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Ma vie quotidienne - Page 10

  • Du crayon au vitrail

     

    Exposition-dossier du 23 juin au 24 septembre 2012

    Prolongation jusqu'au 15 octobre 2012

     

    L’artiste aux nombreux talents Auguste Morisot (1857-1951), mène une carrière discrète. Après une formation à l’École des Beaux-Arts de Lyon, il en devint un professeur. Il expose alors dans les Salons lyonnais, et sa peinture, d’inspiration symboliste, est la plus connue de son travail.

    En 2008, le musée a acquis une série de dessins et aquarelles de l’artiste, pour la plupart des projets de vitraux des années 1890-1900, réalisés pour décorer son appartement lyonnais. Cet ensemble se rapporte aussi bien à un travail de dessinateur qu’aux arts appliqués. Les scènes intimistes de la vie quotidienne représentant son épouse et sa fille, d’un style Art Nouveau chatoyant, ont souvent été rapprochées de l’œuvre de Maurice Denis ou des Nabis.

    L'exposition, complétée par des prêts extérieurs, permettra de mieux faire connaître l’œuvre de cet artiste complet dont les thèmes de prédilection sont la majesté de la forêt et les joies du foyer.

     
    Agrandir l'image
    Auguste Morisot, La Becquée, 1904
     
    http://www.mba-lyon.fr/mba/sections/fr/expositions-musee/prochainement/expo-morisot/

     

  • J'ai aimé vendredi au Musée Henner

     
    Date: 
    1 Février 2012 - 2 Juillet 2012

    Deux ans après sa réouverture, le Musée national Jean-Jacques Henner renouvelle profondément la présentation de ses collections permanentes et propose une exposition qui met en lumière la place du paysage dans l'œuvre de Henner (1829-1905). Plus de 90 peintures et dessins, sorties spécialement des réserves et restaurées, retracent l'itinéraire artistique du peintre et permettent de saisir de la singularité de sa démarche.

    Alors qu'une partie des artistes de la deuxième moitié du XIX° siècle s'efforcent de témoigner de leur temps et de leur environnement en empruntant leurs sujets dans la vie quotidienne et en utilisant des techniques novatrices, dites impressionnistes, Henner construit, au contraire, un univers pictural qui lui est propre où la réalité observée se transforme en vision onirique. Dès 1864, après cinq années passées comme pensionnaire à la Villa Médicis à Rome, il abandonne ainsi la peinture « d'après nature » pour s'attacher à recréer dans son atelier un paysage idéal en s'inspirant des maîtres anciens, poètes ou peintres. Nus bucoliques, nus idylliques, nymphes et autres naïades peuplent un paysage rêvé, celui de son Alsace perdue.

    Le "petit journal" de l'exposition : à télécharger

    Découvrez quelques images de l'exposition :
    http://www.flickr.com/photos/hennerintime/sets/72157628343329301/

     

    Retrouvez l'exposition sur Facebook : https://www.facebook.com/events/283233748404675/

    Autres actualités
     
  • Pépites de CDI

    A la rentrée 2011, l’équipe  de documentalistes s’est étoffée  ce qui permet au CDI de  vous accueillir sur des plages horaires plus étendues (8-18h sauf mercredi : 8-12h et jeudi, fermeture à 17h).

    Avis aux lycéens !

    Au CDI, vous trouverez une vingtaine de périodiques pour les élèves et l’équipe éducative. Il y en a pour tous les goûts : actualité, histoire, science, art etc. Comme les documentaires, vous pouvez  en emprunter un pour une semaine. Vous pouvez garder les fictions (rangées en littérature jeunesse et littérature générale) 2 semaines.

    La salle informatique est ouverte à tous mais son usage est réservé au travail scolaire.

    Outre les prêts, les documentalistes assurent une formation pour les 6e, un accompagnement personnalisé pur les 2ndes et les 1eres. Le CDI  accueille aussi les groupes de  TPE et d’ECJS.

    Les documentalistes participent aussi au projet « Un monde en poésie »  pour l’Unité 500 en liaison avec la pastorale de l’établissement.

    3 ateliers d’écriture sont proposés et les volontaires doivent s’inscrire avant les vacances de Toussaint. Ils adouciront ainsi la vie quotidienne des petits malades.

    Le CDI est aussi associé aux projets culturels : « L’atelier du peintre », « Gilgamesh » et  « Le Tigre bleu de l’Euphrate. »

    Le défi-lecture pour les 6 e va être lancé en collaboration avec les professeurs de français.

    Le CDI proposera bientôt des nouveautés pour satisfaire l’appétit de lecture et la curiosité des élèves. Les documentalistes sont à l’écoute des demandes, des suggestions des élèves et  des collègues.

    Comme chaque année, le CDI  proposera un travail sur la presse : il s’agit- en apprenant le vocabulaire spécifique- d’inciter à la lecture de la presse, vecteur d’information et de culture.

    Comme tout l’établissement, le CDI  possède un règlement (silence, calme, respect des autres, du droit d’auteur et du matériel) à respecter. Merci à l’avance.

     

    Le Centre d’informations et de documentation… un espace pour apprendre, pour découvrir des livres et pour se ressourcer …

     

                                                                                  Venez nombreux et bonne lecture !!!

     Ecrit par mes collègues et moi

  • Un vrai bijou:"Ces petits bouts de rien"de Liliane Warlet-Motet(nouvelle rubrique)

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    Tellement de banalités dans notre vie quotidienne, que fugacité et immuabilité se tiennent la main, face à l'indifférence pour la plupart d'entre nous. Pourtant "ces petits bouts de rien",sont là pour démontrer combien émotions et sentiments peuvent se transmettre l'instant d'un regard. Silence éloquent,image saisissante,en dix sept syllabes et trois vers, le tout n'est qu'un jeu
     
    A commander ici: 
     
    Le blog de Liliane:

     

  • Alfred Stevens


    Alfred Stevens, La Lettre de rupture, vers 1867,
    huile sur toile H. 0,745 m ; L. 545 m,
    Paris, Musée d'Orsay

            Dès la lecture du titre, le spectateur comprend tout de suite le thème de cette œuvre. Après avoir considérer de haut en bas la longue figure féminine qui se détache claire sur un fond sombre, le regard s’arrête sur le détail presque anodin de la lettre que la femme tient dans sa main droite. Détail presque anodin, en effet, parce que le peintre s’est plu à donner au papier le même colori que la robe, si bien que l’on a l’impression que la femme tient plutôt un pan de celle-ci. Mais ce détail est loin d’être anodin car il est le centre du drame qui se joue sur cette toile et que le titre éclaire d’un jour sans équivoque : Cette femme au regard triste et songeur vient de recevoir une lettre de rupture.
            Le peintre belge Alfred Stevens (1823-1906) s’est fait une spécialité dans la représentation dans leur quotidien de femmes issues d’un milieu aisé. Pourtant, ce ne sont pas des portraits de riches bourgeoises, malgré l’impression que l’on en a, mais bien des scènes de genre à un seul personnage. Les titres de ses œuvres permettent d’ailleurs de discerner les genres. Loin d’être de « simples » portraits, les œuvres de Stevens racontent une histoire. Elles dépeignent une seconde de la vie d’une femme, un moment décisif, mais, laissent la porte ouverte à l'interprétation. Le spectateur saura deviner les tenants et les aboutissants de la scène. C'est là tout l'art de l'artiste : laisser le spectateur faire preuve de suffisamment de sagacité pour comprendre ses tableaux.
            Dans la toile qui nous préoccupe, Stevens montre une femme à l'instant précis où elle vient de finir la lecture de la lettre et, encore sous le choc des mots, subit les assauts de sentiments disparates. On ne lit presque rien sur son visage mais l’on sait qu’elle éprouve de la haine, de l’amour, de la jalousie, de la tristesse, de la colère, du désespoir… Tous ces sentiments qui affluent en même temps l’empêchent de parler, de bouger, de pleurer, de crier… Il est facile pour le spectateur d’interpréter ce que la jeune femme ressent. Tout être humain a vécu la même situation.
            D'un point de vue technique, le peintre accentue l'impression de cassure grâce au décor de l'œuvre. Nous l’avons dit, il s’agit d’un fond sombre que n’anime nullement un coin aux couleurs chaudes, des oranges et des jaunes. Sur la droite, dans une mince bande verticale se voit une fleur dans un bac. Ce détail nous donne la clef pour comprendre où se tient la jeune femme, elle s’est réfugiée dans l’ombre d’un paravent pour pouvoir lire secrètement la lettre qu’elle vient de recevoir. Mais dans ce coin qu’elle avait pu croire un refuge et dans lequel elle semble flotter parce que l’on distingue difficilement le sol, s’agitent des formes sombres, visualisation des tortures qui harcèlent son esprit. Même la tache aux couleurs chaudes au-dessus de son épaule droite, n’égaie pas l’espace. Ce lieu est la figuration de ses sentiments : écarté de la vie quotidienne, tout y est brisé, informe, taché, avili, à l’image de son amour.
            Par des sujets comme celui-ci, qui racontent des anecdotes réalistes que tout un chacun connaît, Alfred Stevens a acquis une grande renommée dans la haute société du second Empire puis de la troisième République. Pourtant, ce ne sont en rien des tableaux que l’on serait tenté de classer dans l’Académisme. Beaucoup de choses s’y opposent en effet :

            Tout d’abord, Stevens est l’un des premiers à s’intéresser aux effets de l’art japonais. Parce que cet art s'oppose à la tradition occidentale, il peut en effet être considéré comme une influence fondamentale de la modernité. Dans son tableau, Stevens lui donne une place prépondérante. Ainsi, le détail de la fleur dans son bac, de l’autre côté du paravent et que celui-ci cache à moitié, symbole d’une jeunesse naïve qui vient de se briser, est tout ce qu’il y a de plus japonisant. De plus, d’une manière assez extraordinaire, bien que la toile soit d’un format assez banal, le découpage de l’espace pictural en trois longues bandes verticales donne l’impression que l’œuvre est beaucoup plus longue, comme un kakemono japonais.
            Par ailleurs, contrairement aux thèmes des œuvres dites académiques, les siens ne sont pas tout de suite reconnaissable, comme nous l’avons vu. Il faut un certain temps d’étude du tableau et souvent l’aide du titre pour en comprendre toute la portée anecdotique.
            Surtout, Alfred Stevens est un peintre indépendant, non « inféodé » à l’Institut puisqu’il a toujours vendu ses œuvres de la main à la main, grâce au Salon et bien sûr par l’intermédiaire des marchands d’art.
            Finalement, en représentant des scènes réalistes de la vie quotidienne et non des scènes historiques ou religieuses, il est un peintre de la vie moderne. L'un des premiers d'ailleurs, et, à ce titre, il peut être considéré comme le précurseur de Manet, dont il est un ami, de Fantin-Latour ou de Caillebotte.
            Malgré cela, on peut se demander pourquoi Alfred Stevens n’est pas rentré dans la postérité ? Nous avons déjà donné la réponse à ce fait : il a été l’un des peintres les plus renommés de la deuxième moitié du XIXe siècle. Cherchant à plaire pour vendre et n’innovant que très peu, il a trouvé ses clients dans la bourgeoisie.
            Cet exemple nous permet alors de démontrer qu’à cette époque l’art ne s’est pas résumé à un affrontement entre l’Académie et l’Avant-garde comme on a eu trop vite tendance à croire. Il y avait aussi et surtout une multitude de peintres renommés ou inconnus qui ont cherché à vivre le mieux possible de leur art. Ceux-ci n’ont voulu ni faire de la grande peinture, ni s’adonner à un genre trop « moderne », parce que des deux côtés les œuvres ne se vendaient pas.
            Il est vrai qu’il est facile de juger a posteriori et de dire que les artistes qui n’ont pas été impressionnistes ne méritent pas l’intérêt. Mais, d’une part, il fallait une certaine aisance financière pour pratiquer un style qui ne se vend pas et d’autre part, il fallait se sentir prêt à pouvoir innover, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
  • Déambulation poétique à Paris

