant de Bourges jusqu'à l'Autriche.
    Sur le plateau, la demeure aurait appartenu à cette fameuse Dame de Vix. Sa sépulture, l'une des plus riches et des plus célèbres du monde celte, a été mise au jour en 1953 par René Joffroy aidé de Maurice Moisson, dans un tumulus situé au pied du mont Lassois. Elle se trouvait un peu plus bas que le palais récemment découvert, dans la plaine verdoyante proche d'un méandre de la Seine.
    La Dame de Vix a été enterrée vers 500 avant notre ère selon un rite normalement réservé aux hommes. Les défunts étaient allongés sur la caisse d'un char avec des objets importants pour eux durant leur vie ou offerts en hommage à leur rang. Ici, en l'occurrence, des bijoux en bronze, en perles et en or, des objets méditerranéens, grecs et étrusques dont le fameux cratère de Vix, le plus grand vase de bronze que l'Antiquité nous ait légué. Magnifiquement sculpté, il pèse 208 kg, mesure 1,64 m de haut et servait sans doute à stocker l'hydromel, une boisson alcoolisée prisée à l'époque chez les personnes aisées.
    La taille d'une église
    Avec ses 35 m de long sur 21,5 m et sa quinzaine de mètres de hauteur, le bâtiment qui n'avait probablement pas d'étage, avait presque la taille d'une église actuelle. Il a été reconstruit plusieurs fois, notamment après un incendie, comme le prouvent des pierres calcinées et de la céramique encore présentes sur le site. Il comprenait deux grandes pièces et une abside. Le toit en bardeau de chêne, arbre de bonne qualité dans la région, devait être construit à 45° pour supporter la neige et la pluie des hivers à - 30 °C. Les murs en clayonnage étaient recouverts d'un torchis peint d'un badigeon de couleur rouge. Le sol devait être en terre battue ou en plancher. La porte à deux battants, qui mesurait 6 m de large sur 4 de haut, s'ouvrait au soleil levant (à l'est). « Les antes, des avancées qui supportaient le porche, sont spécifiques des édifices grecs (mégaron) qui servaient de demeures à des personnages importants », indique Bruno Chaume. Il témoigne de l'influence des civilisations méditerranéennes sur le monde celtique.
    Le palais de la Dame s'insère dans une véritable petite ville fortifiée de 60 hectares, repérée par un chercheur allemand entre 2004 et 2006, dans le cadre du programme « Vix et son environnement », grâce à des appareils utilisés par les sismologues. Jusqu'à présent, on pensait que l'urbanisation de l'Europe occidentale n'avait commencé qu'avec « la civilisation des oppida » au IIe et Ier siècle avant notre ère. La proto-urbanisation du site donne pourtant l'image d'un habitat déjà très structuré, hiérarchisé et aéré. Il se compose d'une rue principale qui mène au palais et dessert des enclos palissadés à l'intérieur desquels se trouvent quelques dizaines de maisons qui devaient abriter des centaines de personnes. « Seul un pouvoir politique fort a pu faire naître une telle organisation », confirme Bruno Chaume.
    Avec au sud du plateau de vastes greniers sur pilotis destinés au stockage de céréales et une citerne utilisée pour les réserves en eau, nous sommes devant une véritable gestion collective des ressources. Des traces de banquets ont été trouvées dans les fouilles sous forme notamment de fragments de huit vases en céramique imitant les cruches de bronze d'origine méditerranéenne. Elles indiquent que le bâtiment recevait la caste supérieure de la société.
    La montée en puissance du site vers 530 avant J.-C. ne s'explique pas uniquement par le fait que le lieu se trouve sur la route de l'étain, comme on l'a cru longtemps. « Ce sont les échanges commerciaux avec les cultures méditerranéennes et la position géostratégique du site de Vix qui ont certainement fait son succès », indique Bruno Chaume. Et si le site périclite en 450 av. J.-C., c'est parce que l'économie et les voies commerciales, notamment les relations avec les cultures méditerranéennes, ont subi des bouleversements. Cela, peut-être combiné à des problèmes internes à la société de Vix, l'aurait conduit au déclin.
  • Catégories : L'histoire

    Evreux: une bien curieuse nécropole

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    Evreux: une bien curieuse nécropole

     

    Nécropole gallo-romaine d'Evreux: les restes d'un adulte dont la tête est enserrée par deux crânes de cheval - Hervé Paitier - Inrap Des archéologues ont découvert à Evreux (Eure) des ossements humains en contact étroit avec des restes de chevaux Ces restes remontent aux IIe et IIIe siècles de notre ère. Leur découverte bouscule les certitudes sur les rites funéraires de la Gaule romaine.

