Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Baudelaire et les femmes 4. Le corps-paysage de Jeanne Duval
« Le paysage dans les œuvres poétiques de Baudelaire et Nerval »
(en vente sur TBE:http://www.thebookedition.com/laura-vanel-coytte-des-paysages-de-baudelaire-et-nerval-p-8154.html)
Dans la 1 ère partie consacrée à la poétique du paysage,
La symbolisation du paysage
La sexualisation du paysage dans « Les Fleurs du Mal »
Le corps tout entier.
Pour métamorphoser le corps féminin en paysage, Baudelaire utilise d'abord la synesthésie(sur ce mot, cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Synesth%C3%A9sie).
Ainsi, dans Parfum exotique, la correspondance s'établit entre l'odorat et la vision pour composer à partir du corps de Jeanne Duval un paysage marin paradisiaque :
Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ; (v.1-4)
Dans Le Balcon, après une invocation à la femme aimée, les analogies s'enchaînent les unes aux autres et suggèrent un paysage enveloppé de tièdes désirs :
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
Que l'espace est profond ! Que le cœur est puissant !
En me penchant vers toi, reine des adorées,
Je croyais respirer le parfum de ton sang.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées ! (v.11-15)
Ce poème respire l'harmonie, non seulement dans le paysage, mais aussi entre l'homme et la femme. Cependant, on sait que les amours du poète ont rarement été heureux. En idéalisant la femme, il prend une revanche imaginaire sur elle. Dans Le Beau Navire, « Baudelaire épèle le monde grâce au corps de Jeanne (Duval ; citation de Michel Deguy, « Le corps de Jeanne » in « Poétique numéro 3,1970, p.335) » :
Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large,
Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large,
Chargé de toile, et va roulant
Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent.
Ta gorge triomphante est une belle armoire
Tes nobles jambes sous les volants qu'elles chassent
Tourmentent les désirs obscurs et les agacent,
Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,
Ta tête se pavane avec d'étranges grâces ;
D'un air placide et triomphant
Tu passes ton chemin, majestueuse enfant. (v.5-8, 18,29-30 et 37-40)
Source de l’image : http://baudelaire.litteratura.com/?rub=vie&srub=per&id=5 (et une bio de Jeanne Duval)