    Déambulation poétique à Paris
    [jeudi 04 octobre 2007 - 10:00]
    Critique littéraire
    Couverture ouvrage
    Paris, Musée du XXIème siècle. Le dixième arrondissement
    Thomas Clerc
    Éditeur : Gallimard
    264 pages / 17,58 € sur
    Résumé :" Méthode : en marchant, je me saisis du monde dans le moment où il m'apparaît, par le corps et par les yeux, sans que voir me sépare." Thomas Clerc nous promène dans son Paris, Musée du XXIème siècle et nous livre un regard poétique sur le tumulte de la ville, les gens qui passent et autres petits incidents de "l'infra-ordinaire".
    Au XIXe siècle, la modernité de Balzac, que cite Walter Benjamin, s'essoufflait au seuil du Xe arrondissement de Paris : « Le grand poème de l'étalage chante ses strophes de couleurs depuis la Madeleine jusqu'à la porte Saint-Denis. »  . En courant à travers des blocs entiers d'immeubles - dentelles et lacis de matériaux brisés - et en exploitant les ressources de la construction métallique, les passages, remarque Benjamin, organisent comme des « mondes en miniature », mondes familiers et pourtant divergents qui en un même mouvement s'insinuent dans la ville et s'incorporent à la vie quotidienne. Paris, capitale du XXe siècle, rédigé par Walter Benjamin à la demande de l'Institut de recherche sociale de l'université de Francfort, dirigé par Max Horkheimer et Friedrich Pollock (étonnamment, Benjamin envoya son texte en mai 1935 à Adorno en revendiquant non ses années parisiennes mais ses années berlinoises et ses conversations avec Franz Hessel), montrait comment les « formes de vie nouvelle et les nouvelles créations à base économique et technique » du XIXe siècle entrent dans l'univers d'une fantasmagorie dont Haussmann fut le champion et Paris, la capitale. Et Paris, comme la foule, est un signe inévitable et débordé, un appel de notre imagination : « Rien d'étonnant à ce que tout intérêt de masse, la première fois qu'il monte sur l'estrade, dépasse de loin dans l'idée ou la représentation que l'on s'en fait ses véritables bornes », écrivaient Marx et Engels dans La Sainte-Famille.

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  • Chocoplumes

    Histoires de chocolat - Editions Maruja Sener - Dix de Plume - 2010

     

    Antho4_HD_209x320Une anthologie publiée par la collection Dix de Plume, regroupant des nouvelles et des poèmes tournant autour du même thème : le chocolat.

    Les auteurs : Abel, Anne-Laure BUFFET, Yves CAIROLI, Dominique CANO, Cecyl, Hans DELRUE, Michèle DESMET, Tom DOWNSON, Monique-Marie IHRY, Jean-François JOUBERT, Marie H MARATHÉE, Audrey MEGIA, Ceddric MICHOACAN, Fabienne MOSIEK, Kira NAGIO, Jacques PAIONNI, Ludmila SAFYANE, Macha SENER, Anne STIEN, Elizabeth SWANSTON, Stéphane THOMAS, Laura VANEL-COYTTE, Brigitte VASSEUR, Frédéric VASSEUR.

    J'avais déjà parlé ici de Dix de Plume pour évoquer leur antho sur les psychopathes. Cette fois, la collection se penche sur le chocolat. Ce produit, plutôt appétissant, peut être le sujet central, comme dans le "chocolat sur le divan", où le chocolat lui-même raconte son histoire. Il devient aussi un outil de futurisme dans "Bien trop lait", où le chocolat est devenu un produit interdit et vendu sous le manteau. Mais en règle générale, il est un élément de la vie quotidienne qui accompagne les histoires. Il y a de l'intrigue policière classique : "Joyeuses Fêtes", d'Anne-Laure Buffet, où on utilise le chocolat pour assassiner une vieille tante. Il y a des récits de la vie ordinaire : "Un chagrin ordinaire", "Un dernier pour la route", "Un amour chocolat". Il y a aussi une saga familiale corse sur fond de chocolaterie : "L'histoire de Luiggi". Heureusement, l'humour n'est pas écarté : "Un encombrant trésor", où des voleurs s'attaquant à une banque dévalisent une chocolaterie. Plus noir, "La révérence", où Fred Vasseur nous présente un candidat à la pendaison.

    En définitive, je dois dire que j'ai moins accroché à cette antho qu'à celle sur les psychopathes. Il est vrai que les deux sujets n'avaient rien de comparable.

    Manuel Ruiz sur son blog:

    http://manuelruiz.canalblog.com/

  • Lu sur le net:Le rire moderne

    Appel à contribution
    Information publiée le vendredi 28 novembre 2008 par Alexandre Gefen (source : Alain Vaillant)
    Date limite : 15 janvier 2009


    Appel à communications


    LE RIRE MODERNE

    Paris X – Nanterre, 15-17 octobre 2009

     

    Colloque organisé par l'équipe PHisTeM (Poétique historique des textes modernes ; resp. : Alain Vaillant et Roselyne de Villeneuve) du Centre des sciences de la littérature française de l'université Paris X – Nanterre.


    La singularité du XIXe siècle français, venant après la chute de l'Ancien Régime et la Révolution française, peut être caractérisée de bien des manières. Politiquement, par le lent, difficile et contrarié apprentissage du parlementarisme et de la vie démocratique ; économiquement, par l'entrée dans l'ère du capitalisme industriel et par la constitution d'un marché massifié des biens de consommation ; socialement, par l'irrésistible ascension de la bourgeoisie et des classes moyennes, ainsi que par l'émergence d'un prolétariat urbain ; plus généralement, par un bouleversement profond et irréversible de tous les aspects de la vie quotidienne. Mais, du point de vue culturel, l'innovation la plus spectaculaire, la plus indiscutable et, cependant, peut-être la moins considérée est la consécration du rire, au point que cette présence obsédante et multiforme du rire paraisse à bon droit comme la marque distinctive de la modernité.

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  • Picasso et le cirque

    picassoetlecirque.jpgLes liens que Picasso a entretenus avec le monde du cirque ont été très fréquents tout au long de sa carrière. Dans la Barcelone du tournant du XIXe siècle, Picasso va voir les cirques de passage dans la ville, bien qu'il ne reste aucune trace de ce moment dans son œuvre. Plus tard, les cirques ambulants des boulevards de Paris deviendront un lieu de rendez-vous habituel pour le jeune Picasso et ses amis lors de leurs premiers séjours dans cette ville. C'est à la fin de l'année 1904 et en 1905 que le cirque – le Medrano est un point de référence dans sa vie et dans son œuvre – s'érige le thème central de ses compositions de l'époque. L'artiste crée une scène fictive où des acrobates et des équilibristes – qui apparaisent déjà dans la tradition littéraire et picturale du romantisme pour symboliser la solitude et la souffrance humaine – jouent des rôles de la vie quotidienne, expriment leurs problèmes personnels, leur solitude et l'incompréhension à laquelle leurs sentiments sont en butte. Les scènes de famille où les saltimbanques et les arlequins deviennent les véritables protagonistes de cette période sont l'héritage des groupes familiaux qui ont leurs racines dans la période bleue. Ces compositions seront à l'origine d'un grand tableau auquel Picasso pensait depuis longtemps, La Famille de saltimbanques, réalisé en 1905. Comme le Minotaure le sera dans les années 1930, l'Arlequin devient l'alter ego de l'artiste. Ce personnage, qui renvoie aux personnages marginaux de la période bleue, sera le véritable héros de ce que l'on appelait la période rose.

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  • Je suis en train de lire:Peter Robinson, "Froid comme la tombe"

    froid.gifHistoires de famille délicates

    par Dinah Brand
    Lire, février 2002


    L'inspecteur divisionnaire Alan Banks aime le pur malt, siroté près de sa cheminée en écoutant quelques CD de jazz ou de musique classique. Des instants de répit au milieu des nombreuses galères de son métier. La dernière en date est de taille: son supérieur, plutôt vachard, lui demande de retrouver sa fille de seize ans, fugueuse invétérée dont il vient de voir la photo sur un site porno. Vite récupérée par Banks, la jeune Emily est retrouvée morte quelques jours plus tard, assassinée d'une manière particulièrement atroce. Banks se sent tenu de retrouver l'assassin de cette gamine sans défense qu'il a appris à connaître et même à apprécier. Cette découverte va l'obliger à plonger dans des histoires de famille tout à fait délicates.

    Peter Robinson est à la fois un ami et un disciple de John Harvey. On retrouve chez son personnage, Alan Banks, le même charme que chez Resnik, le flic sentimental et amateur de jazz du célèbre romancier anglais. L'enquête est minutieuse et subtile, mais ce qui prime chez Peter Robinson est la manière de raconter la vie quotidienne de son héros, ses angoisses de flic, ses difficultés familiales. Peu à peu, l'inspecteur devient un familier, avec ses envies de bonne cuisine et son plaisir à regarder le soleil se lever sur la lande. Face à des morts tragiques, il ne s'affiche pas comme un justicier mais comme un homme qui fait son devoir, sûr de lui, capable de gestes médiocres qu'il rachète comme il peut. Le charme opère, sans mièvrerie, sans facilité, dans cette histoire policière intrigante et humaine à la fois.

    http://www.lire.fr/critique.asp/idC=39398/idR=216/idTC=3/idG=5

  • Des nouvelles

    Mon mari prend ses marques dans son nouveau travail en Ardèche et nous reprenons notre vie quotidienne à un 1/4 heures dans la Drôme.
    J'ai trouvé un endroit pour me connecter, payant et limité(en temps) et un endroit gratuit et limité(pas de consultation de la messagerie)...
    Pas de nouvelles de nos affaires au Maroc.

    18h: je consulte ma messagerie de chez ma propriétaire... et je complète mes notes.

  • Claude Joseph Vernet(que Nerval évoque dans le "Voyage en Orient")

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    Claude Joseph Vernet, né à Avignon le 14 août 1714 et mort à Paris le 3 décembre 1789, est un peintre, dessinateur et graveur français.
    Sommaire


    * 1 Biographie
    * 2 Œuvres
    * 3 Sa cote
    * 4 Bibliographie
    * 5 Peintres de marines inspirés par Vernet
    * 6 Galerie d'images


    Il est formé dans le Sud de la France. On lui donne comme maître Adrien Manglard. En 1734, Vernet part pour Rome pour y étudier le travail des précédents paysagistes et peintres de la marine comme Claude Gellée, dont on retrouve le style et les sujets dans les tableaux postérieurs de Vernet. Il admire également Poussin. Il crée cependant, à force de travail, son propre style.