    Les fouilles ont été menées d'octobre à juin par une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) sur une parcelle de 200 m2 destinée à la construction d'une villa.
    Le site dit du Clos au Duc (aujourd'hui à quelques centaines de mètres de la gare de la préfecture de l'Eure) est connu depuis le XIXe et fréquemment fouillée. On y déjà découvert de fort beaux objets exposés au musée d'Evreux (qui vaut la visite). La nécropole semble avoir été utilisée entre les Ier et IVe siècles ap. J.-C. Elle était installée à flanc de coteau, à l'extérieur de la cité antique, le long d'un axe de communication reliant Evreux à Chartres.

    Les premières traces d'occupation humaine à Evreux semblent remonter vers 75 av. J.-C. Portant le nom de Mediolanum Aulercorum, est alors le chef-lieu de la cité d'un peuple gaulois, les Aulerques Eburovices. Dès Auguste (-27 av J.-C., 14 ap. J.-C.), elle prend un essor important. Elle se dote d'un théâtre, de thermes, de villas aux murs recouverts d'enduits peints...

    Au cours des récentes fouilles, les archéologues ont dégagé quelque 150 sépultures où étaient enterrés des adultes, des enfants et des nouveaux-nés. La plupart ont été retrouvés dans des positions inhabituelles, sur le ventre ou sur le côté, à une époque où les corps étaient d'ordinaire enterrés sur le dos. Seulement une dizaine de céramiques ont été découvertes lors de l'intervention de l'INRAP.

    Autre facteur exceptionnel: le dépôt de restes de chevaux dans la plupart des sépultures. Ces restes vont de quelques ossements à des individus équins quasiment complets. Il s'agit le plus souvent de crânes ou de quartiers de rachis (colonnes vertébrales). Mais une tombe a livré trois chevaux presque complets déposés simultanément les uns au dessus des autres.

    La sépulture la plus étrange est celle d'un adulte dont la tête est enserrée par deux crânes équins tête-bêche (photo du haut).

    Trois autres tombes associent dans un coffrage en bois un ou deux humains en contact direct avec des crânes et des rachis complets de chevaux. "Ces ossements ont été déposés au moment de l'inhumation, directement au contact du défunt, au-dessus des coffrages ou dans les fosses", explique-t-on à l'INRAP. D'une manière générale, l'organisation de ces tombes, chaque fois différente, semble volontairement agencée. Reste à comprendre la signification de ces agencements...

    Quelle interprétation ?

    Une chose semble sûre: ces pratiques funéraires étaient, jusque-là, inconnues en Gaule romaine. On savait déjà que dans certaines cultures, les guerriers étaient inhumés avec leur chevaux. Quelques cas sont connus chez les Gaulois, comme les célèbres cavaliers de Gondole, près de Clermont-Ferrand. Où plusieurs siècles plus tard, lors des invasions germaniques qui ont précipité la chute de l'empire romain. Mais une distance était toujours maintenue entre dépouilles humaines et animales. Ce n'est pas le cas à Evreux.

    Les archéologues écartent les hypothèses de charniers, mis en place par exemple lors d'épidémies. "Il semble improbable que des animaux morts de maladie aient été découpés pour être déposés dans des sépultures", explique-t-on à l'INRAP.

    De la même façon, les scientifiques évacuent l'hypothèse de tombes guerrières ou des sépultures sur lesquelles auraient été faites des offrandes alimentaires. "Aucun coup n'est visible sur les ossements et le cheval n'était plus consommé de façon courante à l'époque romaine", observe-t-on à l'Institut national de recherches archéologiques préventives.

