Les mécènes ne viennent pas à nous, nous irons à eux: voici le simple raisonnement tenu par Jean-François Hébert, président du Château de Fontainebleau, avant de lancer son opération «des mécènes pour Fontainebleau». Il y a trois jours, le mobilier du boudoir turc de l'impératrice Joséphine, stocké dans les réserves du château depuis des décennies, a été transporté en plein cœur de Paris, dans la galerie Aveline. La petite pièce y a été fidèlement reconstituée, avec ses décors peints. Jusqu'au 29 septembre, et tandis que la Biennale des antiquaires battra son plein, le public pourra venir contempler le boudoir. Originellement, il est situé au-dessus du boudoir argenté de Marie-Antoinette, une des curiosités du château de Fontainebleau.
Jean-François Hébert espère susciter des vocations de mécènes parmi les visiteurs. Lit, fauteuils et bergère, commandés par Joséphine à l'ébéniste en vogue Jacob-Desmalter, font aujourd'hui grise mine, avec leurs soieries brûlées par le temps. On ne retrouve pas trace des couleurs blanche et corail qui les paraient, et le motif oriental se devine à peine. Mais si des entreprises ou des particuliers jouent le jeu, le tout sera restauré.
Travailler à l'ancienne
Tassinari, un des derniers soyeux lyonnais sachant travailler à l'ancienne, retissera le tissu de velours de soie à la main, et les décors de la petite pièce imaginés par les frères Rousseau seront refaits. «Nous souhaiterions rouvrir le boudoir au premier semestre 2013», explique Xavier Salmon, conservateur du Château. Il faut pour cela recueillir 270.000 euros, sachant que 230.000 ont déjà été récoltés.
Pour la direction, cette exposition parisienne a aussi valeur de test. Fontainebleau souffre de son éloignement, les tour-opérateurs préférant emmener les touristes à Versailles. «La tendance est difficile à inverser, admet Jean-François Hébert, mais une opération comme celle-ci permettra à la fois de mesurer et d'accroître notre notoriété».
Galerie Aveline, 94, Fbg Saint-Honoré, Paris VIIIe. Tél.: 01 42 66 60 29.