    Il représente en général la nature en accordant beaucoup de place au ciel (les deux tiers du tableau) et les personnages et scènes de la vie quotidienne qui animent les lieux.

    En 1753, Le Marquis de Marigny, futur directeur des Bâtiments de Louis XV, lui commande 24 tableaux de Ports de France pour informer de la vie dans les ports, mais seuls quatorze tableaux seront réalisés de 1753 à 1762. Ces peintures sont de véritables témoignages de la vie dans les ports il y a 250 ans et font de lui un des plus grands peintres de la marine. Ils lui vaudront une reconnaissance de son vivant de la plupart des nobles les plus attachés à la marine, comme le comte Jean-Joseph de Laborde.

    Notons encore que son fils, Carle Vernet et son petit-fils Horace Vernet, seront également peintres.

    Œuvres

    * À Avignon la Fondation Calvet présente au Musée Calvet plusieurs de ses œuvres.
    * À Paris, le musée de la Marine présente, déposés par le musée du Louvre en 1943, treize tableaux de la série des 15 ports de France. Le Musée du Louvre expose de cette série L'entrée du port de Marseille et La ville et la rade de Toulon.

    Sa cote

    * En 1999, une paire Le Soir et Au clair de lune a été vendue pour l'équivalent de 1,98 million d'euros.
    * En 2003, une paire de tableaux : Un Calme et une Tempête (huiles sur toile, 114 x 163 cm, signées et datées de 1773, lot n° 65), ont été vendues chez Sotheby's à Londres le 10 juillet, pour 2 357 600 £
    * En 2007, le tableau Un port méditerranéen (huile sur toile, 64,9 x 80,8 cm, signée, lot 64), a été vendu à Londres chez Sotheby's le 4 juillet, pour 1 028 000 £.

    Bibliographie

    * Léon Lagrange, Joseph Vernet et la peinture au XVIIIe siècle, Paris, 1864 (deuxième édition). Les documents et pièces justificatives publiés sont des références essentielles.
    * Florence Ingersoll-Smouse, Joseph Vernet, Peintre de marine, Étude critique et catalogue raisonné..., Paris, 1926, deux volumes. Ouvrage ancien, mais indispensable.

    Peintres de marines inspirés par Vernet

    * Charles-François Grenier de Lacroix dit Lacroix de Marseille.
    * Jean Henry dit Henry d'Arles.
    * Alexandre Jean Noël

    Galerie d'images

    Vue de Naples avec le Vésuve (vers 1748).


    Source:WIKIPEDIA

  • Vu ce matin:Exposition des oeuvres de Josep Pédros Ginestar du 27 mars au 15 avril à Casablanca

    729833566.gifL'artiste-peintre Josep Pédros Ginestar expose du 27 mars au 15 avril à la galerie de l'institut Cervantès à Casablanca ses dernières oeuvres sous l'intitulé évocateur "Je suis toi-même''.

    L'exposition reprend des oeuvres nées des expériences et des réflexions de l'artiste pendant les campagnes effectuées au Maroc par l'ONG Visio Sense Fronteras, et ce, dans le cadre de l'action que l'Agence Espagnole de Coopération mène au Maroc.

    Selon l'artiste-peintre, il s'agit d'une oeuvre qui surgit de la contemplation et de la praxis solitaire d'un artiste qui abandonne sa tour d'ivoire pour s'investir corps et âme dans la recherche du bien-être des pauvres. Le titre "Je suis toi-même'' du poète soufi Al Hallaj définit d'ailleurs clairement le sens du dévouement de l'artiste à la cause de ceux qui vivent dans la précarité.

    "Je suis toi-même" est une exposition qui a pour axe le cercle en tant que symbole de l'importance de la recherche. Une forme géométrique qui est aussi introduite comme référence à des éléments quotidiens en rapport avec l'expérience de l'artiste comme créateur et comme activiste social : l'£il, le sable du désert, les lentilles rondes des lunettes.

    La présence du miroir est révélée comme réflexion. Se regarder dans le miroir est avant tout prendre conscience de son existence propre mais aussi celle du monde qui nous entoure. Le miroir insiste sur le fait que le problème de l'autre, c'est aussi notre problème.

    La vie quotidienne que reprend l'exposition "je suis toi-même'' émane de l'austérité de la culture de la terre qui l'inspire : Cuillères de la Harira, places publiques, désert, tombées du jour, regards. Mais ce qui est austère cherche ici à être noble et rendre la beauté plus digne à partir de son humilité primitive tout en revendiquant aussi un espace pour l'art engagé avec l'être humain.

    MAP

    http://www.casafree.com/modules/news/article.php?storyid=14136

  • Habiter l'Orient

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    Vitra Design Museum - Maréchaux ©

    Ville de Sana'a au Yémen.

    Le Vitra Design Museum s’intéresse jusqu’au 31 août à l’architecture du monde arabe. Par le biais d’une exposition, il donne à voir toute la diversité de l’habitat en orient. Un habitat qui, quelle que soit l’époque, fait preuve d’une étonnante modernité.



    "Des tentes nomades des Touaregs et des Bédouins, des bâtiments construits au XXe siècle par des architectes comme Hassan Fathy, Elie Mouyal ou Abdelwahed El-Wakil, en passant par les casbahs marocaines, ou les somptueuses demeures avec patio dans des villes comme Marrakech, Damas ou Le Caire". L’exposition Vivre sous le ciel de l’Orient offre en effet, jusqu’au 31 août, un panorama complet des différentes constructions du monde arabe. Le visiteur est donc invité à redécouvrir certains monuments connus de l’architecture orientale, mais également à découvrir d’autres formes d’habitations moins connues ainsi qu’un certain nombre d’intérieurs privés jusqu’ici interdits aux regards. A noter d’ailleurs que certaines photographies ont été réalisées spécialement pour l’exposition. Une vision complétée avec la présentation d’objets de la vie quotidienne tels que des céramiques, des instruments ou des pièces de textile.

    Une architecture étonnamment moderne

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    Intérieur d'une maison nubienne dans le sud de l'Egypte - Vitra Design Museum
    Vitra Design Museum - Deidi van Schaewen ©
    Intérieur d'une maison nubienne dans le sud de l'Egypte.


    L’architecture du monde arabe se révèle finalement étonnamment moderne, aussi bien "dans les formes de base dépouillées de nombreux objets, que dans l’utilisation multifonctionnelle des espaces et des choses ou dans les systèmes de climatisation ou de gestion de la consommation de l’eau" expliquent les organisateurs. Un avant-gardisme qui avait frappé Le Corbusier : "la casbah d’Alger est extraordinairement riche. Elle contient tous les éléments d’une architecture qui est extrêmement attentive aux besoins et aux désirs de l’homme". Il ne fût d’ailleurs pas le seul à s’intéresser aux pays arabes. Jean-François Zévaco, Edmond Brion, Wolfgang Ewerth et bien d’autres architectes utilisèrent même les pays arabes « comme lieu d’expérimentation ».
    L’exposition fait également ressortir les grandes problématiques auxquelles sont aujourd’hui confrontés les architectes. Ces derniers se demandent notamment si les ornements, les symboles et les couleurs peuvent encore servir aujourd’hui à exprimer une identité culturelle. Des questions qui soulignent toute l’importance de trouver le bon compromis entre tradition et modernité.

    Découvrez quelques-unes des pièces et des photographies présentées au Vitra Design Museum en cliquant sur suivant.

    Exposition Vivre sous le ciel de l’Orient – Vitra Design Museum
    L’habitat dans le monde arabe
    Jusqu’au 31 août 2008
    Heures d’ouverture : lundi – dimanche : 10 à 18 heures et mercredi : 10 à 20 heures

    Renseignements :
    www.design-museum.de


    La vie sous le croissant de lune

    A l’occasion de l’exposition, Vitra édite un ouvrage intitulé La vie sous le croissant de lune. Il donne un aperçu complet de l’architecture du monde arabe. Les textes sont illustrés par des clichés de photographes de renom tels que Deidi von Schaewen, Bruno Barbey, Thierry Mauger ou encore Pascal et Maria Maréchaux.

    Dimensions : 33 x 24 cm - 320 pages
    Editeurs : Alexander von Vegesack, Mateo Kries
    Prix public Indicatif : 59,90 €



     


    Maison à Oualata, en Mauritanie
    Maison en Mauritanie
    Maison rurale en Arabie Saoudite
    Maison en Arabie Saoudite
    Maison au Yémen
    Maison au Yémen
    Maisons Dôme en Syrie
    Maisons Dôme
    Bord de mer à Beyrouth
    Bord de mer à Beyrouth
    Immeuble à Casablanca
    Immeuble à Casablanca
    Tente de Nomades Touaregs au Sahara
    Tente au Sahara
    Tente de nomades en Algérie
    Tente en Algérie
    Intérieur d'une tente dans le nord du Yémen
    Tente au Yémen
    16 photos : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
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    Céline Chahi (25/02/2008)

    http://www.maisonapart.com/edito/immobilier-habiter-l-orient-1328.php

     

  • Denis Westhoff:«Ma mère n'était pas paresseuse»

    par Jérôme Dupuis
    Lire, février 2008

     Il est le fils unique de Françoise Sagan. Ce photographe de 45 ans gère aujourd'hui l'oeuvre - et les dettes colossales - que lui a léguée sa mère. Il raconte de l'intérieur et sans langue de bois la vie quotidienne de l'auteur de Bonjour tristesse. Du faste des sixties à la ruine des dernières années.

    Quelles sont les premières images que vous gardez de votre mère?

    Denis westhoff Lorsque je suis né, en 1962, ma mère était au faîte de sa gloire. A la maison, elle recevait en permanence la visite d'éditeurs, d'agents, d'amis, aimantés par sa gentillesse, son intelligence et sa disponibilité. Nous n'avions pas du tout les mêmes horaires. Comme elle se couchait très tard et écrivait la nuit, elle dormait le matin. Je n'ai donc jamais pris mon petit déjeuner avec elle. Nous avions du personnel qui m'amenait à l'école et me préparait mes repas. L'été, nous partions ensemble en Normandie et dans le Lot.

    Qui était exactement votre père, Bob Westhoff?

    D.w. Il était l'avant-dernier d'une famille de onze enfants qui vivait à Minneapolis. Pour échapper au carcan familial, il s'est engagé à 16 ans dans l'armée de l'air, en falsifiant ses papiers. Il a été affecté au Texas puis au Japon, avant de devenir instructeur en Indochine. Il a été évacué juste avant Dien Bien Phu et s'est retrouvé sur une base lugubre en Alaska. Je crois que c'est là qu'il a commencé à boire. Comme il était très bel homme, il est ensuite devenu mannequin sur le paquebot France. Arrivé à Paris, il a accompagné des amis en lune de miel au manoir normand de ma mère. Ce fut un coup de foudre. Ma mère étant enceinte de moi, ils ont décidé de se marier. Et ont divorcé après ma naissance, ma mère ne supportant pas l'idée d'avoir une bague au doigt. Ce qui ne les a pas empêchés de vivre ensemble encore six ans, avant de se séparer vraiment...

    Quelle vie avez-vous alors menée avec votre mère?