    De quoi peut-il alors s'agir ? On pourrait avoir affaire ici à la nécropole d'une corporation, pense l'équipe de l'INRAP qui a réalisé les fouilles. Et plus précisément à une "corporation
    d'individus assez modestes liée à l'équarissage, qui aurait utilisé une partie des restes inexploités des chevaux à des fins funéraires".

    Reste maintenant à étayer cette thèse. Il va falloir procéder à des datations au carbone 14. Une étude archéoanthropologique va permettre de préciser le nombre d'invidus inhumés, leur répartition par âge ou par sexe, de déceler certaines pathologies ou carences... De leur côté, des archéozoologues vont déterminer la taille des équidés, leur âge... Ils tenteront aussi d'en savoir un peu plus sur les quartiers de viande déposés dans les sépultures. Autant d'éléments qui seront complétés par l'étude du "mobilier" des tombes ainsi que celle des os pour en savoir un peu plus sur ce mangeaient les personnes enterrées.

    Bref, les scientifiques vont employer les grands moyens pour résoudre l'énigme posée par la nécropole d'Evreux. D'ores et déjà, une chose est sûre: l'antiquité gallo-romaine, que l'on croit bien connaître, a encore beaucoup, beaucoup de mystères à nous révéler... 
     

     
     
     
     
    Laurent Ribadeau Dumas
    Publié le 19/07 à 12:00
     
     
     
     

    http://cultureetloisirs.france3.fr/archeologie/32869390-fr.php

  • Le mystère de la momie de la reine Hatshepsout

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    La souveraine, qui régna de 1479 à 1457 avant J.-C., aurait été identifiée grâce à une molaire cassée, retrouvée dans un vase funéraire.
    AFP Photo/Discovery Channel/HO.
    ANNE-MARIE ROMERO.
     Publié le 28 juin 2007
    Actualisé le 28 juin 2007 : 08h17

    Le directeur des Antiquités égyptiennes a fait sensation en annonçant avoir identifié la momie de la reine la plus célèbre et la plus haïe de la période pharaonique. Un coup de théâtre qui laisse perplexes les égyptologues français.

