Babel, littératures plurielles n° 30
Paysages méditerranéens – correspondances poétiques
La réflexion que nous aimerions susciter, étendue à l’ensemble du territoire méditerranéen, devra s’attacher à explorer, à partir de la pluralité des pratiques poétiques mais aussi, plus largement, littéraires, les modalités de constitution d’une expérience esthétique dans leur confrontation à la profusion des représentations paysagères.
Une telle démarche, qui s’inscrit dans les objectifs affichés, au sein du Laboratoire Babel de l’Université de Toulon, par l’équipe «Écritures des espaces euro- méditerranéens », doit permettre :
- d’aborder le langage poétique en prenant en compte, outre sa spécificité énonciative, à la fois la plus large contextualité historique et la précision de sa topique ;
- d’apporter un regard différent sur le patrimoine méditerranéen ;
- de contribuer à sa valorisation en élargissant les approches.
L’approche transdisciplinaire sera privilégiée afin de valoriser au mieux l’éventail des hybridations poétiques, génératrices d’une perception mouvante et renouvelée des paysages méditerranéens.
Hérité des sociétés antiques, le paysage méditerranéen, dans la diversité de ses manifestations, de ses usages aussi, auxquels fait écho la richesse de ses représentations, enferme l’essence sensible d’un territoire, d’où émane une vision poétique.
L’un des enjeux de ces considérations demeurant, face à une gamme d’itinéraires paysagers bien balisés, de s’intéresser au jeu des perméabilités permanentes qui unissent les types pluriels de paysages méditerranéens et interagissent dans les représentations poétiques, participant d’une sublimation qui n’exclut pas le travail de la rhétorique, qu’elle soit littéraire ou artistique.
Ceci sans éluder d’autres questionnements majeurs : cet espace correspond-il à une communauté d’esprit ? n’a-t-il d’essence que symbolique ? figure-t-il une étape tangible, et sur quel itinéraire ?
Le surgissement poétique sera ainsi interrogé dans le foisonnement des pratiques littéraires et artistiques, qui ouvrent les voies à la fois à la compréhension des mécanismes de l’appréhension sensible et à une valorisation mieux raisonnée des paysages méditerranéens.
Les correspondances poétiques, reconnues et identifiées, dont la dynamique a influé sur les perceptions, confluentes ou concurrentes, de ce territoire, en ont profondément modelé la mémorisation, entre réalisme et symbolisme. Les paysages méditerranéens matérialiseraient-ils alors, dans les variations de ces pratiques esthétisantes, de « simples » constructions poétiques ? Ou bien les appréhensions – littéraires, artistiques et sensorielles – du paysage ne donneraient-elles pas plutôt une consistance plus dense à la compréhension d’un territoire commun, facilitant son appropriation? De ces paysages méditerranéens esthétisés paraît, en effet, se dégager une familiarité des lieux éveillant une sensibilité nouvelle à une Méditerranée elle-même esthétisée.
Si les formes rhétoriques littéraires et artistiques déclinent à l’évidence les possibilités d’appréhension et de mémorisation de ce territoire méditerranéen, de là affleure une littérature scénographique génératrice d’images mémorielles sensualisées qui conditionne la mémorisation d’un territoire.
D’expériences provisoires et subjectives qui s’emploient à tracer une cartographie symbolique émerge ainsi une signalétique paysagère née de l’immersion au cœur d’un territoire méditerranéen en redéploiement continu, source vive de la multiculturalité.
Dans cette poétique en acte, où les expériences esthétiques multiplient et étoffent les itinéraires de découverte, affleure alors une autre vision de ce territoire méditerranéen, une représentation active, support poéthique d’un espace d’héritage commun.
Un espace partagé où correspondances observables et cheminements littéraires et artistiques, au-delà d’une typologie de ces paysages, symboliques ou naturels, sont gros d’une authentique polyphonie des mémoires méditerranéennes qui, en exposant la corrélation entre le dispositif esthétique et son territoire, semblent orienter la littérature vers de nouveaux sentiers.
Ces possibles pistes de réflexion s’inscrivent dans une logique de décloisonnement de l’espace littéraire et, quand le propos insiste sur l’inscription territoriale du dispositif littéraire, nul doute que la perception de la littérature elle-même ne s’en trouve modifiée dans le sens d’une extension du champ littéraire ouvrant la voie à une littérature buissonnière, par-delà même le territoire méditerranéen.
Les propositions de communication, assorties d’un bref résumé, seront reçues jusqu’au 10 décembre 2014.
L’ensemble des contributions sera ensuite adressé à Laure Lévêque et Anaïs Escudier avant le 31 janvier 2015, aux adresses électroniques suivantes :
Anaïs Escudier : ana.escudier@sfr.fr
Laure Lévêque : laure-leveque@wanadoo.fr
Nous vous remercions par avance de cette collaboration.