    D.w. C'était une existence très fastueuse. Je me souviens, dans l'appartement de la rue Guynemer, face au Luxembourg, de réceptions avec 150 personnes. Je croisais Orson Welles, Ava Gardner ou Georges Pompidou, qui venait régulièrement. Des maîtres d'hôtel servaient champagne et caviar. Ma mère avait horreur de la solitude et, dans tous les appartements que nous avons eus, il y avait une chambre pour son ami, l'écrivain Bernard Frank. Elle a aussi recueilli pendant un temps Françoise Jeanmaire, une Sud-Africaine ravissante et tourmentée, croisée chez Régine. Pendant les vacances, nous allions au manoir du Breuil, près de Honfleur, acheté un matin grâce à ses gains de la nuit au casino. Je me souviens d'après-midi d'été entiers où je jouais dans le jardin, pendant que le cliquetis de sa machine à écrire retentissait dans sa chambre verte. Elle ruisselait de sueur... Plus tard, elle a écrit au feutre Tempo sur des cahiers Clairefontaine; et, à la fin de sa vie, minée par ses soucis de santé, elle dictait ses livres à sa secrétaire ou les enregistrait sur un petit magnétophone. Contrairement à l'image que l'on a d'elle, ma mère n'était pas paresseuse. Elle avait besoin d'être «fouettée» par un éditeur pour s'y mettre. Mais alors, elle était très rigoureuse, s'imposait des horaires et s'isolait loin des invités et du téléphone.

    Pourquoi a-t-elle si souvent changé d'éditeurs?

    D.w. Après Julliard, qui l'a publiée jusqu'en 1968, elle est passée chez Flammarion. Mais, persuadée d'avoir découvert des anomalies dans ses comptes d'auteur, elle a fini par se fâcher avec Henri Flammarion. La séparation fut violente. Conseillée par un agent, elle a ensuite navigué entre plusieurs éditeurs, au gré de ses besoins d'argent, avant de se fixer chez Plon.

    Il est vrai que ses rapports à l'argent n'étaient pas simples...

    D.w. Il ne fallait surtout pas laisser un chéquier entre ses mains! Ma mère a gagné énormément d'argent. Elle était la seule, avec Malraux, à percevoir 20% de droits sur ses livres. Mais elle avait un immense train de vie. Du coup, Flammarion réglait directement ses impôts. Ensuite, son argent était géré par une banquière de chez Rothschild, Marylène Detcherry. C'est cette femme qui encaissait l'argent, payait le personnel, réglait le loyer de nos appartements, etc. Lorsque ma mère avait besoin de liquidités, un coursier venait lui apporter son «argent de poche»... Les problèmes sont arrivés lorsque ma mère a quitté Flammarion et que sa «banquière» n'a plus travaillé pour elle. On lui a alors redonné un chéquier...

    Sa légende tient aussi à son goût de la vitesse...

    D.w. Ma mère conduisait vite et bien, un peu à la manière d'un ambulancier, sans à-coups. Elle n'a eu que deux accidents dans sa vie: l'un en 1957, au volant de son Aston Martin, et l'autre avec sa Maserati, à cause d'une flaque d'huile sur la route. Elle a même failli courir la fameuse course italienne, le «mille miles». Grâce à son ami, Enzo Ferrari, elle avait fait des essais sur le circuit de Maranello. Mais la course a été annulée cette année-là. Bien sûr, à la toute fin de sa vie, elle était moins maître de ses réflexes, sa vue était moins bonne, et je prenais parfois le volant.

    Qui étaient les gens qui l'impressionnaient?

    D.w. Elle admirait les gens plus rapides qu'elle, les grandes intelligences. Elle avait une vraie complicité avec Sartre, qu'elle invitait à déjeuner à la Closerie des Lilas. Je me souviens que parmi les livres qu'elle m'a conseillés, outre La chartreuse de Parme et Le choix de Sophie, il y avait Les mots. François Mitterrand l'impressionnait aussi beaucoup. Il y avait entre eux un grand respect, fondé sur des valeurs communes, en particulier la liberté. Il venait régulièrement manger chez nous, rue du Cherche-Midi. D'ailleurs, un beau jour, ma mère, qui avait une éducation bourgeoise, a décidé que je devais faire mon service militaire pour connaître la «vraie vie»; elle a appelé directement Charles Hernu, ministre de la Défense de Mitterrand, pour accélérer mon départ à l'armée...

    Les récents livres d'Annick Geille (Un amour de Sagan, Pauvert) et de Marie-Dominique Lelièvre (Sagan à toute allure, Denoël) ont révélé un certain nombre des relations homosexuelles de votre mère. Le saviez-vous?

    D.w. Au risque de paraître naïf, je ne m'en étais pas rendu compte, même si je savais que la relation avec son amie styliste Peggy Roche était particulière. Je connaissais Annick Geille, bien sûr, mais c'est en lisant son livre, il y a deux mois, que j'ai appris qu'elle avait été l'amante de ma mère! Vous savez, comme beaucoup d'enfants sans doute, je ne m'intéressais pas à la vie sexuelle de ma mère...

    Comment se sont passées les dernières années?

    D.w. Ma mère n'avait plus vraiment d'appartement à elle et son état de santé s'est dégradé. Elle éprouvait des difficultés à écrire. Surtout, elle était minée par ses problèmes d'argent. Suite à des retards d'impôts et à sa condamnation dans l'affaire Elf, cent pour cent de ce qu'elle gagnait était saisi, y compris une petite pension de quelques centaines d'euros. Elle qui aimait tant la liberté supportait mal d'être dépendante d'une amie, qui l'hébergeait avenue Foch. Il y avait bien eu une petite lueur d'espoir, au printemps 2004, lorsque le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, alerté par sa situation, avait envoyé un émissaire en Normandie pour essayer de trouver une solution. Elle devait le revoir à l'automne. Mais ma mère s'est éteinte pendant l'été...

    Que vous a-t-elle laissé en héritage?

    D.w. Un million d'euros de dettes! Et pas un seul manuscrit, car elle avait coutume de les offrir. Je suis son fils unique et j'aurais pu refuser la succession, mais l'idée que les droits sur son oeuvre allaient être vendus aux enchères par l'Etat m'était insupportable. J'ai donc décidé d'accepter la dette et la gestion future de son oeuvre.

    Où en êtes-vous aujourd'hui?

    D.w. Avec mon avocat, Me Jean Aittouares, nous avons rencontré les services de Donnedieu de Vabres, puis ceux de Thierry Breton, à Bercy, à l'automne 2005. Comme aucune solution ne se dessinait, j'ai finalement écrit à Nicolas Sarkozy, début 2006. Il m'a répondu par un petit mot chaleureux. Du coup, après son élection à la présidence de la République, je lui ai de nouveau écrit et il m'a dirigé vers Eric Woerth, au ministère du Budget. Nous avons entamé les négociations et proposé un échéancier, pour étaler les remboursements. Nous sommes en effet confrontés à un cercle vicieux, dans la mesure où nous sommes évidemment imposés sur les droits générés aujourd'hui. Nous attendons une réponse de Bercy courant février.

    A combien se monte la dette aujourd'hui?

    D.w. Nous avons commencé à combler le passif. Mais nous devons encore en être aux alentours de 600 000 euros. Peut-être le projet d'adaptation de Bonjour tristesse par Hollywood, en discussion actuellement, pourrait-il contribuer à assainir la situation. Ensuite, je m'attellerai au plus important: que l'oeuvre de ma mère soit enfin disponible en librairie...

    Propos recueillis par Jérôme Dupuis

    http://www.lire.fr/enquete.asp/idC=52061/idR=200

  • Jeanne Moreau dans le tourbillon de la vie

    Propos recueillis par Dominique Borde et Marie-Noëlle Tranchant
    31/01/2008 | Mise à jour : 18:39 |

    Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

    À l'occasion de ses soixante ans de carrière la comédienne fait l'objet d'une grande rétrospective à la Cinémathèque française.» VIDÉO INA - L'interview de Jeanne Moreau par Marguerite Duras (Marguerite Duras, un rôle magistralement interprété par Jeanne Moreau en 1981 dans «Cet Amour-là», de Josée Dayan)

    Quelle actrice! Quelle femme! Avec Jeanne Moreau tout se confond en soixante années d'une carrière de plus de cent films, de dizaines de pièces, de téléfilms, d'écrits et d'interventions. D'Ascenseur pour l'échafaud au Procès, de La Reine Margot au Journal d'une femme de chambre, des Liaisons dangereuses aux Valseuses, elle n'a pas arrêté de tourner, de parler. Non pas d'elle mais des autres, de ses rencontres, Malle, Truffaut, Losey, Welles, de son métier, de ses découvertes, du futur. Car elle est toujours tournée vers l'avenir. Aujourd'hui, alors que le festival Premiers Plans d'Angers vient de la fêter, la Cinémathèque française lui rend hommage du 6 février au 3 mars en programmant plus d'une cinquantaine de films (le 9 à 17 heures une rencontre sera organisée salle Henri-Langlois avec Serge Toubiana). Elle qui n'aime pas se retourner sur le passé a toutefois accepté de réagir à certains mots, certains noms qui ont jalonné sa vie et ses rôles.

    Enfance «J'écris beaucoup de discours sur les autres souvent à l'occasion de remises de décorations, et ce qui m'intéresse, c'est de chercher l'enfant qui est en eux. Ma nature s'est dessinée dès que j'ai commencé à écrire… à quatre ans. Mon oncle m'envoyait des lettres et j'ai vite compris que la lecture, c'est la liberté. J'avais un petit copain que je terrorisais, son père était médecin et avait une grande bibliothèque. C'est là que j'ai découvert La Faute de l'abbé Mouret de Zola à 7 ans. Et je puisais aussi dans la «Bibliothèque verte » et la collection des «Contes et légendes.»

    Temps «Je le vis comme un trésor. Cela permet d'avancer, de faire des progrès, de découvrir des tas de choses. La vie a une fin inéluctable, on a juste le temps qu'il faut pour aller à la découverte. Dans la rétrospective de la Cinémathèque, j'ai tenu à faire figurer des films de mes débuts, pour qu'on voie l'évolution.»

    Vocation «Le choc s'est produit en voyant l'Antigone d'Anouilh pendant l'Occupation. Elle incarnait l'insoumission de celle qui acceptait de mourir pour rétablir le droit divin contre Créon, la force de l'État. La vocation a une dimension presque sacrée. C'est un engagement et c'est vrai pour beaucoup de comédiens. Une vocation ce n'est pas une envie. C'est quand on sait qu'on doit faire cela et pas autre chose. C'est intraduisible avec des mots, comme la musique. C'est ce que me disait encore hier Barenboïm. Sur scène, c'est comme un orchestre, on s'écoute les uns les autres et on écoute la résonance en soi. On est traversé, on n'y est pour rien. Je me compare à un tuyau d'arrosage !»

    Star «Je ne me vis absolument pas comme une star. Je n'y ai jamais pensé et je n'ai aucun souci de mon image. J'ai débuté au cinéma avec les grandes stars de l'époque, comme Fernandel dans Meurtre, ou Gabin dans Gas Oil, et cela s'est passé très naturellement. Ils se sont montrés simples et gentils. Je me souviens de Gabin : on l'entendait venir de loin. Mon enthousiasme l'amusait. Il disait: “Il y en a une qui chante ! Elle est contente de faire du cinéma ! Ça te plaît, hein ?” Oui, ça me plaisait…»

    Louis Malle «Il y avait en lui une insatisfaction profonde, une quête désespérée, comme une cassure. Il venait d'une famille bourgeoise et essayait d'en sortir. Comme Truffaut, il avait cet amour des femmes. Tous les grands cinéastes quand ils choisissent une héroïne et aussi un héros sont dans une relation amoureuse, parce qu'ils emprisonnent une personne, la mette à leur service. Un tournage, c'est une intimité incroyable, une accélération du temps et des émotions.»