    C'EST À PARTIR d'un morceau de dent, d'une simple molaire cassée, retrouvée dans un « vase canope » - les vases recevant les viscères des morts au moment de la momification - que Zahi Hawass, le tonitruant directeur des Antiquités égyptiennes, a annoncé hier, après deux jours de rumeurs soigneusement orchestrées, qu'il avait identifié la momie de la reine Hatshepsout. Hatshepsout, celle par qui le scandale était arrivé, au XVe siècle avant notre ère, parce qu'elle, une femme, avait transformé sa régence en monarchie personnelle pendant vingt-deux ans...
    Ce morceau de molaire collerait en effet parfaitement avec une dent cassée de la momie de la nourrice d'Hatshepsout, Sat-Rê, retrouvée par Howard Carter dans les années 1910, dans la tombe numérotée KV 60 (King Valley n° 60), en compagnie d'une autre momie féminine inconnue. À l'époque, la « nourrice » avait été transportée au Musée du Caire et l'autre dépouille, laissée dans la tombe.
    Enterrée dans un lieu discret
    Zahi Hawass, très friand d'annonces médiatiques, a expliqué hier ses recherches, menées avec le soutien de la chaîne américaine Discovery Channel, et ses déductions, au cours d'une conférence de presse au Musée du Caire. Pour lui, il ne fait pas de doute qu'il s'agit de « la plus importante découverte dans la Vallée des rois depuis celle de la tombe de Touthankamon ». Fille unique et héritière de Thoutmosis Ier, épouse de Thoutmosis II, son demi-frère, belle-mère de Thoutmosis III dont elle assuma la régence, Hatshepsout régna de 1479 à 1457 avant J.-C. dans les premiers temps du Nouvel Empire. Après avoir finalement passé la main à son neveu et pupille, elle avait sombré dans l'oubli.
    Dans l'énorme ouvrage publié sur la reine en 2002, Christiane Desroches-Noblecourt expliquait qu'elle n'avait vraisemblablement été enterrée dans aucun des trois tombeaux qu'elle s'était successivement fait construire, mais dans un lieu discret mais cependant décent et digne d'une reine.
    Car la grande égyptologue s'élève - et elle n'est pas la seule - contre la rumeur qui veut que Thoutmosis se soit vengé de sa belle-mère dès son accession au pouvoir en faisant marteler ses effigies et monuments. « Il n'avait pas de raison de lui en vouloir puisqu'elle l'avait toujours associée à ses actes politiques. Les martelages ont eu lieu vingt ans plus tard, à la suite d'un événement politique qui nous échappe. » Il n'y a donc pas lieu d'imaginer qu'elle se soit fait inhumer en se faisant passer pour sa nourrice.
    Trois tombeaux ! Hatshepsout, lorsqu'elle n'était que la Grande Épouse royale de Thoutmosis II, avait en effet choisi une faille de rocher située à 28 mètres de hauteur pour y faire creuser une première tombe, à Sikkat-Taquet-ez-Zeïd. Une fois régente, elle en avait commandé une autre dans la Vallée des Rois (KV 20) dans laquelle elle avait fait fabriquer un tombeau de quartzite rose pour son usage. Mais elle y avait fait transporter le corps de son père, Thoutmosis Ier, et avait fait fabriquer pour elle-même une troisième cuve, également en quartzite, retrouvée vide, également par Carter.
    De cet enterrement royal, on ne sait strictement rien. Mais il y a plus d'un siècle, lorsque Belzoni avait découvert la fameuse cachette royale de Deir-el-Bahari, où un pharaon de la XXIe dynastie avait fait entasser toutes les dépouilles royales pour leur épargner des pillages, on avait découvert un vase canope marqué de la titulature d'Hatshepsout et contenant sa rate.
    Il semblerait que des recherches aient été reprises dans ce récipient puisque Zahi Hawass y a trouvé la précieuse molaire cassée. Dans ce cas, il serait possible que ce soit la reine qui ait été prise pour sa nourrice et que l'autre femme laissée dans la tombe soit Sat-Rê... « Mais il convient d'être prudent, estime Luc Gabolde, chercheur au CNRS de Montpellier, et spécialiste de la XVIIIe dynastie, car on peut avoir enterré la nourrice, que la reine aimait tendrement, avec sa propre mère ou avec sa fille. Cela se pratiquait couramment ».
    Analyses ADN
    D'autre part, Christiane Desroches-Noblecourt, à 93 ans, garde un souvenir précis de ses travaux. Elle a vu ce vase, cette rate, mais, dit-elle, « je n'ai jamais trouvé de molaire dans ce récipient sacré ».
    Discovery Channel a annoncé que des analyses ADN allaient être pratiquées sur la dent et la momie du musée. Là encore, Luc Gabolde est prudent : « Toutes les momies ont été tellement bombardées de rayons X dans les années 1980 que les chaînes d'ADN ont été faussées et qu'elles ne sont plus très fiables. »
    Enfin, selon Guillemette Andreu, directrice du département d'Égyptologie du Louvre, elle aussi sceptique, « il ne faut pas oublier que le gouvernement égyptien a besoin de découvertes spectaculaires, glorifiant le passé auquel les Égyptiens sont si attachés, afin de contrecarrer les tentations fondamentalistes ».

     
  • Catégories : L'histoire, La presse

    Je viens de lire:Figaro hors série: Toutankhamon

     

    Un hors série intégralement illustré par Araldo de Luca.

    medium_hs_fig.jpgC’est un masque d’or avec « une expression triste et calme ». Des coffres et des bijoux. Des vases à parfum en albâtre, des sarcophages, des cobras de cuivre. Des pharaons, des dieux, un mystérieux bestiaire. Des trônes en bois doré, des barques funéraires, des chars de guerre. Plusieurs centaines de pièces en or , en turquoise, en lapis lazulli. C’est un trésor, peut être le plus extraordinaire de toute l’histoire des hommes. Celui de Toutankhamon, ce "petit pharaon de rien du tout" dont le regard mélancolique a traversé les siècles. Quand le 24 novembre 1922 Howard Carter et Lord Carnarvon découvrirent sa tombe, dans la vallée des rois, ce fut comme la plus saisissante des apparitions : « /D’abord je ne vis rien (…) puis des formes se dessinèrent lentement : d’étranges animaux, des statues et partout un scintillement de l’or. Pendant quelques secondes je restai muet de stupeur. Et lorsque que Lord Carnarvon me demanda enfin : « vous voyez quelque chose ? » je ne pus que répondre » : oui, oui, des merveilles ».