    Scandale «Les Amants, Eva, Jules et Jim ont fait scandale à l'époque et quand dans la rue, on me traitait de putain après Eva, je comprends ce qu'on voulait dire. Mais ce n'est pas mon métier de me cacher…»

    François Truffaut «Il me l'a dit après, avec Jules et Jim il voulait laisser son empreinte. J'avais une image assez dramatique, j'étais la pensive, la fatale. Là il m'a voulu joyeuse. Mais nous nous sommes brouillés quand j'ai réalisé mon premier film, Lumière. Je lui ai envoyé mon scénario et il me l'a renvoyé, complètement annoté.

    Ce n'était plus mon film mais le sien et je le lui ai renvoyé. Bien plus tard, nous nous sommes revus et il m'a dit: “Les plus grandes rivalités ne sont pas entre actrices comme je le croyais mais entre réalisateurs”.»

    Luis Bunuel «Nous avions deux projets qui n'ont pas abouti : Au-dessous du volcan et Le Moine. C'était un homme adorable… Bien après sa mort quelqu'un m'a envoyé des photos de sa maison à Mexico, entièrement vide. C'était déchirant. Là-bas il avait un bar bien rempli avec un plan du métro de Paris affiché au mur.»

    Écriture «J'aime écrire mais je n'ai pas toujours le temps nécessaire au milieu de toutes mes activités. Là je vais partir pour Berlin présenter le film d'Amos Gitaï One Day you'll Understand, et avant j'enregistre en français, en anglais, en italien, les textes qui accompagnent le musée itinérant commandé par Karl Lagerfeld. Un parcours initiatique vocal pour suivre sept cents pièces conçues par une architecte iranienne.»

    La politique «On ne peut pas la regarder de loin parce qu'elle a des conséquences directes sur notre vie quotidienne. Aujourd'hui, il y a une accumulation de décisions quelquefois contradictoires qui accroissent un sentiment d'instabilité. Les gens sont très anxieux pour leur avenir, pour la pérennité du travail. Celui-ci n'est pas seulement un moyen de gagner sa vie, c'est aussi l'accomplissement d'un individu, une façon d'exister. En province où je me rends souvent, l'inquiétude est palpable.

    Bien sûr que les choses doivent changer. Mais la familiarité ne veut pas dire la compréhension, et la compassion fugitive ne veut pas dire que l'on s'intéresse vraiment aux autres!»

    Politique spectacle «Il ne faut pas mélanger les deux. Dire que les politiciens font du cinéma, c'est dire du mal du cinéma.»

    Hommages «C'est agréable mais encombrant ! L'abondance embarrasse et arrête.»

    Jeunesse «J'ai tourné jeune avec de jeunes réalisateurs : Orson Welles qui était un roi en exil, Losey qui fuyait le maccarthysme, Tony Richardson qui incarnait la nouvelle vague anglaise. J'ai souvent fait des premiers films et j'en vois aussi beaucoup. D'où mon intérêt pour le festival Premiers Plans d'Angers consacré aux réalisateurs débutants. J'ai lancé il y a quatre ans les Ateliers d'Angers où on sélectionne des réalisateurs pour leur permettre de faire leur premier long-métrage. Cette année, il y en aura sept que nous prenons en charge pendant dix jours en les mettant en rapports avec toutes les techniques (son, décors, images, régie). J'aime éveiller leurs possibilités. Certains trouveront leur voie soit dans l'écriture, soit dans la photographie. Angers, c'est la pouponnière de Cannes.»

    Les films préférés «Je n'en ai pas. Je suis faite de tout ce que j'ai fait. Je ne porte pas de jugement. C'est au public de décider. Pour moi, toutes les expériences ont été enrichissantes. On apprend autant en tournant avec des metteurs en scène insuffisants, car même quand on est déçu on doit donner le maximum. Je suis un petit soldat!»

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  • Paris en couleurs

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    Magnum Photos ©
    Photographie Robert Capa © 2001 by Cornell Capa

    Pour célébrer les cent ans de la commercialisation de l’autochrome, premier procédé industriel de photo couleur inventé par les frères Lumières, trois cent photographies inédites de la capitale sont exposées à l’Hôtel de ville de la capitale. Un voyage dans le temps en version couleur !


    Vivant et coloré : tel est le Paris ainsi dévoilé par l’exposition Paris Couleurs ! De 1907 à nos jours, ces témoignages en couleur de la capitale immortalisent sa transformation au cours du siècle tout en révélant à chaque période, les progrès de la photographie moderne.

    Les plaques autochromes sont mises à l’honneur dans la première partie de l’exposition (1907-1930), avec notamment une cinquantaine d’images extraites des Archives de la planète, voulues par le banquier et mécène Albert Kahn. L’occasion de voir également des films courts de 1929. Les débuts de la photo couleur sur support film sont eux exposés dans la seconde partie (1930-1960) : l’on découvre ainsi des tirages originaux de Gisèle Freud, des témoignages de l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937 et des images étonnantes de la vie quotidienne des Parisiens pendant l’occupation et la libération.

    "La couleur libérée : un nouveau regard sur Paris"

    Bruno Barbey, Pierre et Gilles, Jean-Paul Goude, Sarah Moon, Martin Parr ou encore Philippe Ramette… Autant de photographes de renom qui ont porté leurs regards en couleur sur Paris, présentés dans la troisième partie de l’exposition (de la fin des années 60 à nos jours). Enfin, le magazine de mode Vogue et ses célèbres photographes tels Henry Clarke, William Klein ou encore Helmut Newton s’affichent dans une section consacrée au défilé de mode.




    "Au-delà de l’intérêt esthétique des images, les couleurs font soudain ressortir des détails incongrus, émouvants, étrangement réels. A première vue, tout nous est familier : les rues, les façades, les perspectives, les plaques de rues, les colonnes Morris, le 'gaz à tous les étages', les carrefours, les tables de bistrots même. Et pourtant tout a changé, la vie surtout : la rue, les commerces, les automobiles, les enseignes lumineuses, les publicités, le mobilier urbain, les vêtements, l’exubérance des manifestations publiques, des fêtes et des foules, les enfants dans la rue." Virginie Chardin, Commissaire de l’exposition


    Paris en couleurs, des frères Lumières à Martin Parr
    Salle Saint-Jean de l'hôtel de Ville
    du 4 décembre 2007 au 31 mars 2008
    Entrée libre et gratuite tous les jours sauf dimanches et fêtes
    de 10h à 19h.
    Catalogue disponible aux éditions du Seuil, 39€.

    Pour voir d'autres images, cf. ma source:http://www.maisonapart.com/edito/immobilier-paris-en-couleurs-985.php

  • Aux Pays-Bas, l'émission sur le don d'organes était un canular

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    lefigaro.fr (Avec AFP et AP).
     Publié le 02 juin 2007
    Actualisé le 02 juin 2007 : 08h32

    The Big Donor Show mettant en jeu un don de rein, et qui a fait scandale dans de nombreux pays, était en fait un canular destiné à alerter l'opinion sur le manque de donneurs d'organes.

    Une centaine de journalistes et des équipes de télévision du monde entier avaient fait le déplacement pour assister à la diffusion en direct du "Grand spectacle du donneur" (The Big Donor Show) sur l'antenne de la télévision publique destinée aux jeunes BNN, dans un studio d'Aalsmeer en grande banlieue nord d'Amsterdam.
    Le principe de l’émission, produite par Endemol, était simple mais très décrié : Lisa, 37 ans, malade d’un cancer en phase terminale, devait choisir parmi trois candidats celui qui recevra ses reins pour une transplantation.
    Or Lisa était une actrice. C’est ce qu’a révélé en direct le présentateur au moment où cette dernière s'apprêtait, en larmes, à désigner le malade à qui elle allait donner son rein.
    Quant aux trois candidats "receveurs", il s’agissait d'authentiques malades en attente d'un rein, qui ont accepté de jouer le jeu, a précisé l'animateur à l'issue d'une émission mise en scène comme n'importe quel autre show de télé-réalité, avec reportages sur les candidats, applaudissements et rires.
    "Nous n'allons pas donner un rein", a précisé le présentateur. Il a affirmé que l'affaire entière avait été destinée à pousser le gouvernement néerlandais à réformer la législation sur le don d'organe et à alerter l'opinion sur le besoin d'organes pour les greffes aux malades. Les trois candidats font partie du canular, mais "ce qu'ils ont raconté (au cours de l'émission) est la dure réalité" de la vie quotidienne d'un malade en attente de greffe, a-t-il souligné. 
    Un "coup fantastique"
    A l'issue de l'émission, le ministre néerlandais de la Culture Ronald Plasterk a félicité BNN pour son "coup fantastique" alors qu'il avait été très critique cette semaine. "C'est une façon intelligente" de porter la question sur la place publique, a fait savoir son porte-parole à l'agence de presse ANP. 
    Témoigant du succès de la démarche, 12.000 demandes de cartes de donneur ont été enregistrées aux Pays-Bas à partir du début de l'émission. Selon l'Association des malades rénaux aux Pays-Bas, 1.088 malades du rein sont actuellement en attente d'une greffe et l'attente est en moyenne de 4 ans.
    Pourtant, durant la semaine, le show télévisé avait suscité des controverses bien au-delà des Pays-Bas, où le ministre de la Santé Ab Klink l'avait qualifiée de "déplacée et non éthique".
    La diffusion de l'émission coïncidait avec le cinquième anniversaire du décès du fondateur de BNN, Bart de Graaff, mort après avoir attendu en vain un donneur pendant sept ans.
    "Cela fait un an que nous travaillons à ce ‘coup’, mais nous n'avions pas escompté que cela serait un tel succès", a avoué Laurens Drillich, le directeur de BNN.
    BNN n'en est pas à son premier scandale télévisuel, après avoir diffusé une série de magazines d'éducation sexuelle sans tabous, et des émissions consacrées au sexe et aux drogues. L'année dernière, BNN avait encore défrayé la chronique avec une série de reportages et rencontres avec des jeunes patients en phase terminale, intitulés "Il faudra me passer sur le corps".

    Source:http://www.lefigaro.fr/international/20070602.WWW000000007_aux_pays_bas_l_emission_dendemol_sur_le_don_d_organes_etait_un_canular.html
  • Exposition TURNER-RAVIER : « Lumières partagées » à la maison Ravier(Isère) du 3 juin au 30 septembre 2007

    235e30fed30f41f348e79308eb8485f4.jpgBord d’étang
    aquarelle, 20X26 cm
    collection Maison Ravier.

    cbf6b2cadc56a734b951ea606653ecfd.jpgSunlight over water, vers 1825-30
    aquarelle sur papier, 31.2X49.1 cm
    © Tate, Londres.

    Si Ravier n’a pas côtoyé celui qui le précède d’un demi-siècle mais dont il connaissait l’œuvre comme l’atteste sa correspondance, la rencontre de leurs œuvres est apparue évidente. Déjà du temps de Ravier, les contemporains avaient saisi l’étroite parenté avec celles du maître anglais. Certes, des méthodes de travail les différencient mais ils s’accordent sur de nombreux points ; solitaires, ils consacrent leur vie à l’étude de la lumière et rendent ses effets sur le paysage, dissolvant ses éléments en une certaine abstraction. L’étude de la lumière reste au cœur de leur recherche, elle est une nécessité absolue, vitale qui a rempli leur vie d’artiste.

    Ils ont été deux précurseurs respectueux des maîtres du passé, tels Nicolas Poussin et Le Lorrain, mais tournant leur art vers la modernité.

    LA MAISON RAVIER

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    Altière et visible dès l'entrée sud-ouest de Morestel, la Maison Ravier située au coeur de la vieille ville, a conservé intacte l'élégance des demeures de la région. Cette belle bâtisse dauphinoise du XVIIIème siècle est construite sur la plus haute des terrasses qui se succèdent en jardin jusqu'à la plaine. Depuis ce belvédère, un panorama unique s'offre au regard : les monts du Bugey et ceux de la Chartreuse, la chaîne de Belledonne et le Vercors.

    Passé l'authentique porche à porte cochère qui en affirme le caractère, la Maison Ravier convie le visiteur à découvrir l'atmosphère chaleureuse qui y règne encore.
    Le rez-de-chaussée de la maison témoigne de la vie quotidienne : la cuisine a gardé sa grande cheminée en pierre, son dallage et son potager à cinq grilles, signe de l'aisance du propriétaire ; les autres salles aujourd'hui consacrées à l'accueil des oeuvres, reflètent toujours l'intimité de ce lieu.

    On comprend dès lors comment cette demeure a pu charmer le peintre François Auguste Ravier, chef de file de l'école lyonnaise du paysage au XIXème siècle, qui choisit d'y passer les 28 dernières années de sa vie (1867-1895)...

    Pour en savoir plus, allez-voir mon site source:http://www.maisonravier.com/html/principal.html

  • Sur la piste de Corto

    par Tristan Savin
    Lire, mai 2007

    De notre envoyé spécial à Addis-Abeba et Djibouti

     Hugo Pratt a vécu son adolescence en Ethiopie, alors appelée Abyssinie. Il y envoya plus tard son héros Corto, dont les traces se mêleront à celles des écrivains qui sillonnèrent la région: Rimbaud, Henry de Monfreid et Dino Buzzati. Les éthiopiques sont le fruit de tous ces souvenirs, avec Les Scorpions du désert, série inspirée par les bourlingues du Vénitien à Djibouti. Lire est parti sur ces traces encore chaudes. Entre Nil Bleu et mer Rouge, les plateaux hantés par les nomades Danakils offrent des paysages que Pratt aimait dessiner: désert volcanique où sévissent les pirates, montagnes pelées où se cultive le qat (plante aux vertus hallucinogènes de la Corne de l'Afrique), brousse où rôdent les hyènes dès la nuit tombée... Un siècle après Corto, l'aventure est toujours au rendez-vous.

     

    La gare de Dirédaoua.
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    La voiture a pris feu. Depuis plusieurs jours, nous attendons une pièce de moteur. Le guide a disparu. Rançonnés en chemin par des Oromos, nous n'avons plus assez de birrs, la monnaie locale, pour prendre la route du retour. Scènes de la vie quotidienne. Un homme se rase dans un rétroviseur. Une gamine pousse une roue de vélo. Une mère porte sa fillette fesses nues, en menant un troupeau de chèvres. Un petit voleur pleure face à deux policiers. Un mendiant salue. Des automobilistes s'insultent. De sa baguette, un garçon dirige un défilé imaginaire de canards. Un homme crache. Une femme rit. Une jolie Amhara laisse admirer ses mollets. Il se met à pleuvoir et les chèvres s'agglutinent contre les murs peints. Ce soir, la rue appartiendra aux chats et aux chiens.

    Cortographie de l'Abyssinie
    Pour les Ethiopiens, chrétiens orthodoxes, nous sommes encore en 1999. Le calendrier amharique n'est pas grégorien, mais julien. L'horloge ne marque pas non plus les heures occidentales. Quand on croit se lever à six heures, il est en fait une heure. L'Abyssinien vit à une autre époque, mais toujours au rythme du soleil. Ironie de l'histoire, le colonisateur de la Corne de l'Afrique, Soleillet, qui fut l'ami et associé de Rimbaud, est mort d'une insolation.

    Parfait connaisseur du pays, où il vécut de 1937 à 1943, soit de dix à seize ans, et dont il parlait la langue, Hugo Pratt a su jouer dans son œuvre avec les nombreux signes que renvoie le berceau de l'humanité (les ossements de Lucy furent retrouvés ici, au nord du lac Abe), avec l'errance qu'il génère, les dates qui s'y télescopent. Il le sait, depuis Lawrence d'Arabie, une partie de l'Histoire s'y trame en coulisse... L'Abyssinie et ses ports d'accès sont au carrefour des mondes arabe et africain, chrétien et musulman, lieu géostratégique toujours aussi convoité, sur la route du canal de Suez à l'océan Indien: la Légion étrangère (qui fascina Pratt) s'entraîne encore à Djibouti, les forces américaines pilonnent Mogadiscio, Aden fournit des terroristes et les Emirats arabes influencent la politique régionale à coup de pétrodollars. Fils de militaire, devenu lui-même le plus jeune soldat de l'armée italienne à l'âge de treize ans, Hugo Pratt s'est naturellement intéressé aux campagnes africaines menées par les puissances européennes.

    Corto Maltese débarque dans la région en 1916, au moment où les Britanniques contrôlent la Somalie et le Soudan, les Turcs, le Yémen, et les Allemands, le Kenya, alors appelé Afrique orientale. Son aventure débute à Aden et se poursuit à Harar. Car le parcours de Corto suit celui d'un autre aventurier, Rimbaud. Le marin sans bateau connaît ses classiques: Henry de Monfreid emprunta la même piste, voie de tous les trafics, entre Yémen et Abyssinie. Singeant l'auteur d'Une saison en enfer, le Maltais se déguise en mahométan. Pratt ne laisse rien au hasard: les premiers mots des Ethiopiques sont ceux d'une sourate intitulée «Le soleil de la matinée». Le lecteur comprend, au fil de l'histoire, que le personnage essentiel n'est pas Corto mais un Dankali du nom de Cush. Ce guerrier nomade porte le poignard traditionnel au bras, le fusil sur les épaules à la manière des bergers et mâche en permanence un brin d'herbe - probablement du qat. Son nom s'éclaire quand on apprend que l'afar et l'issa sont des langues couchitiques. Partir sur les traces de Corto, c'est donc tout naturellement aller à la recherche de Cush, de son peuple et de ses coutumes ancestrales... Et plonger dans l'adolescence d'Hugo Pratt, qui déclarait avoir découvert l'émancipation grâce à un Abyssin nommé Brahane, domestique dans la maison familiale: «C'était un Ethiopien splendide, qui avait eu le temps de faire la guerre contre les Italiens et qui maintenant devait faire le serviteur...»

    Jean-Claude Guilbert, marié à une belle Amhara, vit à Addis-Abeba. Ce grand reporter devenu écrivain fut l'ami de bourlingue d'Hugo Pratt pendant quinze ans, jusqu'à sa mort. Ils sillonnaient ensemble la Corne de l'Afrique, traquant les Scorpions du désert et les souvenirs littéraires: «Dans la capitale, il ne reste aucun bâtiment de la période italienne, à l'exception du théâtre et d'une église. A Entotto, le quartier où vécut Hugo a été rasé, ainsi que le lycée Vittorio Emanuele III où il étudiait. Pour retrouver les lieux qu'il fréquenta, il faut se rendre à Dirédaoua et à Harar, au nord-est...» Au mur du bureau dans lequel le Français rédige un guide Corto consacré au pays, une carte localise la faune éthiopienne: panthères et lions aux confins de la Somalie, girafes aux frontières du Soudan et du Kenya, crocodiles des lacs Tana et Abaya, singes et hyènes un peu partout... «Le plus grand danger, ce sont les hommes», prévient Getaoun, le chauffeur et interprète amhara auquel Guilbert nous confie: «On ne peut jamais rouler de nuit, à cause des pillards. Ici, une vie ne vaut rien.»

    Nomades' land
    On rencontre parfois des Ethiopiens d'origine italienne. A Nazret, un garagiste du nom de Ricardo Pipinno peut vous sauver la vie en réparant une ceinture de sécurité que personne ne parvenait à débloquer. Envahi par les troupes mussoliniennes en 1935, le pays conserve des traces de l'occupation: dans la langue nationale, l'amharique, «au revoir» se dit ciao! Et la machina désigne une voiture. Quant aux lions du zoo d'Alameya, ils sont nourris avec des spaghettis.

    En arrivant à la hauteur du parc naturel d'Awash, on croise des Karayous, bergers nomades armés de fusils automatiques. «Ils les ont obtenus du gouvernement pour protéger leurs troupeaux contre les lions», explique Getaoun. On en fait parfois un autre usage, comme nous l'apprendrons bientôt à notre détriment. L'aventure commence à midi, à trois cents kilomètres de la capitale, en pleine savane. De la fumée envahit subitement la cabine de notre Toyota. Le moteur est situé... entre nos sièges. Ancien fakir, Getaoun n'a pas peur des flammes: il en a craché pendant un an dans un cirque italien. Il maîtrise l'incendie grâce aux provisions d'eau. Trois heures durant, il tente de réparer les dégâts. En vain. Nous sommes en territoire oromo. Des jeunes filles sorties de nulle part s'approchent pour assister au spectacle. Elles portent les cheveux en tresses et des bijoux de fines perles bariolées. Dans leurs yeux sombres brillent des pupilles de lynx. L'une d'elles a les dents limées en pointes. Les plus téméraires réclament de l'eau. Une bouteille vide les contente. Rien ne se perd. Sauf l'eau de notre moteur. Nous abandonnons le véhicule à la garde de trois adolescents oromos. Une voiture de passage nous rapatrie sur Awash, entassés, musique à fond, avec quatre poules dans le coffre et un revolver dans la boîte à gants. Notre sauveur est un petit trafiquant de qat. Ça rapporte plus que le café -, qui tient son nom de la province de Kaffa, dans les montagnes du Nord-Ouest. «Les Vénitiens introduisirent le café éthiopien en Europe via la ville yéménite de Moka», aimait rappeler Pratt.

    Arrivés au garage d'Awash, nous apprenons que la dépanneuse envoyée à notre secours s'est fait tirer dessus. Trois impacts en attestent, sur le rétroviseur et la carlingue, à quelques centimètres du volant. «Deux Issas», raconte le conducteur, impassible. Et modeste. C'est à Getaoun que l'on doit les détails: «Les bandits étaient embusqués dans un virage. Quand il les a vus armer leurs fusils, il a foncé sur eux pour les mettre en fuite. Ils ont tiré après son demi-tour. Le plus inquiétant, c'est qu'ils attaquent désormais en plein jour... On doit garder les yeux ouverts en permanence.»