    Au printemps 1967, grâce à la détermination de Christine Desroches-Noblecourt la France entière se ruait au Petit Palais pour admirer les merveilles du trésor de Toutankhamon.

    Quarante ans plus tard, nous avons voulu à travers un hors série exceptionnel offrir de les admirer avec un luxe de détail inoui. Grâce à un reportage de photographies extraordinaires, à la collaboration d’historiens, d’égyptologues, de journalistes, ce Hors- Série fait revivre le temps d’une lecture l’Egypte à l’apogée de la civilisation pharaonique, retrace l’épopée de la découverte de Carter, explore les sept mystères qui entourent encore le règne de ce pharaon célèbre et inconnu. Comme s’il vous était donné de visiter la plus somptueuse des expositions jamais consacrées à l’Egypte. Chez vous".

    Michel De Jaeghere

    Directeur de la Rédaction

    Vous pouvez vous procurer les HS du Figaro en cliquantici.
    - Retrouvez l’art d’Araldo de Luca : ici.
    - A Paraître en octobre 2007 : Les trésors de Toutankhamon, texte d’Alessia Amienta et photographies d’Araldo de Luca, White Star.

    SOURCE DE CET ARTICLE:http://www.canalacademie.com/Hors-Serie-du-Figaro-Toutankhamon.html

  • Lawrence d'Arabie

     

    Thomas Edward Lawrence (16 août 1888 - 19 mai 1935), également connu sous le nom de Laurence d’Arabie (Lawrence of Arabia), ou encore — parmi ses compagnons arabes — Aurens ou Al-Aurens, est un archéologue, officier, aventurier et écrivain britannique. Il accéda à la notoriété en tant qu'officier de liaison britannique durant la Révolte arabe de 1916 à 1918. L'immense écho que connut son action pendant ces années et après est due tant aux reportages du journaliste américain Lowell Thomas qu’à son autobiographie Les sept piliers de la sagesse (Seven Pillars of Wisdom). T.E. Lawrence est resté très populaire parmi les Arabes pour avoir soutenu leur lutte pour se libérer des jougs ottomans et européens. De même, les Britanniques le considèrent comme un des plus grands héros militaires de leur pays. Un film a été tiré de sa vie en 1962, avec Peter O'Toole dans le rôle-titre : Lawrence d'Arabie.

    Lawrence naît à Tremadoc, Caernafonshire au Nord du Pays de Galles, de parents d’ascendance anglaise et irlandaise. Son père, Thomas Chapman, est un membre important de l’aristocratie irlandaise qui a quitté sa femme tyrannique afin de vivre avec la gouvernante de ses filles avec laquelle il eut cinq fils. De décembre 1891 jusqu'au printemps de 1894 il habite à Dinard et part pour Aigues Mortes à vélo.

    Lawrence suit des études au Jesus College à Oxford. Il obtient son diplôme avec mention après avoir rédigé une thèse intitulée L’influence des Croisades sur l’architecture militaire européenne à la fin du XIIe siècle (The influence of the Crusades on European Military Architecture - to the end of the 12th century).

    Il accepte une position post-doctorale sur la poterie médiévale, mais l’abandonne après s’être vu proposer un poste d’archéologue au Moyen-Orient. En décembre 1910, il part pour Beyrouth, qu'il quitte pour Jbail (Byblos). Il participe ensuite à l’excavation de Karkemish près de Jerablus au Nord de la Syrie, sous les ordres de D.G. Hogarth et R. Campbell-Thompson.

    À la fin de l’été 1911, il retourne au Royaume-Uni pour un bref séjour et, dès novembre, il repart pour le Moyen-Orient afin de travailler brièvement avec Williams Flinders Petrie à Kafr Ammar en Égypte. Il retourne à Karkemish travailler avec Leonard Woolley. Il continue à visiter régulièrement le Moyen-Orient afin d’y mener des fouilles jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Ses nombreux voyages en Arabie, sa vie avec les Arabes, à porter leurs habits, apprendre leur culture, leurs langue et dialectes, allaient s’avérer des atouts inestimables durant le conflit.