    Tristes éthiopiques
    Après les heures passées en plein soleil, le Buffet de la gare d'Awash (en français dans le texte) est un havre de paix. Il s'agit d'une auberge historique, construite par les Français en même temps que la gare, au début du XXe siècle, sur la ligne Addis-Djibouti. Mais les attaques de trains, paraît-il fomentées par des politiciens propriétaires de camions, ont transformé les lieux en gare fantôme. «Hugo Pratt a séjourné ici il y a une quinzaine d'années», raconte madame Kiki, la propriétaire octogénaire, d'origine grecque. «Je m'en souviens car il avait insisté pour avoir la suite présidentielle, dans laquelle avait dormi l'empereur Hailé Sélassié. Il faisait des dessins de la gare.» Le lendemain, au lever du soleil, nous retrouvons notre voiture où nous l'avions laissée. Mais ses gardiens sont désormais au nombre de sept. Trois d'entre eux exhibent leurs fusils. Nous leur proposons des cigarettes. «Nous ne fumons pas», répond leur chef. Des biscuits? «Nous ne mangeons que ce que nous connaissons.» Ils réclament de l'argent. Les mécaniciens qui nous accompagnent commencent à négocier en langue oromo. Le ton monte. «Salam!» crie le plus jeune, tout en poussant notre interprète aux épaules. Il faut sortir des billets! Une fois payés - l'équivalent d'un mois de salaire moyen -, les Oromos regagnent la route, sans un mot. «Si nous n'acceptions pas, ils nous tuaient sans hésiter», assure Getaoun, avant de conclure: «Ici, avec une arme à feu, tu as le pouvoir, donc l'argent.» Pour parvenir à Dirédaoua, il faut franchir de hautes montagnes où se cultivent le café et le qat. Les villages sont composés de maisons de terre au toit de tôle ou de simples paillotes. Les femmes portent d'éclatantes tuniques vertes, rouges ou bleues. A sept heures de route de la capitale, la deuxième cité du pays fut construite en 1885 autour d'une importante gare. On doit, paraît-il, à Rimbaud l'idée du tracé de la voie ferrée, celle-ci ne pouvant pas passer par Harar à cause du relief. De style méditerranéen, la ville aux murs colorés mélange les ethnies: Amharas, Oromos, Somalis... On y circule en bajaj, sorte de tuk-tuk importé d'Inde. Diffusés par haut-parleurs, les prêches des églises orthodoxes rivalisent en volume sonore avec l'appel à la prière du muezzin.

    medium_cortousine.gif

     

    L'ancien directeur de la poste, Kabou, nous présente Alemayihu, responsable du bureau culturel et historien passionné par Henry de Monfreid, qui vécut de 1923 à 1938 à Dirédaoua: «Après avoir vendu douze tonnes de haschisch, Monfreid a investi dans la construction d'une usine électrique. C'était peut-être aussi un entrepôt d'esclaves car on a retrouvé des anneaux d'acier scellés dans les murs de la cave...» L'intellectuel éthiopien nous fait visiter l'immense bâtiment de pierre, de style colonial, aujourd'hui à l'abandon. Un obus a emporté un pan de mur lors de la guerre avec la Somalie: «Pour les habitants, la maison est hantée...» Elle l'est pour d'autres raisons: Hugo Pratt y a rencontré Henry de Monfreid, une connaissance de son père, quand il avait onze ans. Est-ce pour cela que Corto Maltese a la silhouette de l'aventurier français devenu écrivain? Il a aussi l'ironie de Rimbaud. Et la nostalgie d'Hugo Pratt. Ce dernier est involontairement retourné à Dirédaoua en 1942, quand son père fut arrêté par les Britanniques, qui venaient de libérer Addis-Abeba. L'adolescent se retrouve dans un camp de prisonniers, en compagnie de sa mère. La petite prison, construite par les Italiens, se trouve désormais dans les jardins d'un lycée. On l'a transformée en bibliothèque, pied de nez de l'histoire qui aurait plu à Hugo. Un autre hasard l'aurait amusé: selon Alemayihu, Monfreid, accusé de trafic d'armes par les Anglais, fut lui-même emprisonné ici, avant d'être envoyé au Kenya. L'historien nous apprend que l'auteur des Secrets de la mer rouge avait également un bungalow à Arowe, sur les hauteurs de Harar.

    Pour boucler cet itinéraire éthiopien, il faut donc se rendre dans la cité mythique découverte par l'explorateur Richard Burton, traducteur des Mille et une nuits. A deux heures de route de Dirédaoua, Harar est une ville fortifiée dans laquelle on pénètre en empruntant une porte. Les étroites rues de terre aux murs de pierre plongent le voyageur dans une atmosphère médiévale, proche de la cour des miracles. Etape obligatoire, la «Maison de Rimbaud» est un palais de bois construit par un négociant indien à l'emplacement où vivait le poète, mais dans une cahute de terre et de branchages. En contrebas de la ville, nous visitons le cimetière européen, à la recherche de la tombe de Rolando Pratt, sur l'emplacement de laquelle des doutes subsistent. Le père d'Hugo décéda d'un cancer du foie en 1942, sur la route de Dirédaoua à Harar. Sur ce même trajet, Rimbaud tomba de cheval, accident à l'origine de son amputation, puis de sa mort. Le gardien du cimetière, Leonis, travaille ici depuis quarante-trois ans: «Il reste une seule tombe de soldat italien», affirme-t-il, en désignant un monticule de terre et de cailloux surmonté d'une croix, sans nom ni plaque. «Rolando ne peut être qu'ici. Les autres dépouilles ont été rapatriées par les autorités italiennes en 1974.» Hugo Pratt avait tenu à ce que son père continue de reposer à Harar et prétendait avoir retrouvé sa sépulture dans le cimetière musulman de la ville. Mais ses héritiers n'ont jamais réussi à la localiser. A-t-il brouillé les pistes ou le gardien se trompe-t-il? Il faudrait exhumer la bouteille de verre dans laquelle doivent figurer un matricule et une date. «Chaque pierre d'Ethiopie cache un mystère», disait Pratt.

    Sur la route des Scorpions
    Pour mieux comprendre la mythologie personnelle d'Hugo Pratt, poursuivons le voyage à Djibouti. Son ancien nom, «Territoire des Afars et des Issas», correspondait plus à la réalité: les uns viennent d'Ethiopie, les autres de Somalie. «C'est à Djibouti que l'on rencontre le plus de Danakils (pluriel de Dankali), ancien nom des Afars, qui proviennent d'une région à la frontière de l'Ethiopie et de l'Erythrée», explique Jean-Claude Guilbert.

    Les paysages volcaniques djiboutiens annoncent le «désert des déserts» de la péninsule arabique. On y mange yéménite et la présence française évoque l'Algérie saharienne. Mais la plaque de la place Rimbaud a disparu après l'indépendance... Une route rongée par le sel des caravanes mène de la capitale au lac Assal, point le plus bas d'Afrique (153 mètres en dessous du niveau de la mer). «Avant la guerre de 1991, cinq cents caravaniers partaient chaque jour d'ici, pour gagner la frontière éthiopienne, à trois jours de chameau», raconte Houmed, un guide afar. Henry de Monfreid empruntait régulièrement cette piste, ses cargaisons d'armes cachées sous du sel. Joseph Kessel et Albert Londres, qui enquêtaient sur les trafiquants d'esclaves, se sont rendus ici. Hugo Pratt a accompli le pèlerinage en compagnie de son ami Guilbert, quelques années avant de disparaître. Plus à l'est, le petit port de Tadjoura, longtemps relié à Zanzibar et à Aden, conserve le souvenir de Rimbaud: une association financée par Jean-François Deniau a reconstruit la maison du poète, qui y attendit un an le roi Ménélik, auquel il destinait des fusils. A l'entrée de la ville, une auberge a pris le nom de Corto Maltese. Ahmed Ali, l'un des propriétaires, en a eu l'idée après avoir rencontré Hugo Pratt: «Il a séjourné ici en 1991. Il aimait sortir en mer sur un boutre et faisait beaucoup de dessins. Il nous a marqués car il parlait plusieurs langues: français, anglais, arabe, amharique. Il connaissait même des mots d'afar! Pour me remercier de l'avoir aidé à se rendre à Obock (ville où résida Monfreid, plus au nord le long de la côte, NDLR), il m'a offert un album des Scorpions du désert...»

    Rendus célèbres par la série de Pratt, les Scorpions du désert, ces commandos militaires, surveillaient les frontières il y a encore quelques années, avant d'être remplacés par les Forces d'assaut djiboutiennes. Le guide afar nous emmène à leur rencontre, bien que les postes frontières soient interdits d'accès. En route, Humed détaille quelques coutumes des nomades afars, donc danakils: «On lime encore les dents des enfants avec une pierre. A quinze ans, on apprend à égorger un dromadaire. Mais sa viande est réservée aux hommes.» Après la traversée en 4 x 4 du désert du Grand Bara, où s'entraîne la Légion étrangère, voici le poste d'Assamo, qui surveille la frontière éthiopienne. Construit par les Français dans les années 1950, au sommet d'une colline, il correspond précisément au fort Bastiani décrit par Dino Buzzati dans Le désert des Tartares. Assamo a peut-être inspiré le grand écrivain italien, qui fut correspondant de presse à Djibouti. A moins que ce ne soit le poste de Guistir, à trois heures de route d'ici, dans un paysage de basalte. Sa situation, aux trois frontières (il faut y ajouter celle avec la Somalie), fascinait Hugo Pratt. Nous parvenons à photographier le fort discrètement, surveillés par une sentinelle du haut de la tour. Mais, une heure plus tard, nous voici arrêtés par un caporal des Forces d'assaut. Il nous conduit au poste d'Ali Adé pour un interrogatoire. Notre chauffeur plaidera pendant deux heures la cause du touriste perdu dans le désert. Sur la route du retour, au moment où le soleil se couche, on peut enfin apercevoir l'image que l'on venait chercher: la silhouette gracile d'un Dankali, un bâton de berger négligemment posé derrière la nuque et maintenu dans le creux des coudes. Exactement dans l'attitude de Cush.


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  • Expo vue cet après-midi à la galerie Venise Cadre (Casablanca-Maroc, jusqu'au 14 mai 2007):Abdelaziz Charkaoui

    medium_20070430-b-exposition.jpgLe réalisme lyrique de Charkaoui 
      Publié le : 29.04.2007 | 15h06

    Un univers à mi-chemin entre le réel et l'onirique
    Cela se passe dans la campagne du nord marocain, sur le bord d'un ruisseau, à l'entrée d'une forêt luxurieuse, sous l'ombre d'un arbre ou sur un roc solitaire d'un Rif fier. Les toiles de Abdelaziz Charkaoui racontent un univers à la fois réaliste et lyrique habité par des personnages ordinaires de la vie quotidienne.


    Une belle combinaison que les amateurs du figuratif auront l'occasion de découvrir jusqu'au 14 mai à la galerie casablancaise Venise cadre. Ame profondément attachée à ses racines et pinceau bien sensible, Charkaoui ne se contente pas de reproduire la réalité dans son œuvre.

    Au contraire, ses toiles à la charge poétique bien prononcée transforment le réel, l'exaltent sans toutefois le "dénaturer". Moyennant une palette aux couleurs franches, une mise en scène à l'esthétique évidente, le peintre dépouille ses tableaux en laissant plus d'espace à l'émotion, à cette vision affectée des choses et des êtres.