    En janvier 1914, sous couvert d’activités archéologiques, Wooley et Lawrence sont envoyés par l’armée britannique en mission de renseignements dans la péninsule du Sinaï. Lawrence visite notamment Aqaba et Petra. De mars à mai, Lawrence retourne travailler à Carchemish. Après l’ouverture des hostilités en août 1914, sur le conseil de S.F. Newcombe, Lawrence décide de ne pas s’engager immédiatement et attend octobre pour le faire.

    Une fois engagé, il est nommé au Caire où il travaille pour les services de renseignements militaires britanniques. La très bonne connaissance du peuple arabe de Lawrence en fait un agent de liaison idéal entre les Britanniques et les forces arabes. En octobre 1916, il est envoyé dans le désert afin de rendre compte de l’activité des mouvements nationalistes arabes. Durant la guerre, il combat avec les troupes arabes sous le commandement de Fayçal ibn Hussein, un fils du chérif de la Mecque Hussein qui mène une guérilla contre les troupes de l’Empire ottoman. La contribution principale de Lawrence à l’effort britannique consiste à convaincre les Arabes de coordonner leurs efforts afin d’aider les intérêts britanniques. Il persuade notamment les Arabes de ne pas chasser les Ottomans de Médine, forçant ainsi les Turcs à conserver de nombreuses troupes pour protéger la ville . Les Arabes harcèlent le chemin de fer du Hedjaz qui approvisionne Médine, immobilisant davantage de troupes ottomanes pour protéger et réparer la voie. En 1917, Lawrence organise une action commune entre les troupes Arabes et les forces de Auda Abu Tayi (jusqu’alors au service des Ottomans) contre le port stratégique d’Aqaba. Le 6 juillet, après une audacieuse attaque terrestre, Aqaba tombe aux mains des Arabes. En novembre, il est reconnu à Dara alors qu’il mène une mission de reconnaissance déguisé en Arabe et est vraisemblablement violé par des membres de la garnison turque. Il parvient malgré tout à s’échapper. Un an plus tard, le 1er octobre 1918, Lawrence participe à la prise de Damas.

    Parmi les Arabes, Lawrence adopte nombre de coutumes locales et devient bientôt ami du Prince Fayçal. Il devint connu pour porter des vêtements blancs et monter des chameaux et des chevaux dans le désert. Vers la fin de la guerre, il cherche à convaincre, sans succès, ses supérieurs de l'intérêt de l'indépendance de l'Arabie pour le Royaume-Uni

     

    Dans l’immédiat après-guerre, Lawrence travailla pour le Foreign Office et assista à la Conférence de paix de Paris entre janvier et mai 1919 en tant que membre de la délégation de Fayçal. Il fut ensuite conseiller de Winston Churchill au Colonial Office jusque vers la fin de 1921.

    À partir de 1922, il essaya de redevenir anonyme. Il s’engagea dans la Royal Air Force sous le nom de « Ross ». Il fut rapidement démasqué et dut quitter la RAF. Sous le pseudonyme de « Shaw », il s’engagea en 1923 dans le Royal Tank Corps. Cet engagement ne lui plaisant pas, il fit de multiples demandes pour rejoindre la RAF et y parvint finalement en août 1925. A la fin de l’année 1926, il fut assigné à une base en Inde et y resta jusque fin 1928, date à laquelle il fut obligé de rentrer au Royaume-Uni suite à des rumeurs d’espionnage. Il s’occupa ensuite des bateaux à grande vitesse au sein de la RAF ("Air Sea Rescue" pour le sauvetage des pilotes tombés en mer) et dû quitter à regret l’armée à la fin de son contrat en mars 1935. Quelques semaines plus tard, il fut tué lors d’un accident de moto dans le Dorset. Il avait 47 ans