    La nature, omniprésente, est un personnage à part entière. Elle se livre à un jeu de cache-cache bien orchestré sous la direction du peintre romantique. Entre pénombre et lumière, mère nature donne l'impression d'émerger, d'osciller selon les humeurs du peintre qui maîtrise à la perfection ses clairs-obscurs bien significatifs.

    Dans la plupart de ses toiles, Charkaoui livre une vision à mi-chemin entre le réel et l'onirique. Les fonds noirs, fétiches au cœur du peintre, accentuent cet effet et confèrent aux tableaux une touche mystérieuse et mystique à la fois. Quels secrets, Charkaoui essaie-t-il de cacher derrière ces voiles noirs ? Discrétion assumée ou simple pudeur ? En tout cas, ses personnages, surtout les femmes, se présentent rarement de face. Peintes de dos, on ne fait qu'entrevoir leurs visages.

    Tout le sens, toute la charge émotionnelle des toiles se transmettent par la mise en scène au décor réduit et par les titres significatifs. "Côté opposés", "La réconciliation", "Les aveux", "La fautive", "Chemin obscur", "Isolées", "La confidente"… les femmes de Charkaoui avec leur accoutrement typique du nord et leurs tenues traditionnelles en rouge et blanc sont "humaines", bien vivantes et surtout réelles.

    Ce sont les habitantes du Rif qui partagent avec nous, le temps d'une toile, leur quotidien, leur vécu, leur vie simple… cette même vie qui n'a jamais cessé de fasciner le peintre et d'influencer son œuvre malgré le temps et l'éloignement. Car le pinceau de Charkaoui ne se lasse pas de "rapporter" cet univers particulier devenu, au fil des tableaux et des expositions, une identité, un style, une signature reconnaissable entre mille.

    Le geste précis, l'esprit vif et le sens esthétique aigu, Charkaoui a un œil quasi-photographique. Son plus ? C'est l'émotion qui se dégage de la touche raffinée et lyrique de cet artiste prônant un réalisme "personnalisé" et moins "froid". C'est là où excelle l'artiste, où il vainc la grande précision de l'appareil photo et son implacable objectif.

    C'est cette sorte d'impertinence assumée qui ouvre le travail figuratif de Charkaoui sur d'autres possibilités et à d'autres interprétations. L'art n'est-il pas subjectif ? Abdelaziz Charkaoui le confirme par sa dernière exposition. Si vous en doutez encore, allez-y la découvrir… c'est tout un univers à explorer.

    _______________________

    L'artiste en bref

    Né en 1963 à Larache, Abdelaziz Charkaoui est un lauréat de l'école des beaux-arts de Tétouan. Son style, il l'a personnalisé à coup d'expériences et d'expositions. Ces toiles sans figuratives avec une grande précision du geste et une évidente perfection du dessin.

    Le nord du Maroc, ses paysages et ses personnages sont les thèmes de prédilection de l'artiste. Ses travaux sont une combinaison bien réussie entre les scènes quotidiennes ordinaires et le lyrisme de l'"âme marocaine" qu'est Abdelaziz Charkaoui.

    Il expose depuis 1986 à Casablanca, Paris et Madrid. Il vit et travaille entre Paris et sa ville natale, Tétouan. Ses œuvres figurent parmi les collections du Palais Royal, de la Société générale marocaine des banques, d'Attijari Wafabank et de Comanav.


    Hayat Kamal Idrissi | LE MATIN

    http://www.lematin.ma/Journal/Article.asp?idr=artcu&idsr=expos&id=72175

  • Expo vue cet après-midi:Ahmed Krifla au Carrefour des Arts jusqu'au 31 mai 2007 (Casablanca-Maroc)

    medium_krifla.jpgAttaché à la vie quotidienne des Marocains, il
    n’hésite pas à aborder des thèmes particuliers comme le travail, les villes, ainsi que d’autres sujets plus colorés
    tel que les animaux et les bergers.
    Krifla ne peut être considéré uniquement comme un artiste naïf, sa technique de peinture étant plus élaborée,
    néanmoins sa vision colorée et certains thèmes s’en rapprochent.
    Il est l’un des artistes marocains les plus appréciés, autant par les amateurs que par ses pairs qui le voient
    comme le « Douanier Rousseau » de la peinture marocaine.

    http://www.cmooa.com/catalogues/2007-04-14.pdf

     

    image: http://belmadani.elmadani.free.fr/krifla/krifla.html

    Ce tableau ne donne pas une idée très juste de ce que j'ai vu à la galerie ou dans ce que j'ai dans mon petit catalogue... 

  • Un peintre à (re) découvrir:Jacques Stella

    medium_stella.jpgJacques Stella s'affranchit de Poussin

    ANNE-MARIE ROMERO.
     Publié le 05 avril 2007
    Actualisé le 05 avril 2007 : 10h21

    Au Musée des Augustins de Toulouse, une rétrospective de Jacques Stella, peintre de Richelieu, longtemps éclipsé par Poussin, auquel on avait attribué certaines de ses toiles.

    BIEN S€R, il s'agit de peinture du XVIIsiècle, classique, hyperclassique même, qui rebute certains, un style surnommé l'« atticisme parisien » des Lesueur, La Hyre et Poussin, ces artistes qui « aimaient faire lisse, des couleurs claires, juxtaposées avec une audace raffinée, parfois avec une pointe de préciosité, un modelé savant », selon la définition de Pierre Rosenberg. Jacques Stella, (1596-1657) en est l'illustration typique, et pourtant il est bien plus que cela. Miniaturiste, dessinateur spontané de scènes de la vie quotidienne, graveur hors pair, peintre sur pierre, marbre, sur cuivre et, surtout, artiste humain, modeste, sensible, qui a aimé égayer les plus académiques de ses constructions picturales de quelques détails familiaux, intimes et touchants.
    Ce sont plus de 150 de ses oeuvres, peintes ou dessinées, que présente le Musée des Augustins de Toulouse - propriétaire d'une pièce magistrale de l'artiste, Le Mariage de la Vierge -, enrichissant ainsi l'exposition que les Lyonnais avaient pu admirer précédemment.
    Stella, lyonnais d'origine ­flamande, d'une dynastie de peintres, fait le « voyage en Italie », s'arrête à Florence puis part pour Rome où il sera le protégé de la famille Barberini. De ce séjour, il rapportera des miniatures inspirées de Jacques Callot et de ­ravissants dessins de petites gens croquées sur le vif, aux antipodes de la peinture officielle qui lui sera commandée par Richelieu. Fasciné par les défis techniques, il peint aussi sur « pietra dura », notamment un très beau Songe de Jacob utilisant les veines de l'onyx pour placer ses personnages.

     
    Peintre d'Église

     
    Car lorsque Stella rentre en France, décidé à se rendre à la cour d'Espagne, le cardinal premier ministre le retient. Il souhaite contrebalancer le baroque espagnol avec une autre manière d'illustrer la Contre-Réforme : une réutilisation de l'Antiquité « marquée du sceau de la rigueur intellectuelle, écrit Sylvain Laveissière, commissaire de l'exposition, au service d'une religion réconciliée avec la raison ».
    Stella devient alors presque exclusivement un peintre d'Église et travaille sur des commandes de grands et moyens formats : L'Assomption de la Vierge, L'Adoration des Anges (Stella en peint sur tous ses tableaux), Sémiramis appelée au combat. Autant de scènes convenues, avec des visages portant des masques anonymes sur lesquels il pose les affects de circonstance. Ses décors architecturaux antiques sont figés, ses couleurs froides, notamment son rose caractéristique, tirant sur le mauve, ses bleus, qu'il affectionne, éclatants mais glacés. La lumière vient de face, sans nuance. À cet égard, Clélie passant le Tibre, un épisode de l'histoire de Rome et des Étrusques, peut être considéré comme un chef-d'oeuvre du genre. Huit jeunes filles, idéalisations de la femme, d'une esthétique aussi parfaite que la composition est artificielle, baignent dans une lumière blanche et froide.
    Pourtant, dès qu'il le peut, il introduit un élément insolite, touchant. Dans David et Bethsabée, une de ses plus belles oeuvres, un petit chien, une table chargée de mets, un costume orientalisant insufflent la fantaisie. Il trouve aussi des accents inattendus de tendresse dans La Vierge donnant la bouillie à Jésus enfant et dans toute sa série sur la sainte Famille, où Joseph, rassurant et puissant, dans la force de l'âge, prend une importance inusitée.
    Mais son amitié - « funeste » - pour Poussin lui a nui. Lorsque sa nièce, Claudine Bouzonet-Stella, fera graver ses derniers dessins, le graveur signera Nicolas Poussin. Et il faudra attendre le XXe siècle pour que nombre de ses oeuvres, injustement attribuées, soient restituées à cet artiste qui méritait d'être classé parmi les plus grands.
    « Jacques Stella, peintre de Richelieu », Musée des Augustins, Toulouse, jusqu'au 17 juin. Tél. : 05 61 22 21 82.

     
    © Le Monde.fr
    image:www.lyonweb.net
  • Rembrandt et la Nouvelle Jérusalem

    medium_rembrandt.3.jpgUn art humaniste

    JEAN-LOUIS PINTE (mercredi 11 avril 2007)
     

    Rembrandt face à ses contemporains et à un événement culturel et religieux d’une importance considérable : l’installation au XVIIe siècle à Amsterdam d’une communauté juive, immigrants venant de la péninsule Ibérique et d’Europe centrale. Il se fonde alors une Nouvelle Jérusalem où juifs et chrétiens tissent des liens à travers une organisation communautaire. Cette période qui va jusqu’à l’inauguration de la grande synagogue d’Amsterdam correspond à la vie de Rembrandt. L’artiste est là qui observe cette société, le milieu artistique et intellectuel juif. Il capte aussi bien les personnages que des scènes d’histoire. De plus, entretenant des rapports privilégiés avec la communauté séfarade d’Amsterdam, il procède à travers son art à une lecture pertinente des Écritures. C’est à travers quelque 190 pièces, des manuscrits aux gravures en passant par les tableaux et les objets d’art que l’on découvre un des événements majeurs de ce que l’on a appelé le « Siècle d’or ».

    CRITIQUE. 

     Il s’agit d’une exposition où l’art est au service de la pédagogie et de l’histoire. Rembrandt et ses contemporains sont là pour témoigner, expliquer leur époque à travers les événements qu’ils vivent. Ils observent le fait d’être juif à Amsterdam à travers la vie quotidienne et les lieux et cette manière de « réinventer le judaïsme ». Les tableaux de Job Berckheyde, les gravures de Romeyn de Hooghe en assurent la véracité. Rembrandt, lui, illustre les Évangiles, peint des portraits dont les personnages appartiennent réellement au monde juif avec ce sens éblouissant de l’éclairage qui laisse deviner le caractère profond du personnage. Et c’est avec une véritable passion que l’on suit cette histoire de la Nouvelle Jérusalem. Rembrandt et les artistes de l’époque nous donnent une véritable leçon d’humanisme.

    Musée d’art et d’histoire du judaïsme : 71, rue du Temple (IIIe). Tél. : 01 53 01 86 60 Horaires : du lun. au ven. de 11 h à 18 h, dim de 10 h à 18 h, noc dim. jusqu’à 19 h Jusqu’au : 1er juillet Catalogue : Coédition Musée d’art et d’histoire du Judaïsme/Panama musées, 49 €

    http://www.figaroscope.fr/arts/2007041000023833.html