    Au-delà du mythe, Lawrence d'Arabie reste l'un des officiers les plus influents dans le développement d'une doctrine insurrectionnelle au siècle dernier. En 1946, le général français Raoul Salan a mené plusieurs entretiens avec le Général vietnamien Vo Nguyen Giap qui a planifié et conduit les opérations militaires contre les Français jusqu’à leur défaite à la Bataille de Dien Bien Phu. Salan faisait partie d’une mission de négociation créée pour finaliser le retour de l’autorité française au Viêt Nam. Plus tard, il commandera le Corps expéditionnaire français au Viêt Nam du 20 mai 1951 jusqu’à mai 1953, et il a conduit la dernière action militaire réussie contre Hô Chi Minh : une offensive nommée opération Lorraine, le 11 octobre 1952, dans laquelle les forces de Salan ont balayé la vallée de la Rivière Rouge et les jungles du Nord-Viêt Nam. L’année suivante, il remettra son commandement au général Henri-Eugène Navarre, qui présidera au désastre de Dien Bien Phu. Giap disait:

    • "[…] Lawrence combinait la sagesse, l'intégrité, l'humanité, le courage et la discipline avec l'empathie, soit l'aptitude à s'identifier émotionnellement aussi bien avec les subordonnés qu'avec les supérieurs".

    Pendant ces entretiens de 1946, Salan a été frappé par l’influence d’un homme sur la pensée de Giap ; cet homme était Thomas Edward Lawrence. Giap a dit à Salan:

    L’essence de la théorie de la guérilla à laquelle se réfère Giap peut être trouvée à deux endroits. Le premier et le plus accessible n’est autre que les nombreuses éditions des Sept Piliers de la Sagesse, notamment le chapitre 33. Le deuxième est un article portant le titre " The Evolution of a Revolt ", publié en octobre 1920 dans le Army Quarterly and Defence Journal. Tous deux sont basés sur l’évaluation pratique et réfléchie par Lawrence de la situation à laquelle faisaient face les forces arabes dans la région du Hedjaz, au sein du désert saoudien, en mars 1917.

    Lawrence fut un auteur prolifique tout au long de sa vie. Il est l'auteur de Les sept piliers de la sagesse (Seven Pillars of Wisdom). Il eut également une correspondance fournie, notamment avec George Bernard Shaw, Edward Elgar, Winston Churchill, Robert Graves et E. M. Forster. Plusieurs recueils épistolaires furent publiés, dont certains furent expurgés par leurs éditeurs.

    Il écrivit The Mint, le récit de ses expériences en tant que soldat dans la Royal Air Force . Travaillant à partir de ses notes écrites lors de son service dans la Royal Air Force, Lawrence raconta la vie quotidienne des soldats et son envie de faire partie : la RAF. Ce livre fut publié à titre posthume. Lawrence traduisit aussi l’Odyssée d’Homère et Le Gigantesque, un roman français peu connu, par Adrien le Corbeau.

    Certains passages des écrits de Lawrence et des rapports d’un de ses collègues qui lui aurait administré des fessées laissent à penser que Lawrence avait des goûts sexuels non-conventionnels, notamment le masochisme. Bien que ses écrits comprennent un passage clairement érotique et homosexuel (voir citation), ses orientations et expériences sexuelles restent inconnues.

    Les Sept Piliers de la Sagesse sont dédiés à "S.A.", avec un poème qui commence par :

    "I loved you, so I drew these tides of men into my hands
    and wrote my will across the sky in stars
    To gain you Freedom, the seven-pillared worthy house,
    that your eyes might be shining for me
    When I came."

    (Dans certaines éditions des Sept piliers de la sagesse, la dernière ligne de ce poème est "When we came" ("Quand nous sommes arrivés"). L’édition de 1922 publiée à Oxford a cependant "When I came").

    L’identité de "S.A." n’a jamais été élucidée. Il a été supposé que ces initiales correspondent à un homme, une femme, une nation ou une combinaison des précédents. "S.A." pourrait être "Sheikh Ahmed", également appelé Dahoum, un jeune arabe qui travailla avec Lawrence dans un chantier archéologique avant la guerre et dont Lawrence aurait été très proche. Dahoum mourut en 1918 du typhus. Cependant, certains affirment que Dahoum était seulement un ami très proche de Lawrence comme cela arrivait au 19e siècle et au début du 20e siècle, ce qui impliquait souvent des contacts physiques (mais à caractère non-sexuel). Lawrence lui-même, peut-être pour masquer les pistes, affirma que "S.A." était un personnage inventé.

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